Le GAMSTAT 2014 : Technologie et maîtrise

Publication : 9/01/2015 Auteur(s) : Patrick

Affiche Journée portes ouvertes au GAMSTAT de Valence le 28 septembre 2014Le 28 septembre dernier, l’aéroport de Valence-Chabeuil nous a une nouvelle fois accueilli dans son très beau cadre sous un soleil encore estival pour la dernière grosse manifestation « hélico » de la saison, la journée porte ouverte du GAMSTAT.

Le GAMSTAT pour Groupement Aéromobilité de la Section Technique de l’Armée de Terre est une base militaire d’environ 200 personnes qui teste et met au point au niveau opérationnel, formation et maintenance tout nouvel hélicoptère pour l’Armée de Terre pendant deux ans avant sa mise en service. Elle dispose d’infrastructures importantes et de tous les modèles d’appareils en services ou en passe de l’être avec ses équipes de pilotes d’essais, de mécaniciens et de techniciens de haut rang.

En 2012, cet événement important de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT) avait été mené dans le cadre du meeting aérien Avions et Hélicos de Valence avec la FFA (article…) Cette année, il s’agissait d’une journée porte ouverte autonome mais toujours avec une organisation de grande ampleur, une importante exposition statique et de nombreuses démonstrations en vol.

Le Tigre - Photo © Patrick GISLENous avons eu le droit à partir de 10h30 à un enchaînement d’évolutions aériennes de plusieurs appareils en solo, en duo ou dans le cadre de plateaux dynamiques, ces derniers reconstituants des scènes opérationnelles.

Pour les solos, la vedette reste bien entendu le célèbre EC665 « TIGRE » de Airbus Helicopters. Nous avons eu le droit à de très belles évolutions de la récente version HAD livrée en Avril 2013 et mise en service opérationnel cette année. D’une puissance supérieure de 14% par rapport à la version HAP d’origine (Appui – Protection), cette version Appui-Destruction est équipée de deux turbines Turboméca MTR-390E de 1341 cv chacune et reçoit 8 missiles Air-Sol guidés laser HellFire 2 de 8 km de portée maximale. Le guerrier Tigre en vol - Photo © Patrick GISLE Le HAD conserve l’armement du HAP, à savoir le canon de 30 mm avec 450 obus de 1500 m de portée, les 68 roquettes SNEB de 68 mm de 4 km de portée et quatre missiles air/air Mistral 2 à infrarouge de très courte portée. La masse maximale au décollage est portée à 6600 kg pour toujours 280 km/h et 800 km d’autonomie, 15,83 m de longueur et un rotor de 13 m de diamètre. Parmi les améliorations, on peut citer une protection balistique améliorée, un nouveau système de visée optronique, une suite de guerre électronique évoluée et un système d’interrogation ami-ennemi (IFF). Il y a actuellement 6 HAD version block 1 en service en complément des 40 HAP déjà opérationnels depuis 2008. Deux nouveaux HAD en version « block 2 » viennent d’être livrés début décembre au Gamstat avant d’être envoyés au 1er RHC de Phalsbourg. Le « Block 2 » permet l’accroissement de la précision de tir des roquettes, l’adjonction de réservoirs extérieurs (bidons de combat) assurant une plus grande autonomie sans changer la capacité d’emport et l’utilisation des systèmes d’armes à bord de l’appareil. Il permet aussi une extension du domaine de vol dans lequel des missiles antichars Spike et Hellfire peuvent être mis en œuvre et l’intégration de communications numériques pour les opérations conduites sur les champs de bataille. Les hélicoptères HAD Block 2 sont également « navalisés ». Quarante exemplaires du HAD sont commandés et en cours de livraison pour l’armée française d’ici 2019 et 20 HAP existants doivent être migrés en version HAD. Cela fera donc 80 unités au lieu des 215 du programme initial de 1994, ce qui a fait passer le coût unitaire de 41.4 M€ à 73.7 M€ !

