Elle a été la première pilote d’hélico dans la Marine
vendredi 11 novembre 2016
Lanvéoc. Nadine Zanatta est une jeune retraitée pas comme les autres. Elle a été la première femme pilote d’hélicoptère de la Marine nationale, à l’escadrille de Lanvéoc notamment.
Entretien Nadine Zanatta, première femme pilote d’hélicoptère de la Marine nationale.
Quand êtes-vous entrée dans la Marine nationale et quel a été votre cursus ?
Je suis rentrée dans la Marine nationale en 1983, pour être contrôleuse aérienne. Je suis entrée par la petite porte, comme matelot. Puis, j’ai postulé pour être ORSA, Officier de réserve en situation d’active, pour faire pilote. J’ai choisi d’être pilote d’hélicoptère. J’ai été breveté : en fait, chez nous, on dit « macaronée ». C’était en mai 1989. Ma première affectation, comme pilote, a été à l’escadrille 23 S, à Saint-Mandrier sur Alouette II, Alouette III et Dauphin. Puis à la 22 S, ici à Lanvéoc, comme moniteur de vol. Après plusieurs demandes pour aller sur Super-Frelon, j’ai réussi à intègre la 32 F en 1995, toujours à Lanvéoc, jusqu’en 1996, où j’ai rallié la 33 F, à Saint-Mandrier à nouveau, jusqu’en 1999. De 1999 à 2000, j’ai été affecté au CEI, Centre d’entraînement et d’instruction, à Saint-Mandrier, jusqu’en 2001, date à laquelle j’ai quitté la Marine nationale.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Le poste de pilote sur Super-Frelon n’était pas encore ouvert aux femmes. J’ai réussi en 1995. J’étais chef de détachement. Des difficultés ? Les a priori à effacer. Mais aussi deux autres difficultés. D’une : être pilote sur Super Frelon, des flottilles qui embarquent, ouvrir la voie aux autres femmes. Et de deux : être embarquée. C’était le tout début de la féminisation des bâtiments (c’est-à-dire des bateaux). Étant un officier, c’était quand même plus facile de me loger.
Des difficultés à exercer ?
Non, l’aspect intégration dans un milieu militaire, je l’avais déjà. Il restait la partie pilote à gérer. J’ai participé à l’élaboration du processus des femmes embarquées. J’ai été reçue à Matignon pour l’emploi des femmes embarquées, une intégration réussie. Sorte de retour sur expérience.
Y a-t-il des différences de comportements au pilotage entre les hommes et les femmes ?
Le cursus de pilotage est le même pour tous, hommes ou femmes, c’est un moule. La différence se situe plus dans la gestion du personnel, d’un détachement, les femmes sont plus à l’écoute.
Y a-t-il une égalité entre hommes et femmes dans le cursus ?
Oui, le cursus est le même. Même si, à mon époque, c’était une période de transition, la Marine ouvrait l’accès aux femmes.
Y a-t-il égalité dans le salaire, à carrière égale ?
Oui, bien sûr, il y a égalité de salaire à grade égal, entre femmes et hommes.
Faut-il plus de temps pour monter en grade et accéder à certaines fonctions lorsque l’on est une femme ?
Il y a toujours l’histoire de la notation qui est assez subjective. Le truc problématique pour les femmes, c’est si elles veulent avoir des enfants. Elles sont suspendues de vols, dès qu’elles sont enceintes. Ce qui modifie leur carrière et peut couper l’élan d’une carrière. C’est un choix à faire, gérer la carrière et la vie de famille. Pour moi, cela s’est bien passé. Mais ce n’est pas évident à gérer.
Votre meilleur souvenir ?
Après mon macaronage, aller m’asseoir aux commandes d’un Super Frelon et le piloter.
Et le pire ?
Mon embarquement, en 1989, sur le porte-avions Foch lors de sa dernière mission. J’étais la seule femme à bord, ils ne savaient pas où me loger. Je me suis un peu sentie seule. Source ouestfrance.fr