Une Gazelle en liberté

Publication : 15/06/2011 Auteur(s) : Papycoptere

Il faut tout d’abord comprendre que la brillante carrière de l’Alouette 2, qu’elle soit 3130 ou 3180 équipée de turbine Artouste ou Astazou arrivait à sa fin. Après plus de 1500 exemplaires vendus, son remplacement devenait nécessaire. La SA 340 001 sans le Fenestron - Photo Sud Aviation - collection Daniel Liron Un programme commun fut ébauché par l’ALAT et la Britisch Army Aviation Corps puis fut soumis à la Société Aérospatiale et à Westland prenant ainsi une place importante dans les accords de coopération Franco-Britannique signés en févier 1967. Le cahier des charges stipulait que cet appareil (militaire au départ) devait être léger, polyvalent, de maintenance simplifiée, avoir une puissance motrice de 600 cv avec une réserve de puissance de 40%. Pour le rotor principal était choisi celui de BOLKOW. La distance franchissable demandée était de 600 km avec 4 personnes à bord plus le pilote. Quant aux optionnels, étaient demandés : skis, flottabilité de secours et treuil.
Le premier SA 340 était un appareil très profilé avec de l’Alouette 3 sa BTP, son empennage et le rotor anticouple à deux pales. Le premier vol eut lieu le 7 avril 1967 aux mains de Jean Boulet assisté d’Alain Gavinet. Le 002 vola le 12 avril 1968 toujours aux mains de Jean Boulet accompagné de Jean Sladek. La belle ligne de la Gazelle - Photo collection JMP Quelques modifications vont être apportées à cette version. Le rotor rigide BOLKOW est abandonné en raison de vibrations trop importantes rencontrées à grande vitesse. On lui substitue un moyeu rotor NAT (Non Articulé en Traînée) breveté par René Mouille. Couplé à l’emploi de pales en matériaux composites, il apporte un grand confort en cabine. Mais l’innovation vient de l’installation d’un « Fenestron » toujours dû à René Mouille. Celui-ci est composé de 13 pales tournant à 5774 tr/mn. L’avantage de ce système, encore utilisé de nos jours, est la sécurité des personnes gravitant autour de l’appareil et également la protection des pales lors de posés en pleine nature.

Il y a eu deux appareils prototypes :
• La SA340 - 001 F-WOFH
• La SA 340 - 002 F-WZRA
Puis 4 appareils de présérie
• SA 341 – 01 F-ZWRH
• SA 341 – 02 F-ZWRL
• SA 341 – 03 F-ZWRI
• SA 341 – 04 F-ZWRK

Mais de quoi est constituée la « GAZELLE » ?
LE FUSELAGE
Chaîne de montage des Gazelle - Photo collection JMPIl comprend la cabine, la structure inférieure, la structure centrale, les capotages BTP et GTM, la poutre de queue. La cellule, quant à elle, comporte une part importante de panneaux de type « sandwich métallique ». Ces panneaux sont constitués de deux revêtements externe et interne en tôle d’alliage léger et d’un remplissage en nids d’abeilles métalliques expansés. Le tout est collé à chaud d’où légèreté et rigidité.
Mais revenons à la structure ; la cabine présente de larges panneaux vitrés, deux portes avant largable munies de glaces coulissantes et deux portillons pour l’accessibilité aux places arrières et le chargement de frêt.
La structure inférieure est composée de deux caissons longitudinaux. Elle supporte la cabine à l’avant et la structure centrale à l’arrière. Deux orifices sont prévus pour la fixation du train d’atterrissage à patins. Elle peut recevoir un réservoir auxiliaire de 90 L.
Intérieur cuir, un intérieur soigné - Photo collection JMPLa structure centrale, comprend deux parties, d’abord un double caisson en nid d’abeilles à l’avant dont la partie supérieure reçoit le réservoir de carburant de 457 l et la partie inférieure délimite la soute à bagages. Le revêtement supérieur reçoit la BTP montée sur platine souple. On trouve ensuite un caisson arrière de forme évolutive qui reçoit la poutre de queue et à sa partie supérieure le support GTM, une cloison pare feu verticale fixée sur le support de la turbine, une cloison pare feu horizontale avec tuyauterie de drainage cheminant au travers de la poutre de queue et un carénage sur la transmission arrière fixée sur la cloison pare feu horizontale.

LES CAPOTAGES
Ils protègent les ensembles mécaniques et le GTM et sont stratifiés fibre de verre/résine.

LA POUTRE DE QUEUE
Elle est de forme tronconnique monocoque et métallique. Elle supporte l’arbre de transmission arrière et les câbles de commande du rotor de queue. Elle se termine par une dérive verticale à profil assymétrique comportant le Fenestron. Deux demi plans fixes terminés par une joue constituent l’empennage horizontal.

LES ROTORS
Le tableau de bord - Photo collection JMPD’un diamètre de 10,50 m, le rotor principal est de type NAT. Il comporte 3 pales tournant dans le sens horaire à 378 tr/mn. Les pales principales sont constituées d’un longeron en Roving formant le bord d’attaque, d’un remplissage en nids d’abeilles, revêtu de stratifié renforcé au bord de fuite par des fibres de carbone. A partir du moyeu rotor, les 2/3 environ du bord d’attaque sont protégés contre l’érosion par un revêtement en polyuréthane et le dernier tiers par un revêtement en acier inox.Le saumon est égaement en acier inox. La corde de profil est de 0,30 m.
Le fenestron d’un diamètre de 0,695 m comporte 13 pales tournant à 5774 tr/mn.

