Le plus ancien et emblématique opérateur d’hélicoptères, le SAF, pour Service Aérien Français, a fêté le 29 novembre
dernier les quarante années de sa création.
C’est au siège du Groupe, à l’aérodrome d’Albertville, qu’ont eu lieu les festivités avec plus de 300 invités conviés pendant près de 5 heures à partager conférences, buffets et démonstrations en vol.
La première partie s’est tenue à partir de onze heures dans un des hangars, entièrement aménagé avec scène, grands écrans, régie son et lumière et un EC135 VIP bien mis en valeur.
Après la projection d’un clip présentant toutes les prestations proposées par le SAF, l’animateur-journaliste, M. Franck Banget, commence, comme il se doit, par interviewer Tristan Serretta, nouveau PDG du groupe depuis juin 2018.
M. Tristan Serretta débute son intervention par un historique de la société créée par Roland Fraissinet en 1979 et qui s’appelait alors le Secours Aérien Français. Il évoque la fusion en 2006 avec Hélicap, spécialiste en vol sanitaire depuis 1970 puis présente les différentes entités du groupe : SAF Industries, atelier de maintenance crée en 1990 ; SAF Training Academy, centre de formation équipés de deux simulateurs haute réalité créé en 2012 à Frontenex, à quelques kilomètres de l’aérodrome ; SAF International, filiale suisse créée en 2014 pour reprendre l’exploitation d’un Super Puma avec son personnel, suite au dépôt de bilan de la société Eagle ; les différentes bases opérationnelles de travail aérien comme Paris, Cannes, Ger, l’Alpe d’Huez ou de secours privé comme Courchevel ou Gap, les huit différentes bases de SAMU en France équipés en H135.
Il aborde ensuite la nécessité de regroupement qui s’impose désormais aux opérateurs pour pouvoir se maintenir et se développer. C’est ainsi que le SAF a racheté Hélilagon, exploitant réputé à La Réunion avec un parc de neuf appareils à la fin 2016 et tout dernièrement en avril 2019, Azur Hélicoptères, un des leaders du transport de passager et de la formation de pilote, basé à Cannes avec une flotte de dix machines.
Ce rachat intègre Helipartner, bureau d’étude d’hélistations et société de négoce, le centre de maintenance Helicopter Maintenance Center et la société de levage TAF. A noter que le fondateur et ex-PDG d’Azur, Michel de Rohozinski, reste dans le groupe en devenant directeur exécutif du transport public et opérations VIP.
Le Groupe SAF, c’est donc désormais 300 personnes, 65 hélicoptères, 15 bases et 50 millions de CA prévu.
M. Banget convie alors Monsieur Hervé Gaymard, président du Conseil Départemental, à venir sur scène pour prendre la parole.S’en suivent trois groupes d’échanges sur les thèmes de la sécurité, de la solidarité et de la confiance agrémentés de plusieurs projections :
La sécurité : C’est Michel de Rohozinski qui commence en mettant en avant pour la sécurité la formation du personnel navigant. Il évoque les cursus et l’augmentation du nombre de pilotes civils dans tous les domaines de l’hélicoptère. C’est ensuite, M. Philippe Rocher de la société Sabena Technics qui intervient sur le rôle de la maintenance et la nécessité de toujours en améliorer l’excellence. Enfin, c’est M. Philippe Molliet de la société de construction de remontées Joly & Philippe qui parle de confiance et sécurité dans le cadre de sa collaboration avec les équipes du SAF depuis 40 ans.
La solidarité : M. Bernard Airenti, ancien directeur de la sécurité à la préfecture de Savoie et conseiller montagne du préfet, nous dresse un intéressant historique du dispositif de secours en montagne en Savoie depuis 1989 alliant services publics et sociétés privées. M. David Puppato, actuel directeur de la sécurité à la préfecture de Savoie évoque la chaîne du secours à ce jour avec pour la Savoie, la moitié des interventions en domaine skiable par an en France, soit plus de 22 000 ! Puis interviennent M. Benjamin Blanc, directeur du domaine skiable de Les Menuires – Val Thorens, M. Raphaël Chauvin, maître-chien secouriste et M. Vallée, témoin-victime récent d’un secours sur piste suite à une crise cardiaque qui fut sauvé grâce à l’intervention très rapide de l’hélicoptère de secours du SAF.
