J’ai connu mon ami Roger alors qu’il était à Strasbourg puis nous nous sommes revus à Annecy et à Paris. Il fut un frère pour moi et m’a beaucoup appris à voler en montagne.
Lorsque je passais avec notre Alouette III pour aller à Marignane, je faisais toujours un crochet par Annecy et là, il me consacrait du temps m’emmenant travailler dans des coins impossibles. Cela m’a fait énormément de bien car j’ai pu en faire profiter mes élèves.
Lors de mes visites, c’était dans sa propriété à Meythet que nous nous rencontrions et à Asnières quand j’étais dans la région parisienne. Il est même venu passer quelques jours avec son épouse dans ma petite maison à Najac dans l’Aveyron.
Roger était un excellent pilote, très droit et menant ses bases comme il l’entendait. Il n’a déploré aucun accident du temps où il dirigea la base d’Annecy et Dieu sait si l’environnement n’est pas évident. Il su mettre une bonne équipe en place. Tous les professionnels, qu’ils soient Pilotes, Mécaniciens, Guides, CRS ou Pompiers reconnaissaient ses compétences et son humilité.
Il naquit en Côte-d’Or en 1934. Entré dans la Police Nationale en 1958, il fit un passage à la C.R.S. 62 de Troyes puis fut rapidement détaché à la Protection civile en qualité de Mécanicien-Sauveteur-Secouriste à la base Hélicoptères de Nice. Il y restera de 1961 à 1966.
Après avoir passé le concours d’Officier de la Paix et effectué un stage à l’Ecole de Police de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, il fut envoyé à Grenoble avec le grade de Lieutenant et où il participa à la préparation des Jeux Olympiques en tant qu’Officier des Sports.
Il effectua son stage de pilote à Dax et en 1970, il prit la tête de la base de Strasbourg à son ouverture.
En 1972, il fut promu Capitaine puis, en 1975, il prendra les rênes de la base d’Annecy-Meythet. De nombreuses aventures l’attendaient, entre autres, en montagne : la catastrophe du Grand Bornand, la passerelle du Montenvers, l’éboulement des Drus et ce jour où il faillit y rester… quand, en plein orage à l’Aiguille Verte un 1er janvier, il n’hésita pas à voler au secours de grimpeurs surpris par un orage épouvantable. Avec Noël Rivière et deux gendarmes du PGHM, toute l’équipe avait frôlé la mort lorsque la foudre était tombée sur le câble du treuil. Heureusement, il put sortir son appareil de l’enfer et cette mission lui valut la Médaille de l’Aéronautique.
Son but fut toujours de ramener les alpinistes dans la vallée à la DZ des Bois mais sans pour autant prendre de risques inconsidérés pour les sauveteurs. Il savait estimer le danger et repousser chaque fois les limites pour réussir l’opération de sauvetage.
Parallèlement, il participa avec toute son équipe aux Coupes de France d’Hélicoptères 1980, 1982, et 1984 organisées par René Romet.
En 1982, il fut nommé Commandant de la Police Nationale.
Lorsque Philippe de Dieuleveult décida d’arrêter La Chasse aux Trésors pour réaliser des documentaires, il vint me voir à Asnières et je lui ai suggéré le Secours en Montagne, pensant immédiatement à Roger... Ce dernier fut enchanté par cette idée et s’investit alors pour que ce film soit une réussite. Les acteurs principaux de "En limite de puissance" furent : Roger aux commandes, et pour les treuillages : Jean-Pierre Schuller, Michel Durand et Francis Delafosse.
En août 1988, il déposa en Alouette III le Christ du Secours en Montagne au sommet de l’Aiguille du Requin, avec Noël Rivière et Francis Delafosse. Cette stèle du Christ du Mont-Blanc perpétue le souvenir des 30 000 personnes secourues par les hélicoptères.
L’Alouette III de la Gendarmerie et celle du S.A.F. participèrent également à cette mission.
En 1990, il prit une retraite bien méritée mais malheureusement en 1991, il fut percuté par une voiture et décèdera.
Il aura laissé une base en bon état aux mains de Patrick Bros qui, lui, mourut lors d’un accident aérien dans le massif du Mont-Blanc.
J’ai souvent plaisir à regarder les photos de Roger Colin avec René Romet, Michel Durand, Michel Lévêcher mais aussi Noël Rivière, Francis Delafosse, Jean-Pierre Schuller, Gilbert Mezureux ; une sacrée équipe qui a marqué la base d’Annecy-Meythet.
Durant sa carrière, Roger cumulera 4 000 heures de vol, 2 000 missions de secours et 2 500 personnes secourues.
Il reçut les distinctions ou les médailles suivantes :
• Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur,
• Chevalier dans l’Ordre du Mérite,
• Médaille de l’Aéronautique,
• Médaille d’Or pour Actes de Courage et de Dévouement,
• Médaille de la Police Française,
• Médaille de Bronze puis d’Argent de la Jeunesse et des Sports,
• Médaille de Bronze de la Société Centrale de Secours aux naufragés,
• Médaille du Secours en Montagne,
• Médaille d’Or de la Société d’Encouragement au Dévouement.
Un beau palmarès pour un homme simple mais efficace. Je sais que tous ceux qui ont connu Roger ne manquent pas d’éprouver encore aujourd’hui une tendre pensée pour lui.