Plus d’un demi-siècle, que les équipages de Dragon 74 sauvent des vies en décollant de la base hélicoptère de la Sécurité civile de Meythet, située sur le terrain de l’aéroport. Les 60 ans de la base ont été célébrés vendredi 23 mai 2025, avec un an de retard. Officiellement, c’est le 15 mai 1964 qu’elle devient opérationnelle.
Quelques années plus tôt, deux jeunes alpinistes, Jean Vincendon (24 ans) et François Henry (22 ans), perdent la vie lors d’une tentative d’ascension hivernale du mont Blanc par l’éperon de la Brenva. La troisième de l’histoire de cette voie.

Le pilote Jean-Louis Lumpert chargé de l’implantation
Repérés vivants, leur lente agonie, relayée par les médias, marque alors profondément les esprits, les services publics et les responsables du secours en montagne. Deux ans plus tard, en 1959, le service national de la Protection Civile (ex-Sécurité civile) décide d’affecter son premier hélicoptère en province, et choisit Grenoble comme premier lieu d’implantation.
Annecy suivra quelques années après. En 1963, le pilote Jean Louis Lumpert est désigné par l’état-major de la Protection civile pour organiser l’implantation de la première base de Haute-Savoie. Deux pilotes volontaires formés « montagne » et très motivés, Francis Riera et Christian Graviou, ainsi que le mécanicien Paul Rouet, quittent alors la base de Grenoble pour venir à Annecy.
Dans le même temps, Louis Maret remonte de Nice en qualité de Chef mécanicien. À l’arrivée de Jacques Bérard, mécanicien en provenance de Clermont-Ferrand, l’équipe est au complet.

Une simple baraque en bois
Pendant six mois, c’est une simple baraque en bois qui leur sert de base, mais des crédits seront vite votés pour un nouveau bâtiment. « Les équipages ont partagé des locaux avec l’aéroport voisin, avant qu’une base spécialement dédiée ne leur soit construite (…) avec son hangar circulaire », précise Alain Hamel, actuel chef de base. Les architectes Brière et Govaux seront en charge du projet, pour des travaux qui commenceront au mois de juillet 1964 et se termineront le 20 décembre de la même année. Le 15 janvier 1965, la base est réceptionnée.

Il faudra attendre 15 jours de présence sur les lieux pour que le premier secours soit déclenché, le 30 mai 1964. « C’était un vol médicalisé urgent pour une personne victime d’un accident de la route, qui a été transportée d’Annecy à Lyon à bord d’une Alouette II  », détaille Alain Hamel.

Près de 150 missions de secours la première année
L’utilisation de l’Alouette II aura été brève, puisque « le 25 juillet 1964, une Alouette III, tout juste sortie d’usine, est livrée. Elle n’est pas encore aux couleurs rouges, très caractéristiques et très connues des Alouettes III de la sécurité civile, mais elle apporte des performances supplémentaires aux équipages qui vont l’exploiter à 100 % ». Malgré l’arrivée du C2 – hélicoptère plus performant – en 2005, l’Alouette III servira en mission jusqu’à l’été 2009.
La première année d’activité est marquée par près de 150 missions de secours, dont 40 sauvetages en montagne et 38 transports de blessés ou malades. Les équipages sont également sollicités à l’automne, pour intervenir lors des inondations qui dévastent le centre de la France. En 1966, deux ans après sa création, la base d’Annecy effectue 391 missions, soit plus d’une par jour – 60 ans plus tard, en 2024, elle en effectue plus de 1000 dans l’année.

En chiffres
Sur les 30 premières années, entre 1864 et 1994, 9 000 personnes ont été secourues pour 15 500 heures de vol. Entre 1994 et 2025, 37 700 personnes ont été secourues pour 27 500 heures de vol.
Au total, depuis 61 ans, les équipages de la base de la Sécurité civile d’Annecy ont secouru 46 700 personnes et réalisé 43 000 heures de vol en missions de secours. Source