A ne jamais faire !

Publication : 9/06/2015 Auteur(s) : François

Lors d'un exercice dans le Vallon du Saut en 1985 avec l'Alouette 3 F-ZBDN - Photo © François BOURRILLONC’est un après-midi tranquille à la Base Sécurité civile de Marignane (13). Nous sommes en 1987.
Comme bien souvent lorsque nous attendons une alerte, nous refaisons le monde tranquillement installés dans les canapés fatigués de la vieille salle de repos qui se trouve au fond du hangar réservé aux hélicos de la Base de Marignane (Dragon 131, l’Alouette et Dragon 132, le Dauphin).
Comme d’habitude, il y a comme un silence accompagné d’une petite décharge d’adrénaline lorsque la ligne d’alerte retentit.
Le pilote, Christian L. décroche : le CODIS 13 est en ligne et nous demande d’intervenir. Il s’agit d’une jeune femme qui vient de faire une chute en cours d’escalade au Vallon du Saut. Selon les premières informations, elle est inconsciente.
Le Vallon du Saut se trouve sur la commune de Châteauneuf-les-Martigues à quelques minutes de vol de la Base et on le connaît bien pour y faire régulièrement des exercices d’hélitreuillage.
Quelques instants après le sifflement si caractéristique de la mise en route de la turbine de l’Alouette, nous sommes en stationnaire à quelques dizaines de mètres du sol demandant l’autorisation à la tour de contrôle de l’aéroport de Marignane de couper l’axe des pistes.
Le lieu de la chute est très rapidement localisé. Christian effectue une reconnaissance de la zone puis décide un posé à proximité du lieu où se trouve la jeune femme. Quelques personnes sont à côté d’elle et de toute évidence son état est grave.
Exercice de "Dépose patin" pour l'Alouette 3 F-ZBDN - Photo © François BOURRILLONL’approche finale se fait entre deux parois très proches, ce qui demande au pilote une grande concentration. Soucieux de ne pas faire perdre de temps à la prise en charge médicale, j’ouvre la porte arrière latérale de l’Alouette et me prépare à descendre. Persuadé que les roues sont posées, je saisis le sac « montagne » et sors de la machine. Je n’ai pas réalisé tout de suite que nous étions encore en l’air et que Christian avait été surpris par l’allègement brutal !

La mise en condition de ce grave traumatisme cranio-facial se passera sans problème particulier et c’est une jeune femme intubée, ventilée, que l’on installe sur la coquille du brancard de l’hélico (sans aucun commentaire particulier de la part du pilote).
La décision est prise avec la régulation médicale de la transporter à l’hôpital de la Timone où nous arrivons moins de dix minutes plus tard.
Une fois l’accidentée prise en charge par l’équipe médicale de l’hôpital, et comme à chaque fois qu’une intervention qui s’est bien passée se termine, je ressens un immense bien-être, comme un calme absolu après la tempête.

A bord de l'Alouette III ; nous venons de décoller de la base pour le Vallon du Saut - Photo © François BOURRILLONMais ce jour-là une autre tempête va me tomber dessus. Christian me fait un petit signe pour une discussion à part :
Il me dit :
« Ton intervention est terminée ? »
« Oui et ça s’est super bien passé. »
« Tout à l’heure quand tu es descendu de la machine, on n’était pas posé ! »
J’ai senti comme un frisson qui venait troubler mon bien-être…
Je passerai les détails du savon qui a suivi mais qui était bien mérité car allègement inattendu de la machine avait provoqué un stress important chez le pilote...et donc un risque supplémentaire !

J’ai travaillé pendant des années à la Base en respectant à la lettre les consignes de sécurité de l’équipage. Ce sera le seul faux pas que j’avoue en toute humilité.
Christian : Si tu tombes sur ce témoignage, je te présente à nouveau toutes mes excuses. Amitiés.

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