La confiance : M. Vaunaize, chef concierge d’un hôtel haut de gamme de Méribel et de la Côte d’Azur évoque sa relation de confiance avec le SAF depuis de nombreuses années pour réussir à satisfaire une clientèle souvent très exigeante. Mme Claire Barbier, assistante de vol SAMU présente sa nouvelle profession et ses évolutions. Enfin, M. Hadi Haydoui, mécanicien maintenance au SAF nous relate son parcours et les responsabilités de sa profession.
M. Serretta est invité à reprendre le micro pour commenter les trois tables rondes et apporter une conclusion à cette matinale de célébration. Il complète son intervention initiale avec un sujet intéressant : l’introduction des jumelles de vison nocturne pour les secours sanitaires héliportés type SAMU depuis un arrêté du 4 janvier 2019 les autorisant par dérogation. Toujours classifiée en matériel de guerre catégorie A2-14°, elles étaient réservées jusqu’à cette date aux militaires et à la Sécurité civile en France. Le SAF est devenu le premier opérateur SAMU agrée SPA-NVIS à équiper un appareil avec celui de Besançon. Il propose désormais, la formation, la maintenance et la vente de JVN "white phosphor" (qui suppriment l’environnement vert connu jusqu’à présent). M. Serretta conclut en offrant un baptême à M. Vallée qui n’avait pas du tout pu profiter de son baptême en H135.
Le mot de la fin est offert à Monsieur C.
Après 2 heures d’interventions et une photo de tous les intervenants, les invités sont conviés à rejoindre un grand barnum monté pour l’occasion contre le hangar côté tarmac et spécialement muni de bâches translucides. Un superbe buffet proposant les mets de huit régions du monde différentes attend les convives.
En plein repas, le bruit caractéristique du démarrage d’un R44 se fait entendre, suivi rapidement de celui d’une turbine d’Ecureuil, puis de celui des deux turbines d’un H135 (ex EC135) Samu et du Super Puma au gros nez orange. Les démonstrations vont commencer.
Les quatre appareils décollent successivement dans l’ordre précité et partent en gardant un certain espacement pour un tour de piste élargi. Ils effectuent chacun la fin de leur finale 05 en faisant des valses, des 360° à vitesse lente, puis se maintiennent en stationnaire de face pour se retrouver tous les quatre un moment devant le public, dressant alors un beau tableau.
Chaque hélico repart ensuite pour un second tour de piste avec un espacement encore plus grand afin que chacun puisse effectuer plusieurs passages avec des valses, retournements et virages serrés. Le R44 effectue tout cela avec une cadence remarquable. Il faut dire que c’est Michel de Rohosinski, pilote émérite sur Robinson, qui est aux commandes en costume et mocassin s’il vous plait. Les trois premières voilures tournantes retournent se poser et c’est le Super Puma qui ferme la marche de cette première partie « maniabilité ». Il a alors tout le temps pour faire parler l’énorme puissance de ses deux turbines Malika 1A1 de 1800 cv chacune. Le pilote, Justin M, ne se fait pas prier et enchaîne retournements impressionnants, virages à près de 90° et passages rapides avant de nous bluffer avec une ascension verticale en spirale au taux de montée énorme. Il effectue un premier plongeon avant de refaire un passage rapide avec une montée cabrée forte et à nouveau de replonger en spirale. Le Super Puma laisse beaucoup de monde bouche bée et disparaît vers nord après un dernier passage basse hauteur.
Le R44 repart pour la seconde partie, les démonstrations individuelles, et rejoint la piste en marche arrière. Il continu ainsi, puis passe en déplacement latéral face au public pour repartir en ascension rapide dans le bon sens vers le nord. Après un virage aux pieds, il plonge et dans sa descente à vitesse pourtant soutenue se met en travers à 90° tout en continuant dans l’axe de la piste. Une fois devant le public dans cette situation, le bipale passe en marche arrière avec un nouveau ¼ de tour à droite et continue sa course en remontant de la sorte toujours à forte cadence et avec une belle maîtrise. Après un demi-tour en fin d’ascension, il repart dans l’autre sens toujours donc en marche arrière rapide avant de se remettre enfin dans le bon sens. La démo continue avec une belle autorotation complète glissée sur le bitume puis un nouveau décollage vers le nord en marche arrière encore une fois. A bonne hauteur, le "Robi" repart au sud avec deux tours en valse avant de virer serré à 180°, replonger, faire encore une valse et regagner le parking. Sacrée démo de R44, dont les excellentes qualités de vol furent comme rarement si bien démontrées.