Toujours au cordeau la démo du Calliopé - Photo © Patrick GISLEUne autre star incontestée des solos, bien que machine civile, et que l’on trouve désormais très souvent dans le moindre meeting « avion », c’est l’EC120 « Calliopé » rouge et blanc. Il s’agit de l’hélicoptère « école » qui a remplacé les célèbres Gazelle pour la formation des pilotes militaires de l’ALAT. Faute de moyen pour acquérir des appareils neufs, l’armée a passé un contrat de location de 36 appareils à un opérateur privé en 2008, la société Hélidax, filiale de DCI et Inaer. Il s’agit en faite d’un PPP, partenariat Privé – Public signé pour 22 ans avec l’EALAT de Dax et qui prévoit la disponibilité permanente de 32 appareils sur 36. En juin 2014, la barrière des 70 000 heures de vols était franchie au bout de six ans.

Les démonstrations de l’EC120 réalisées par des pilotes – instructeurs sont toujours très impressionnantes, car on sent l’exploitation de la machine à 100%, voir plus, et la tentation toujours refoulée à la limite de le mettre sur le toit ! Il y a d’ailleurs un mécanicien à bord pour éteindre toutes alarmes qui s’allument sans cesse, dit-on ! L’EC120 de chez Airbus Helicopters est un mono-turbine léger et polyvalent de 5 places sorti en 1998. En France, il est essentiellement dédié à un usage commercial et privé en dehors de la formation de l’Armée de Terre. A l’étranger, il équipe de nombreux services publics comme la douane, la police et plusieurs armées. Son poids à vide est de 991 kg, sa masse max au décollage de 1715 kg et sa vitesse de croisière de 223 km/h. Sa turbine Turboméca Arrius 2F développe 504 cv et son prix tourne autour du million d’Euros.

Le NH 90 en retour de démo - Photo © Patrick GISLELe troisième appareil à évoluer en solo est moins connu, car plus récent, mais rencontre un très vif succès de part sa taille imposante, ses lignes modernes, ses technologies dernier cri, son agilité et son bruit : Il s’agit du NH90, hélicoptère biturbine militaire multi rôle de la catégorie des 11 tonnes. Il est produit par NH Industrie, consortium issu de Airbus Helicopters, Agusta et Fokker et découlent d’une collaboration France, Allemagne, Italie, Pays bas, Portugal et Belgique. Il est décliné en deux modèles : le TTH pour le transport de troupe appelé Caïman en France et le NFH pour la lutte anti-surface et sous marine appelé Caïman Marine. La production de cet appareil qui utilise de façon innovante les matériaux composite pour sa structure débuta en 2000. Le premier Caïman livré à l’armée française fut un « Marine » le 30 Avril 2010. L’armée de terre a reçu, elle, son premier TTH en décembre 2011. En tout il y a plus de 500 appareils en commandes pour plus de 15 pays et plus de 220 sont déjà livrés. La France a commandé 68 TTH et 27 NFH et treize de chaque sont livrés à fin 2014. La commande s’étale jusqu’en 2024 pour les TTH et 2021 pour les NFH.

L’appareil en version TTH qui était présenté à Valence peut accueillir jusqu’à 20 soldats et leur équipement ou plus de 2500 kg de charge d’emport ou un véhicule léger. Le NH 90 en retour de démo - Photo © Patrick GISLE Il peut bien entendu transporter des charges à l’élingue, en particulier des véhicules type jeep, comme le Peugeot P4 que nous avons la chance de voir voler. Il peut être rapidement adapté aux missions d’évacuation sanitaire avec jusqu’à 12 civières. Il convient aux opérations spéciales, à la guerre électronique, à être poste de commandement volant, aux largages de parachutistes, au transport de VIP, etc. Une rampe arrière et des mitrailleuses sur ses flancs complètent ses équipements très nombreux.
Le NH 90 est un quadri-pales équipé de commandes de vols électriques et d’un pilote automatique quatre axes de dernière génération qui lui permettent un domaine de vol très large dans des conditions météo très dégradées. Sa masse à vide est de 6400 kg pour plus de 4200 kg d’emport dont 2000 kg de carburant pour alimenter ses deux turbines Turboméca RTM322 de 2500 cv chacune. Le NH 90 est rapide avec 260 km/h en croisière (150 nœuds) et peut voler 3h30, soit près de 900 km.

