Quand la page se tourne, que le rêve devient réalité, notre vision du monde change... Il est une heure du matin en cette nuit du 18 juin et pour moi, impossible de dormir ! Je regarde par la fenêtre et je suis là, rêveuse, au creux de mon lit à me poser beaucoup de questions. Trois heures... Je me remémore les différents épisodes de ma petite vie. A cinq heure trente du matin, je viens de passer la nuit la plus longue de toute ma vie, les premiers rayons du soleil transpercent le ciel... Oui, ce sera une journée belle et bien ensoleillée. Jamais je ne me suis réveillée aussi vite, le stress est là, impossible de parler, je m’agite, je tourne, pour être enfin, prête, à partir.
Sur la route, je regarde le ciel si beau comme s’il me tendait les bras, oui mais, aujourd’hui, ce sera différent. C’est "ma journée", l’histoire de ma vie résumée en quelques heures si précieuses à mes yeux.
J’arrive à l’aéroport, une belle silhouette se trouve blottie dans son hangar, les formes douces d’un Écureuil, je contemple sa silhouette, l’admire, les yeux brillants en évoquant mille souvenirs. Il ne demande qu’à partir, aujourd’hui, c’est avec moi qu’il partira. Je le regarde d’un regard différent de celui des autres jours, ce petit Écureuil, jamais il ne m’a paru aussi beau. La joie m’envahit et j’ai des trémolos dans la voix. Il est l’heure, il faut sortir le bel oiseau de son refuge.
Comment y croire, chaque seconde me parait irréelle, pourtant, je suis bien en train de vivre cet instant. Il est dehors, sous un soleil de plomb comme s’il disait "Hé bien ! qu’est-ce que tu attends ?" Je suis là, face à lui, émue, les larmes dans les yeux, en lui tapotant gentiment son doux petit nez comme lorsque j’étais toute jeune. Je le découvre comme si je le voyais pour la première fois, tout comme lors de notre première rencontre, cet hélico, au métal entourant son âme, paré de sa belle couleur bleue et de ses bandes blanches. J’ai beau regarder, cette immatriculation ne m’est pas inconnue... Comment est-ce possible ? Il me faut du temps pour comprendre ce qui se passe réellement. Un dernier regard vers le ciel, puis vers le terrain où des hommes s’approchent pour réveiller mon oiseau de métal préféré, mon ange gardien. C’est toute mon enfance sur laquelle sont écrites les jolies lettres que j’aime tant : JCB*.
Il est l’heure, tout le monde embarque et puis... c’est à moi. Comment le croire ? Comment le vivre ? Ces paroles attendues depuis si longtemps, je m’installe, tremblante d’émotions diverses, je le contemple d’un regard émerveillé, je n’y crois pas et pourtant... La main sur le démarreur, le pilote qui, de plus, est mon idole, réveille mon ange gardien... La T4** s’emballe, il sort de son hibernation pour le bonheur d’une "fillette" de vingt ans !, qui a rêvé de cet instant et depuis tant d’années. Ça y est ! Nous sommes prêts à partir, je rêve, je suis submergée par diverses émotions, puis c’est la mise en stationnaire. Manche en avant, prise^progressive de vitesse, et enfin "l’accrochage". Nous montons sagement, je ne sais plus où je suis, je n’y comprends plus rien, comment cela peut-il être possible ?
Nous partons vers la montagne pour un vol inoubliable qui durera deux heures. Chaque seconde pour moi est importante, passer du temps à bord de celui qui m’a donné le virus de l’aéronautique, par lequel j’ai appris tant de choses, impossible pour moi de redescendre... On pourrait penser que ça s’arrête là, mais non, le vol est fabuleux ! Il y aurait tant à dire, mais, si je détaillais, ce serait long...! Je ne gâcherai pas ce plaisir tout simplement parce que, tout ce que j’ai vécu est indescriptible, et je ne pourrai jamais retranscrire par des mots ce que j’ai pu vivre et ressentir... De plus, sachant que ce ne fut pas le seul vol de la journée avec mon "bébé bleu", le soir il y en eut une autre d’une heure. Mais, si je "m’emballais" et racontais tous les détails, personne ne pourrait le lire jusqu’au bout. Voilà qu’aujourd’hui, celle qui ne pensait jamais vivre un jour son rêve de gosse, vient de réaliser qu’au final tout est possible et surtout vient de réaliser... son plus grand rêve. Pour trois heures de bonheur, tant de moments passés à chercher à l’atteindre pour le cajoler, passer des heures à le laver et du temps à son bord mais clouée au sol, à me demander si j’y arriverais... et de le voir partir, chaque fois, sans moi...
Sous-estimée, à entendre : "Tu n’y arriveras pas !", je remercie ces personnes, oiseaux de mauvais augure. Merci, messieurs, à cause de vos propos défaitistes destinés à me "couper les ailes", j’ai appris à ne jamais baisser les bras afin de vous prouver le contraire. Je me rappelle de cette petite gamine de trois ans, sur la plage des Corsaires, qui avait fait sa première rencontre avec l’ange bleu et qui, depuis ce jour-là voulait "devenir pilote d’hélicoptère".
Aujourd’hui, je regarde JCB d’un autre œil, fière, heureuse et les yeux remplis de bonheur pour de longues années. Hier soir, je l’ai quitté, il était une heure du matin, je lui ai tapoté le nez et je lui ai dit, dans un souffle : "Merci", avant de fondre en larmes et de réaliser ce qui venait de se passer. Cet après-midi, je l’admire en train de s’envoler, les larmes aux yeux et du baume au cœur... le sourire aux lèvres et remplie de fierté.
Alors voilà, c’est l’histoire d’une fille et de son hélico bleu nommé JCB. Cette histoire est belle mais surtout très longue. Cette histoire aujourd’hui, c’est la nôtre... et je peux vous dire qu’elle est remplie de magie. Pars tranquille mon JCB, aujourd’hui, nous avons fait tout ce que nous avions à faire et maintenant je suis fière d’annoncer, enfin, que nous nous sommes envolés ensemble.
Je m’arrêterais là, car comme il est écrit plus haut, si je commençais à développer, j’aurais besoin d’un livre fait de papier fin et d’une belle plume pour vous dire tout ce que j’ai dans le cœur, mais je ne pourrais jamais vous faire vivre tout ce que j’ai éprouvé car rien ne serait transmissible comme je l’ai ressenti. Quant à tout ce que je vivrai encore, je me ferai une joie de vous le raconter. Une chose est sûre, le paradis existe bien... il y vole des oiseaux bleus !
Merci à vous, mes bleus, à toi Fred, à Monsieur Duclos, sans qui rien n’aurait été possible et Toitoine si tu me lis, merci à toi mon "p’tit poulet" ; la liste est trop longue donc pardon à ceux que j’ai oubliés, je vous porte dans mon cœur bleu à jamais.
* JCB : AS 350B F-MJCB de la Gendarmerie. Cet hélicoptère tient une place très particulièrement dans le cœur de Chouchi
** T4 : classe de température
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29 juin 2012, 12:57, par Elisa
C’est comme si vous aviez lu dans mon esprit ! Vous semblez en savoir tant sur ce sujet, vous devriez écrire un livre ou autre chose du même genre.