Catherine n’a pas fini...

Publication : 12/11/2009 Auteur(s) : Papycoptere

Un soir, je rentrai de ma septième heure de vol en instruction, lorsqu’arrivé avec l’Alouette, je posai la machine sur la plate forme. Après l’arrêt de l’appareil, j’aperçois à travers la bulle une charmante jeune femme sur le parking. Le temps de faire le débriefing avec mon élève et nous descendons. Cliquez pour agrandir la photo : le Bell 47 de Catherine derrière la crosse de l'Alouette 2 - Photo collection JMPJe vais voir la jeune personne et lui propose d’aller voir l’appareil de près le temps que nous remplissions les papiers habituels.
De retour vers l’Alouette, je l’aperçois en compagnie du « Patron » de la société, celui-ci me présente alors Catherine et me propose de l’emmener en vol sur le Bell 47 ce que j’accepte mais la nuit arrive et le vol sera court. Après la mise en route, je lui demande de me suivre aux commandes. Arrivé à Guyancourt, j’effectue quelques évolutions et lui laisse un peu le cyclique. En finale autorotation pour lui montrer que l’hélicoptère est quelque chose de sûr. A ce moment la tour de contrôle m’appelle en me signalant qu’il me reste deux minutes avant d’être en infraction à cause de la nuit. Retour rapide au parking et atterrissage phare allumé.
Catherine était très enthousiaste, ça se voyait et ne cessait de me poser des questions et la dernière fut « Quand est ce que l’on peut commencer ». N’instruisant dans cette société que les week-end, je lui proposai le samedi suivant en lui recommandant d’aller voir rapidement un médecin conventionné pour sa visite médicale et remplir les formalités avec la société pour ouvrir une fiche de progression.
Dans la semaine tout était fait et elle m’appela pour un rendez-vous. Je sentais déjà qu’elle en voulait et que j’allais avoir à faire à quelqu’un de sérieux.
Cliquez pour agrandir la photo du premier R22 arrivé en France avec JMP aux commandes - Photo Collection JMPSamedi matin, elle était à l’heure, ce que j’apprécie beaucoup, et m’aide à sortir le Bell 47 et également à nettoyer la bulle.
Briefing en salle de cours, la théorie viendra plus tard. Visite prévol et comme je vois qu’elle a compris, je lui demande de la refaire toute seule. En l’observant, je m’aperçois qu’elle n’a rien oublié. A bord, briefing sur les commandes de vol, les instruments de bord et explication de la mise en route et des contrôles après chauffage moteur.
Je lui redemande de ma suivre aux commandes et nous voilà partis, déjà ses yeux s’illuminent un sourire est sur ses lèvres et pour la détendre deux trois petites remarques amusantes. En bref, je la sens heureuse.
Nous partons faire un vol dans la nature et lui laisse les commandes les unes après les autres, elle est très attentive et reproduit sérieusement ce que lui demande. Apparemment, elle ne fatigue pas et nous retournons vers Guyancourt, en zone Tango, pour du travail sol.
Là, ça se complique et je lui explique pourquoi, l’effet de sol est là. Le stationnaire est une vraie promenade et je la rassure en lui disant que lorsque j’étais à sa place, c’était pareil les premières heures.
Pour finir cette première séance, l’autorotation avec explications et suivi aux commandes. Nous rentrons, fin de la première séance. Les questions fusent et nous parlons dans la salle de cours de ce qu’elle a fait et lui prodigue quelques conseils. D’autres élèves m’attendent et je suis obligé de la quitter. Rendez-vous est pris pour le lendemain.
Je pense que ce soir-là, elle du rêvé de ce qu’elle avait vécu dans cette première séance qui ne sera pas la dernière comme dirait Eddy Mitchell.
Nous aurons l’occasion de refaire d’autres vols de plus en plus précis, je devenais de plus en plus rigoureux et elle le comprenait très bien, surtout lorsque nous entamions le travail sol. Les conditions étaient parfois désagréables mais nous y allions quand même car je lui expliquai qu’il faut également savoir voler autrement que par Tempête de Ciel Bleu. Bien sûr dans la mesure de l’acceptable.
Un matin, elle arrive, toujours avec le grand sourire, prête à donner tout ce qu’elle savait. Pour ma part, j’avais amené mon appareil photo, pourquoi, allez savoir ?
Le temps est beau, Catherine, prépare l’appareil, met en route et me fait signe de monter à bord, c’est l’heure. Direction Guyancourt, nous effectuons un programme complet et finissons par une autorotation. A ce moment je prétexte une envie pressante lui explique le vol seul à bord, problème de centrage et lui demande de me faire un stationnaire devant moi. Là plus de sourire, je descends, me mets devant l’appareil et lui fais signe de se lever, c’est fait elle est en stationnaire me regarde sans sourire et se repose, rebelote pour la photo.