C’est au tour de l’AS350 B3 blanc et rouge piloté par Christophe Pougnet d’entrer en action. L’appareil décolle depuis le nord du parking en herbe et se présente devant un hangar pour qu’un helpeur vienne lui accrocher une élingue au cargo. Il redécolle verticalement pour rapidement laisser entrevoir sa charge, un « Bambi bucket », poche souple pour le largage d’eau en lutte incendie. L’Écureuil part vers le sud au-delà du terrain, s’arrête et entame une descente pour disparaître quelques instants derrière des arbres. Cela en étonne plus d’un. Le tripale réapparaît avec sa charge que l’on devine pleine et en passage rapide effectue un premier largage, bien ciblé, sur la zone d’herbe devant ses spectateurs. Il venait de faire le
plein dans un plan d’eau, ancienne gravière, située à 500 m au sud. Le B3 repart une seconde fois au-delà des arbres et se représente avec une bonne cadence pour larguer à nouveau ses 1000 litres d’eau avant de retourner se poser. Peu vus dans les Alpes, les hélicoptères bombardiers d’eau (HBE) sont nombreux dans le sud et en Corse l’été.
Alors qu’on ne savait pas où il était parti et si même il allait revenir, le Super Puma refait entendre ses quatre grosses pales au loin au nord. J’entrevois la bête avec une élingue d’au moins 100 m et dessous un énorme container de 40 pieds (12 m). Le gros félin se présente bien décalé en bord de terrain opposé aux installations pour
qu’on puisse le voir à plus de 150 m de hauteur et effectue un grand tour complet main droite pour revenir se présenter de face. Il se met alors en stationnaire et entreprend de descendre sa charge monumentale équipée de cordes à ses 4 angles inférieurs. Quatre helpeurs peuvent alors saisirent ces dernières pour orienter le container et l’accompagner au sol. Après largage de l’élingue à quatre brins par le crochet à commande électrique, le Super Puma, désormais appelé H225 en version longue et H215 en version courte, peut regagner le sol et poser délicatement ses 4500 kg. Sa capacité de levage maximale est identique avec 4500 kg..
Alors que l’on croyait le H125, désignation désormais de l’AS350 B3, bien parqué pour l’après-midi, le voici qu’il redécolle avec encore une élingue et cette fois un petit container métallique en guise de charge. Le pilote approche son mono-turbine de 847 cv du centre de l’aire de démonstration pour venir poser sa grosse boîte sur le container précédent, comme dans un jeu d’empilage de cubes, puis repart se reposer, cette fois définitivement.
Entre temps, le H135 jaune était reparti assez discrètement en tour de piste par le nord. Il se présente en stationnaire assez haut par le sud et ouvre sa porte arrière gauche au niveau du treuil. Le mécanicien-opérateur accroche puis descend un secouriste et son chien spécialisé en recherche de victime ensevelie. L’appareil se dirige ensuite vers le nord du terrain, effectue un demi-tour et réalise une approche plus basse vers les deux containers en ouvrant, cette fois-ci, sa porte arrière droite. Le pilote, Laurent J, réalise une approche en douceur pour poser son patin droit sur le dessus du jeu de construction et y dépose un second secouriste. Il repart vers le sud quelques instants avant de venir de représenter à la verticale porte gauche ouverte avec le treuil prêt à être descendu par le MOB. Après quelques secondes, le secouriste attrape le crochet, se l’attache au baudrier et peut être hissé de quelques mètres pour rejoindre ses collègues à bord. L’équipage se pose moins d’une minute après et conclut peu avant 15h près d’une heure de démonstrations de vraiment très belle facture.
Le nombre d’invités s’est quelque peu réduit, mais cela n’empêche pas l’équipe proche de Tristan Serretta d’entonner un joyeux anniversaire avec quelques bruits de bouchons et de prendre la pose avec leur patron pour une dernière photo souvenir devant le buffet des desserts.
Félicitations au SAF pour l’organisation de cet anniversaire dignement fêté. Un grand bravo aux pilotes, Mob et assistants pour les démonstrations malgré la pluie et le plafond bas. Mes remerciements pour l’invitation.
Je remercie également Jean-Marc Savoy pour ses clichés. Pour information, il anime la page facebook SAF Hélicoptères groupe
Patrick GISLE