Article paru dans Aviation Magazine du 1er mai 1953
Les récents événements d’Indochine ont mis, une fois de plus, l’accent sur la lutte ingrate et meurtrière que mènent les troupes françaises et vietnamiennes contre la poussée rouge de la barbarie. Le combat se poursuit, acharné, dans des régions inhospitalières, au milieu des embûches que cachent chaque fourré, chaque rideau d’arbres. La mort sournoise se cache derrière les moindres obstacles naturels et nos soldats ont dû réapprendre la méfiance, l’astuce et la ruse des premiers hommes, développer et aiguiser leurs sens dans l’attente d’un danger toujours présent.
Dans ce combat implacable contre un ennemi pour qui la Nature est souvent une alliée, nos hommes sont parfois victimes d’attaques soudaines, imprévisibles. A la suite de ces embuscades meurtrières, il est difficile d’emmener les blessés, alors que la progression de la colonne au sol est pénible et longue, parsemée d’embûches innombrables. L’éloignement des centres médicaux rendait, en outre, très problématique la guérison des cas graves.
Et c’est ici qu’intervient le bon Samaritain de l’Indochine, l’hélicoptère. Grâce à sa faculté de décoller et d’atterrir sur place, l’hélicoptère va chercher les blessés en première ligne et les rapatrie vers les hôpitaux des grands centres. Les cas de sauvetages désespérés ne se comptent plus et le grand as de ces missions d’évacuation sanitaire est le capitaine Alexis Santini. Le nom de celui-ci — comme celui de Mme Valérie André, le toubib volant — est pratiquement mieux connu, du reste, aux Etats-Unis qu’en France et cela est triste à constater.
Récemment, trois Hiller 360, offerts, l’un par les anciens du CEFEO de la Gironde, la ville de Bordeaux et le Comité national d’aide aux combattants d’Indochine et les deux autres par les grandes firmes indochinoises, ont été affectés au service sanitaire des forces franco-vietnamiennes. Quelle belle initiative que celle de ces donateurs et quelle heureuse pensée de les avoir nommés respectivement « Ville de Bordeaux », « Sous-lieutenant Tran Tuyen » et » Volontaire Jean Graffeuil ». On aimerait que de tels gestes fussent multipliés, car ils affirmeraient la solidarité française dans la grande épreuve d’Indochine.