Cliquez pour agrandir la photo de Catherine aux anges ; elle vole seule - Photo collection JMPJe lui fais signe de faire une translation et elle revient me chercher. Lorsque je monte à bord, j’ai enfin droit à la bise. A ce moment, quelque chose de merveilleux vient de se passer. Elle a gagné son premier objectif, elle a volé seule aux commandes d’un hélicoptère.
Quelques temps plus tard, elle veut essayer le Robinson. C’est une autre machine plus légère, plus étroite et Catherine est moins à l’aise, mais elle s’y fait. Et puis il y a eu rupture avec la Société en question et elle m’a demandé d’aller voler ailleurs. Ne voulant pas la laisser tomber après tout ce que nous avions déjà vécu, je lui propose de venir à Issy-les-Moulineaux. Comme je travaille sur place, je lui trouverai au moins un R 22.
Un jour, elle arrive en moto ; je savais Catherine dynamique mais à ce point... Après quelques explications, elle me dit venir de Limoges alors là, je tombe de haut car venir de là-bas pour prendre une leçon de pilotage, il faut vraiment en vouloir ; surtout avec la météo du jour, on ne voyait même pas les collines de Meudon. Comme elle a fait l’effort de venir, je lui propose d’aller voir et surtout lui montrer jusqu’où on peut aller.
Nous décollons direction Guyancourt par Meudon, de son côté une Alouette d’Héli Union va vers la même destination mais elle par Saint Cyr, nous nous contactons pour se tenir informé. Après le décollage effectué par Sœur Sourire, nous commençons à monter à partir du Pont de Sèvres et les stratus commencent à nous envelopper, je lui explique qu’il ne faut pas perdre le contact visuel avec le sol et surtout ne pas se laisser enfermé. Au bout d’un certain temps très court je la sens tendue et lui demande que fait-on ? Et là, elle a le bon réflexe, demi-tour. J’en informe mon collège qui lui aussi revient.
Nous irons déjeuner et parlerons de ce vol et les précautions à prendre. Une autre surprise allait nous arriver. L’après-midi, le temps est plus favorable et nous décidons d’y aller. Cette fois-ci direction Ponchartrain. Décollage avec Catherine aux commandes, elle n’a rien perdu, ses paramètres bien en place, nous allons vers les Etangs de Saint Quentin. Je lui recommande de mettre le réchauffage Carbu car la situation le nécessite. En plus il ne fait pas chaud.
Arrivé vers Ponchartrain à une altitude respectable, nous entamons la descente, elle est toujours détendue lorsque brutalement le moteur cafouille, je lui demande les commandes et me mets en autorotation. En vissant plusieurs fois les gaz, le moteur redémarre et arrivé sur zone cafouille à nouveau complètement. Alors là, je vais jusqu’au bout et me pose sur un chemin de campagne propriété du Château. Je descends de l’appareil et demande à Catherine de remettre en route. Tout se déroule comme si de rien n’était et nous effectuons du travail sol sans aucune ratée. D’un commun accord, nous décidons de repartir pour Moulineaux en survolant l’autoroute A 13 après avoir demandé l’autorisation de monter à 2000 Ft QNH au lieu de 1500. Pendant qu’elle pilote je regarde comme elle, les zones possibles de posés au cas où. Nous arriverons en bon état et je devrai passer à la PAF pour signaler l’incident. Nous ne saurons jamais ce qui est vraiment arrivé car motus et bouche cousue de la part du propriétaire.
Alors Catherine pas découragée a vécu ce jour-là deux expériences passionnantes et nous allons passer à l’Alouette 2, ce qui fut un régal pour elle. Plus de tours à regarder, de la puissance et une souplesse de pilotage. Elle se débrouillait très bien, avait confiance en cette machine et se sentait très à l’aise. C’est tout juste si j’existai.
Et puis un jour, elle m’annonça que pour des raisons personnelles, elle abandonnait. Cela me fit un choc, car je savais qu’elle n’était pas loin de la fin. Ce fut un vide pour moi et en plus je n’avais aucune nouvelle.

Cliquez pour agrandir la photo des retrouvailles à Albi - Photo collection JMPDix huit années ont passé et un jour un e-mail m’est arrivé, elle souhaitait que l’on se revoit. Cela m’a fait un plaisir énorme, elle ne m’avait pas oublié. Nous nous sommes retrouvés à Albi avec son compagnon Stéphane et avons passé une merveilleuse journée.
Avouez que c’est une belle histoire.
Merci Catherine et Stéphane !

 Cliquez ici pour lire le récit de Catherine intitulé : "La rencontre".

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