 Miracle dans le massif du Mont-Blanc  - 16 septembre 1990
 Miracle dans le massif du Mont-Blanc  - 16 septembre 1990
				mercredi 25 octobre 2017
Retour sur un secours épique avec René Romet et Francis Delafosse aux commandes de l’Alouette III Dagon  74 de la Sécurité civile
René Romet, pilote d’hélicoptère à la base de la Sécurité civile d’Annecy et instructeur pilote professionnel, chargé de la formation des pilotes en montagne, totalisant plus de 13 000 heures de vol, 2 000 missions de secours en montagne et 2 500 personnes secourues et sauvées, déclarait, à l’issue de ce sauvetage exceptionnel : « En 20 ans de secours en montagne, jamais je n’avais vécu un tel miracle », sa sidération n’ayant d’égale que celle du secouriste (Christian Lafouge,) du PGHM de Chamonix, ainsi que celle de Francis Delafosse, le mécanicien de l’hélicoptère qui surenchérissait à chaud, en ces termes éloquents... « C’est le treuillage le plus dingue que je n ai jamais réalisé ! »
Pourtant, René Romet en avait connu bien auparavant, des situations exceptionnelles, des sauvetages hors du commun, des scénarios extraordinaires, des galères et des frayeurs.
Ce jour-là, plus de deux cents alpinistes faisaient l’ascension du mont Blanc, en « processionnaire » ; certains 

La victime risquait de tomber d’une seconde à l’autre dans cette position si inconfortable et inédite. Les sauveteurs et le pilote durent prendre une décision dans l’urgence pour le sauver avant qu’il ne se décroche de la paroi. Le treuil actionné par le mécanicien descend le sauveteur le plus rapidement possible, à proximité de l’alpiniste bulgare. Mais ce dernier au bout de ses forces et persuadé que le gendarme du PGHM avait eu le temps de finir d’accrocher la sangle entre lui et son baudrier, lâcha la prise sur ses deux piolets. La catastrophe redoutée se produisit. Malgré la célérité de l’intervention, l’alpiniste, se croyant sauvé, plonge dans le vide. Le gendarme parvient néanmoins à le saisir un instant, le tenant à bout de bras au-dessus du vide. Malheureusement, l’alpiniste, paralysé par le froid, exténué et choqué, lâche prise à nouveau. Les sauveteurs n’en croient pas leurs yeux et vivent alors un moment d’angoisse sans précédent, n’ayant jamais vécu dans leur carrière professionnelle un tel enchaînement de péripéties aussi extraordinaires.
Qu’on en juge, le jeune alpiniste dévale la pente après sa chute et il est alors précipité sur environ 200 m dans le couloir de glace. Son corps disloqué saute par-dessus un sérac et termine sa course folle et dramatique sur un pont de neige, au-dessus d’une crevasse. Tous les ingrédients d’une tragédie sont là réunis. Les secouristes sont hélitreuillés sur ce nouveau site instable qui peut lâcher d’un moment à l’autre, cela fait partie des risques objectifs de la montagne. Mais un tel cumul de malchance et de situations très risquées, c’est du jamais vu pour ces sauveteurs. Jamais un sauvetage ne s’est mal terminé, un tel malheur est-il en train de se produire ? Arrivés à ses côtés, les sauveteurs constatent que non seulement son corps a été arrêté et bloqué par les bords légèrement relevés de la crevasse mais qu’il est sain et sauf. René Romet. sidéré par ce qu’il vient de vivre, est persuadé que ce qui l’a sauvé, c’est surement la couche de neige poudreuse, tombée quelques jours avant, amortissant ainsi sa chute. Dans l’adversité, l’infortuné, dont la tête dépasse de la crevasse, va bénéficier cette fois-ci, dans l’urgence encore, d’une technique de sauvetage pratiquement jamais employée. 

On voit bien la complexité d’un tel secours effectué précipitamment, par nécessité, avec des situations inédites, et on mesure bien dans cette intervention, l’importance déterminante d’une réelle synergie entre les trois hommes de l’équipage dont la technicité, le courage et le discernement sont exemplaires. Que d’émotions, frayeurs et sueurs froides, tout au long de ce sauvetage finalement réussi puisque la victime, certes en étal de choc, est restée parfaitement consciente. Ce n’est que plus tard que les sauveteurs apprendront que ce jeune Bulgare, doté d’une forte constitution et d’une capacité de résistance hors du commun, errait déjà depuis trois jours dans le massif. Parti pour réaliser l’ascension des <« trois mont Blanc ». il avait été surpris par le mauvais temps et s’était égaré dans la tempête, sans nourriture et ne retrouvant plus la trace de son itinéraire. Après de telles épreuves et avoir été deux fois miraculé dans celle paroi, il a été transporté à L’hôpital de Chamonix, avec seulement quelques gelures aux pieds et aux mains. Tout est bien qui finit bien, les sauveteurs pouvaient alors laisser s’exprimer leur joie et leur soulagement.
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