David Tarapacki, pilote d’hélicoptère au Samu 35, sauve des vies
jeudi 16 septembre 2021
Certains jours, il peut effectuer jusqu’à sept vols. David Tarapacki est pilote d’hélicoptère au Samu d’Ille-et-Vilaine. Cet ancien pilote de l’aéronavale prend dorénavant les airs pour sauver des vies. Et chaque seconde compte.
Le vacarme des pales de l’hélicoptère retentit sur l’héliport du Samu d’Ille-et-Vilaine, à quelques centaines de mètres du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes (Ille-et-Vilaine). L’appareil jaune se pose après un vol de huit minutes. À l’intérieur, un patient est en situation d’urgence.
Le pilote coupe les turbines, une ambulance est déjà prête à prendre en charge le malade. « Par la route, ce trajet aurait pris plus de quarante-cinq minutes », assure David Tarapacki, le pilote. Il enlève son casque et ne cache pas son air soulagé, tout s’est déroulé en sécurité. « C’est le cœur du métier », souffle le pilote, combinaison intégrale sur les épaules.
Des débuts militaires
« Quand l’hélicoptère est dépêché, c’est une urgence vitale », détaille David, 55 ans qui vole avec son assistant, Yann Lacroix âgé de 22 ans. Ils acheminent en moyenne une quinzaine de personnes par semaine. « Mon métier, c’est de transporter dans les meilleures conditions des patients. C’est la sécurité avant tout. » Car le pilote participe activement à la chaîne de survie.
Pourtant, rien dans le parcours de David ne le prédestinait à sauver des vies à travers les airs. « À 18 ans, je voulais devenir pilote dans l’armée et j’ai réussi les tests », raconte-t-il. Durant quinze ans, David Tarapacki sert sous les drapeaux dans la Marine. « J’ai piloté une dizaine d’appareils. »
Au Samu, « par hasard »
En septembre 2001, à la fin de son contrat, il souhaite se reconvertir en tant que pilote de ligne. Mais les attentats contre les Tours jumelles à New-York ternissent son avenir. « Le marché a dégringolé. »
L’ancien militaire, alors à Brest, est recruté par le Samu du Finistère. « J’étais le premier pilote dans le département, se souvient-il. À l’époque, l’idée pour moi, c’était vraiment de trouver du travail en tant que civil. Le Samu, c’était un peu du hasard finalement. »
« Ça peut être cataclysmique »
Du hasard, David y découvre un tout nouveau monde. « À l’armée, j’ai appris à faire la guerre. Aujourd’hui mon métier, c’est de sauver des gens. » Il regarde avec détachement son ancienne activité : « On passe sa jeunesse sous les drapeaux. Mais là, j’ai trouvé un sens. Quand je me lève le matin, je sais que je vais être utile. Il y a un côté plus humain aussi. »
Avec le Samu, il a quitté un front pour en retrouver un autre. Si David n’est pas soignant, il demeure en première ligne, « ça m’est arrivé de donner des coups de main aux infirmiers ou aux médecins ».
Des souvenirs marquants
Lors des interventions, le pilote raconte : « Quand je me pose sur les lieux de prise en charge du patient, parfois nous sommes les premiers. Et ça peut être cataclysmique. J’ai déjà fait des massages cardiaques pour sauver des vies. »
Des accidents, des scènes de catastrophes, des blessés, David en a vu beaucoup. En dix-neuf ans de carrière, il raconte avoir « des souvenirs qui marquent. C’est même la première fois que j’ai vu un mort ». Avec le temps et les expériences, il avoue avoir mis en place des mécanismes de défense, pour se blinder face aux événements, rester concentrer, continuer à piloter. « Il faut s’occuper l’esprit. Et puis, on apprend à filtrer les informations. »
Prendre en charge la victime le plus rapidement possible
Dans son petit bureau, près du centre de régulation du Samu, et non loin de l’héliport, David a installé ses quartiers. Il n’est à Rennes que depuis quelques semaines, mais il retrouve déjà ses habitudes du Finistère.
Devant son ordinateur, il garde un œil constamment sur les conditions de vols. « Il faut qu’en cinq minutes, je puisse donner une réponse au médecin. Si je peux décoller ou pas. » Trafic radio du contrôle de l’aéroport de Rennes, images satellites, vent, conditions météo… Tout est millimétré pour assurer la sécurité des passagers.
Une concentration permanente
Mais pour le pilote et son assistant, c’est aussi « beaucoup d’attente. On se tient prêt. Parfois, on peut rester des journées entières. Et puis dès qu’on est appelé, c’est plein gaz ». Dans cette course pour la survie où chaque seconde compte, David doit déterminer la localisation de la victime. « C’est très difficile. C’est rarement une adresse précise. Lors du vol, il faut savoir rester concentrer. »
Mais là où le pilote du Samu excelle par son savoir-faire et son expérience c’est l’atterrissage. Dans un camping, sur une bretelle d’autoroute, près d’une piscine municipale, sur une plage… L’hélicoptère doit s’approcher au plus près de la victime pour la prendre en charge le plus rapidement possible dans des conditions parfois difficiles.
Un millier de personnes secourues
Et l’atterrissage est une chorégraphie où chaque mouvement est calibré. « On n’a pas le droit à l’erreur », souffle l’assistant de vol, Yann Lacroix. « On doit connaître le ciel mais encore plus le terrain », ajoute le pilote.
Cette fois-ci, de retour d’intervention, David Tarapacki raconte avoir « été aidé par les pompiers. J’ai pas mal tourné avant de pouvoir me poser entre les arbres et les habitations ». Le quotidien du pilote est rythmé par ces opérations d’envergure. Depuis 2001, il estime avoir secouru « plus d’un millier de personnes » en Bretagne. Source : ouest-france.fr