Cockpit du NH90 - Photo © ?Comme principales caractéristiques complémentaires, on peut citer : Fuselage en composites résistant au crash avec une faible signature radar - Réservoirs auto-obturant - Trains d’atterrissage rétractables et résistants aux crashs - MRP (Moyeu Rotor Principal) en titane de type Sphériflex - Avionique avec des écrans couleur LCD 8’’x8’’ avec affichages multifonctions - Autodiagnostic de pannes et système de maintenance intégré - Redondances multiples pour les systèmes vitaux - Système intégré de navigation (INS, GPS, IFR) réalisé par Sagem SA et de radionavigation (IFF, TACAN, DME, radioaltimètre) réalisé par Thales Communications SA - Système intégré de gestion des radiocommunications (V-UHF, Saturn, VHF-FM, HF) réalisé par Thales Communications SA - Système de cartographie digitale intégré réalisé par Dornier - Détecteurs de lancement de missile, de laser et de radar réalisés par Thales couplés à un lance-leurres ELIPS NH - Transpondeur IFF - Casque double senseurs HMSD (Helmet Mounted Sight and Display ), intégrant intensification de lumière et imagerie thermique réalisé par Thales Avionics - FLIR de pilotage : imagerie infrarouge d’aide au pilotage et à la navigation développée par Alenia Marconi - Radar météo – treuil - Tous les systèmes dynamiques (BTP, BTA, BTI... ) peuvent fonctionner 30 minutes sans lubrification - Système Antivibratoire à Résonateur Intégré à Barres (SARIB) - Sièges blindés face aux menaces de petits calibres…rien que ça ! Le NH 90 est une sacrée belle machine vraiment impressionnante en vol de démonstration basse hauteur. Vol en patrouille - Photo © Patrick GISLE Il a en fait volé la vedette au Tigre pour le plus grand plaisir des plus de trente mille spectateurs présents pendant près de huit heures sur le terrain drômois.

La marque de fabrique des meetings ou JPO de l’ALAT, c’est bien sur les plateaux dynamiques et le Gamstat est réputé pour cela. Cela permet de voir évoluer plusieurs appareils en même temps sur la reconstitution adaptée à la taille du terrain d’un théâtre d’opération. Nous avons eu du beau spectacle avec jusqu’à quatre appareils engagés, troupes de commandos, méchants très méchants, bruits et fumigènes !

Le Caracal en évolutions - Photo © Patrick GISLELe premier plateau mettait en scène un véhicule blindé léger (VBL) pris à parti par un groupe de rebelle à bord d’un véhicule de l’avant blindé (VAB). L’appel à l’aide des premiers déclenche le départ de commandos à bord d’un EC725 Caracal appuyé par un Tigre. Une Gazelle, toujours dans le coup est de la partie avec son tireur d’élite qui neutralise les assaillants belliqueux. Les commandos sont déposés par le Caracal et sécurisent la zone. Le NH 90 intervient alors pour enlever à l’élingue le VAB, un Peugeot P4.

Le second plateau met en scène deux véhicules civils transportant des VIP, gros bonnets de la drogue qui doivent être interceptés et exfiltrés. Intervention du Tigre pour arrêter les véhicules sur la piste avec son canon de 30 mm et neutralisation des hommes de mains par le tireur d’élite d’une Gazelle. Intervention ensuite de commandos en grand nombre qui descendent sur cordes depuis le Caracal et un Puma pour récupérer les deux VIP recherchés. Cockpit de l'EC725 - Photo aha-helico-air.asso.fr Évacuation en aéro-cordage par grappes de tout ce petit monde avec un grand tour de piste de parade du plus bel effet, le tout avec les quatre appareils en patrouille et une belle lumière pour les photographes.

