Vol de nuit

Publication : 23/07/2007 Auteur(s) : Chouchi

Retour à la réalité... "enfin" rentrée de mon séjour au vénérable camp de Caylus... Un week-end chargé, un samedi passé à bord d’un Pilatus PC-6, et un dimanche au 5e RHC* avant le grand départ pour Caylus. Je sais déjà, au moment même où, au petit matin j’ouvre les yeux, que cette journée sera exceptionnelle et extraordinaire. Oui, en cette journée ensoleillée du 18 février, direction le 5e RHC pour le rassemblement de la Section 1. Perception de l’armement, revue des paquetages, et rafraîchissement sur les conditions d’embarquement et de débarquement d’un Puma qui trône sur la base non loin d’une Gazelle, d’une Alouette III et d’une Alouette II comme pots de fleurs. La journée passe lentement, notre départ est estimé à 19h30.

19h, le ciel tremble, l’odeur de kérosène entoure le 5e RHC... Les Pum’s reviennent de leur première rotation, je ferai partie de la deuxième. Arrivée dans l’antre de l’EHM**, je me retrouve face à deux mastodontes dans lesquels je n’avais pas mis les pieds depuis mon baptême Puma de juillet.
Face à moi, BRF, kaki de son espèce et BRE, le deuxième petit sablé du 5e RHC (le seul avec BRL). Toujours plus impressionnant quand on sait que ce vol va se dérouler dans des conditions assez sympathiques et magiques. Présentation de la bête, mon étalon sera donc aujourd’hui , le BRF avec, comme allier BRE qui veillera à nos côtés. Embarquement imminent pour un vol de nuit sous JVN***, toujours avec la même émotion et la même magie, ce joli Pum’s revêtu d’une magnifique robe verte et marron qui me permettra de rêver pendant plusieurs jours... Ceinture attachée, tout le monde est à bord, l’opérateur de bord ferme les portes, la mise en route des deux Pum’s s’effectue, les deux oiseaux s’emballent, l’odeur de JET se propage. Il fait sombre dans les deux hélicos, le cockpit est verdoyant, les Pum’s se font discrets pour ce vol sous JVN pour un vol en très basse altitude et patrouille serrée.
Les Pum’s commencent à entamer leur roulage, BRE est positionné devant nous, alignement sur les deux H le temps qu’un Airbus décolle. Il est temps d’aller rejoindre les étoiles et d’aller aider la nuit à se coucher, décollage en piste 31 puis survol de la ville de Pau illuminée de mille feux. Direction Caylus, l’ambiance est au plus calme mais je ne cesse de gigoter à bord de ce rêve qui me noue les tripes de bonheur mais aussi, comme toujours, des larmes ayant une signification bien précise.

Nous volons bas, très bas, les lumières défilent et puis BRE vient se positionner sur notre droite pour ne plus nous quitter durant le trajet, il est à seulement quelques mètres et donne l’impression qu’en sortant la main dehors, on aurait tendance à pouvoir le toucher, je l’avoue, c’est bien la première fois de ma vie que je voyais un hélico de si près en vol , ce qui donne, ce côté sensationnel.
Vol de nuit, basse altitude, en patrouille serrée et sous JVN... Que demander de plus ? Un atterrissage d’assaut peut-être ?

Après 45 minutes de vol à bord de BRF et aux côtés de BRE, nous arrivons au dessus du camp de Caylus pour une finale sur le stade situé à côté du parcours d’obstacles. Les lumières se font de plus en plus rares, mais des petits lampes nous indiquent la direction à suivre pour rejoindre l’aire sur laquelle se poser, totalement dans l’ombre. Plus qu’à quelques mètres du sol, les deux Pum’s entrent en contact avec la terre simultanément, et se posent comme des fleurs, au point de se demander si nous sommes vraiment au sol. Mais les portes s’ouvrent, ce qui confirme la règle, il est temps de débarquer de BRF. Et je me retrouve face aux deux Puma qui font hurler leur milliers de chevaux... Je pars me positionner en ligne avec la section à cinq mètres devant les deux Pumas pour tenir la zone, Famas**** à la main, sac dans le dos, accroupie avant de continuer notre avancée.

Les deux Puma s’arrachent du sol juste sous nos yeux et face à nous en nous frisant les moustaches pour rejoindre Pau... Il est temps de continuer la progression et d’aller couvrir la zone d’atterrissage pour la dernière rotation qui arrivera deux heures plus tard et qui m’aura permis de rêvasser durant toute une nuit, remplie de Puma, de mission de surveillance pour couvrir la zone d’atterrissage avec notre Famas et notre musette. Parce que même si, pour beaucoup, cela reste un simple moyen de transport, pour moi, cela représente bien plus qu’un rêve mais toute une vie.
Ma joie en montant dans un Puma est toujours différente, surtout quand on fait partie de la mission...

Le rêve prend forme petit à petit, ils s’appellent BRL, BRK, BRF et BRE, quatre Puma qui me font rêver et qui m’ont fait découvrir ce monde fabuleux qu’est celui dans lequel il est possible de voler avec ses destriers, que ce soit à leur bord ou en patrouille... Et puis, qui sait ? Peut-être qu’un jour, je rejoindrai la place droite d’un de ces gros ours...

En attendant, mon prochain vol s’effectuera dans dix jours pour un très gros vol en patrouille, Puma et Gazelle réunis... Et une mission RESEVAC (mission d’évacuation de ressortissants) avec les Pum’s...

Alors sur ces quelques lignes, je vais aller fermer l’œil et revivre tous ces moments intenses que, finalement, aucun mot ne peut décrire..."Fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité" et le parcours est encore long d’ici-là.

* RHC : Régiment d’Hélicoptères de Combat
** E.H.M. : Escadrille d’Hélicoptères de Manœuvres
*** JVN : jumelles de vision nocturne (ou NVG Night Vision Goggles), sont des instruments optiques permettant de voir dans l’obscurité.
**** Famas : Fusil d’Assaut de la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne

Messages

  • J’ai lu avec beaucoup de plaisir cet article concernant ce vol de nuit de 2007 dans l’ALAT. J’imagine même que cet enthousiasme qui guide la main de Natacha a peut-être changé à l’aune de ses missions en Legacy 600 (?).
    Mais ce plaisir du vol de nuit je le partage d’autant que j’ai pratiqué au sein de l’ALAT dans ma jeunesse des missions de nuit dont certaines me laissent d’aussi bons souvenirs que celui que nous donne à lire Natacha. Pilote, instructeur, chef de patrouille, sous plusieurs qualités, je retrouve des sensations oubliées depuis bien longtemps (exceptées en aéro-club).
    Mais Natacha a grandi, elle travaille dans l’aviation commerciale, elle vole souvent à l’international comme on le dit, et pour ma part je suis avec plaisir (depuis ma retraite) cette carrière d’aviatrice que je trouve exemplaire.
    Bravo Natacha et bons vols.

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