L’ATTERRISSEUR
Il est à patins et comprend une traverse avant fixée en deux points à la structure inférieure du fuselage et possédant à chaque extrémité une liaison à la cardan. La traverse arrière porte en son milieu une ferrure d’articulation reliée par une contre fiche à la cloison du fond de la structure centrale. Elle comporte en deux autres points une liaison souple avec la cabine. Quatre jambes coudées relient les patins aux extrémités des traverses.

MOTEUR
C’est un Turboméca ASTAZOU III C à turbine liée avec réducteur à l’avant, puissance 600 cv transmissible 500 cv.

EMBRAYAGE
Centrifuge

Voilà pour la partie technique mais voyons les améliorations par la suite.

Tableau de bord équipé IFR - Photo collection JMPTout d’abord les Américains ont reculé la cloison arrière de 22 cm pour que les passagers puissent installer leurs jambes plus confortablement.

La Turbine Astazou XIV H de 880 cv a été adoptée et la nouvelle dénomination devient SA 342

L’instrumentation IFR monopilote est également adoptée.

LES DIFFÉRENTES VERSIONS
• SA 341 B/B2 : Armée de Terre Britannique
• SA 341 C/C2 : Royal Navy Britannique
• SA 341 D/D2 et E/E2 : Royal Air force Britannique
• SA 341 F/F2 : ALAT
• SA 341 H : Armée Yougoslave. Fabriquée sous licence par la firme Soko
• SA 342 K : Armée Koweïtienne
• SA 342 L/L1 : fabriquée par la Yougoslavie et l’Egypte
• SA 342 M/M1/MA : ALAT

Versions civiles
• SA 341 G : version civile de la 341 F
• SA 342 J : version civile de la SA 342 avec turbine Astazou XIX H

1267 Gazelle ont été fabriquées en France, 262 au Royaume-Uni, 30 en Egypte et un nombre indéterminé en Yougoslavie.

LES RECORDS
Essais en montagne SA341 F-ZWRL - Photo collection JMPAppareil SA 341-01 présérie
Masse au décollage : 1644 kg
Moteur : Astazou 3 N
Classe E-1C (1000 à 1750 kg)
• Vitesse sur base de 3 km : 310 km/ h
• Vitesse sur base de 15/25 km : 312 km/h
• Vitesse sur 100 km en circuit fermé : 296 km/h
Date : 13 mai 1971
Equipage :
Denis Prost, pilote
Jean-Marie Besse, Directeur des Essais en Vol Ingénieur navigant

TRAJECTOIRE MORTELLE
La Gazelle AHC n°1003 posée après l'impact - Photo collection JMPJeudi 6 novembre 1975, 16 h 30, l’Aéroport de Hoby à Houston au Texas connaît une activité très intense. De nombreux avions s’apprêtent à décoller, d’autres attendent l’autorisation d’atterrir.
La Gazelle AHC n°1003, pilotée par Jack Hart, approche du terrain à 500 ft quand soudain c’est le drame. Un avion Bonanza, effectuant un virage serré, surgit sur la trajectoire de la Gazelle et la queue de l’avion interfère avec le rotor principal de l’hélicoptère qui la tranche littéralement. L’avion déséquilibré et privé de tout contrôle s’écrase au sol. La Gazelle dont le niveau vibratoire s’est fortement dégradé atterrit rapidement. Les dégâts sur l'extrémité de la pale qui a tranché la queue de l'avion - Photo collection JMP De l’avion, il ne reste qu’un tas de débris informes, ses deux occupants sont tués. Jack Hart et son passager sont indemnes. Il faut retenir que dans le cas de la 1003, la rupture des pales eut été quasi immédiate si elles avaient été métalliques car le longeron fortement entamé n’aurait sans doute pas supporté les forces centrifuges appliquées et encore moins les charges alternées qui, compte tenu des effets d’entaille auraient provoqué la rupture complète en quelques tours rotor. Les pales plastiques ont apporté à l’hélicoptère un élément de sécurité important.

LES FILMS AVEC LA GAZELLE
Tonnerre de feu - Photo X
• Tonnerre de feu,
• Rambo,
• L’Epreuve de Force,
• La Belle et l’hélico.

.
.

CARACTÉRISTIQUES ET PERFORMANCES DE LA SA 342 J
Dimensions :
• Longueur totale : 11,97 m
• Pales repliées : 9,53 m
• Hauteur totale : 3,19 m
• Largeur cellule : 1,40 m

Rotor : tripale
• Diamètre : 10,50 m
• Rotor anticouple, Fenestron
• Diamètre : 0,69 m
• Nombre de pales : 13

Motorisation : 1 Turbin Astazou XIX H
• Puissance : 880 cv
• Nombre de places : 1+4
• Masse à vide : 998 kg
• Masse Maxi : 1900 kg
• Masse à l’élingue : 700 kg
• Charge utile : 750 kg
• Capacité carburant : 455 L
• Vitesse de croisière maxi : 265 km/h
• VNE : 310 km/h
• Taux de montée : 510 m/mn
• Plafond pratique : 6000 m
• Rayon d’action : 670 km

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.