En troisième plateau, nous avons eu en fin d’après midi la reconstitution d’un ravitaillement en milieu hostile d’une Gazelle. C’est une opération rendue délicate par un arrêt au sol incontournable, l’appareil et son équipage étant alors très vulnérable. Cela commence par une dépose par le Puma de commandos, d’une pompe et d’avitailleurs puis d’une touque, grosse bâche souple, de Kérosène à l’élingue. La manœuvre se fait tous les soldats au ras du sol. Un Tigre est en appui en l’air et tourne sans relâche. Tuyaux et pompe sont montés en ordre de marche et la Gazelle peut alors se présenter. La manœuvre de refioul a alors lieu rapidement et la Gazelle repart. Après le démontage du matériel, le Puma passe reprendre la touque, puis les soldats.

La Gazelle en évolution dynamique - Photo © Patrick GISLEParmi les hélicoptères du jour, on ne présente plus la Gazelle âgée de près de 45 ans ou le Puma, bientôt cinquantenaire. Par contre l’impressionnant EC725 Caracal mérite aussi une présentation. On le pense juste simple dernière évolution de la famille des Super Puma, dérivé du Cougar AS532 Mk2, mais c’est en fait d’un appareil quasiment nouveau qu’il s’agit. Aussi récent que le Caïman puisque son premier vol n’a eu lieu qu’en novembre 2000, il a été d’abord pensé pour des missions RESCO (recherche et sauvetage au combat) mais a étendu ses domaines d’utilisation au transport des forces spéciales sous l’acronyme HUS : Hélicoptères Unités Spéciales après les 11 septembre 2001. C’est le premier hélicoptère français équipé d’un système de blindage et d’autoprotection comprenant la détection radar des missiles. Doté de deux turbines Malika de 2415 cv à régulation FADEC, cet appareil de la classe des 11 tonnes est très performant avec 285 km/h en croisière et une capacité d’emport de 29 personnes. Opérationnel depuis 2006, il est équipé d’un rotor principal de type Sphériflex à cinq pales. Sa cabine est blindée et il est équipé de deux mitrailleuses FN MAG 58 en 7,62 mm montées sur chaque côté. L’EC725 est également équipé d’une tourelle FLIR qui lui donne une capacité d’intervention nocturne et tout temps et d’une avionique moderne avec pilote automatique très performant. Onze appareils équipent l’Armée de l’Air, huit l’ALAT et deux l’Aéronavale pour le sauvetage en mer. Le Caracal en static - Photo © Patrick GISLE Un élargissement de son usage à la lutte antinavire est en court au Brésil avec deux missiles Exocet AM39 ainsi qu’un projet de lutte anti sous-marine. Il équipe ou va équiper prochainement les armées de plus de huit pays. Sa version civile, l’EC225 est très employée dans l’Offshore. Toutes versions confondues, 108 exemplaires volent dans le monde en 2014.

Après toute cette technologie et ses évolutions de haut vol, les six appareils sont repartis en fin d’après midi pour une parade de salut après le couché de soleil. Ils se sont représentés à la foule en deux vagues de trois, feux allumés, après un tour d’honneur. Leur retour discipliné sur le terrain et dans le parc statique fut également apprécié, les appareils étant vraiment très proches et passant même au travers le public.

Le parc statique a attiré du monde toute la journée. Les grosses machines étaient visitables en compagnie de personnel militaire et il y avait souvent de l’attente. En plus des six appareils ayant volé, il y avait un Fennec, Le Be3 F-HMMS a enchaîné les rotations de 6 mn - Photo © Patrick GISLE la version Écureuil biturbines de l’Armée, une Alouette 2 et une Gazelle modernisée.

Damned, j’allais oublier ceux qui permettent toute la journée de passer du visuel au réel. Je veux parler bien sur du célèbre opérateur local : Jet Systems Helicopters Services qui a enchaîné les baptêmes toute la journée avec deux Écureuil et a également bien contribué au spectacle.

Le meeting/JPO du GAMSTAT de Valence reste donc une valeur sûre où technologie, maîtrise du pilotage et engagement militaire sont bien présentés et méritent le déplacement.

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