Il m’est très difficile de voir partir un tel passionné du secours héliporté en montagne sans ressentir l’envie et le besoin de signaler ici sa magnifique carrière.
Très jeune, en 1975, Vincent rentre dans l’Armée de l’Air comme élève-pilote de chasse et volera sur "Cap 10", "Fouga Magister" et "T 33 Bird" jusqu’en 1978.
Il quittera ensuite les performances des avions de chasse pour les battements de pales des hélicoptères de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre et sera affecté comme pilote de combat sur la Base des Mureaux, puis par la suite en escadrille d’Etat-major au 1er GHL sur Alouette II et Gazelle SA341 jusqu’en 1984.
Muté sur sa demande à la 2ème Escadrille ALAT de Montagne du 5ème GHL de Grenoble basée au Versoud, il effectue ses premières missions de secours en montagne sur Alouette III et remplace de temps à autre les pilotes de la Sécurité civile grâce à la parfaite collaboration entre les deux Ministères de tutelle (Défense et Intérieur).
Ayant goûté à ce qui deviendra son futur métier, il quitte l’Armée en 1990 pour intégrer le Groupement Aérien de la Sécurité civile
après un stage effectué au sein de la Police Nationale à l’issue duquel, il sera immédiatement affecté à la Base Hélicoptère d’Annecy.
Le jour de son arrivée, assurant les fonctions de Mécanicien d’équipage de permanence, j’eus l’impression de voir arriver chez nous un ancien Pilote de bombardier "LANCASTER" tout droit sorti du film "La bataille d’Angleterre". Et même si l’esprit n’était pas loin (ce qui n’était pas pour me déplaire), en fait, il n’en était rien, je compris très vite les jours suivants que j’avais affaire à un véritable passionné du secours parfaitement intégrable parmi nos plus anciens, qu’ils soient pilotes ou mécaniciens.
Pendant plus de sept années, il effectuera prés de 2500 missions dans les montagnes alpines savoyardes en alternant son service de la région Annécienne aux plus hauts sommets Chamoniards.
Et c’est en 1997 qu’il me rejoindra à la Base de Grenoble et grand fut mon plaisir de me retrouver en vol à ses côtés, nous remémorant parfois nos missions passées les plus difficiles ou les plus rocambolesques. Il se qualifiera sur EC 145 et effectuera le stage de qualification en vol de nuit avec jumelles à vision nocturne (JVN).
Je n’oublierais jamais ce jour où, quittant nos familles à regret à la veille de Noël 1992, nous avions décollé d’Annecy pour nous rendre à Chamonix afin d’assurer la semaine de permanence. Une fois posés sur la DZ des Bois totalement enneigée, nous fûmes obligés de nous frayer un chemin à la pelle pour atteindre notre modeste cabane retrouvée sans eau, sans chauffage et sans électricité...
Alors que j’étais scandalisé par ces conditions, pestant le "système" et personnellement décidé à faire demi-tour, Vincent, lui, sut réagir avec humour pour m’en dissuader. Il m’encouragea à rendre notre triste logement habitable pour le reste de la journée. Nous fûmes correctement dépannés par les services compétents mais... que le lendemain de ce jour de fête.
Et comment ne pas me souvenir de ce posé en catastrophe dans la Vallée Blanche le 22 février 1994 causé par une anomalie de fonctionnement du rotor principal de notre Alouette III F-ZBAW. Quelques mètres avant de toucher le sol, je m’apprêtais à sauter en vol dans l’épaisseur de neige poudreuse, persuadé que jamais il ne parviendrait à poser la machine tant les vibrations insupportables nous malmenaient dans tous les sens.
En 2007, Vincent Saffioti acceptera d’assurer les fonctions de Chef de la Base à
Grenoble se retrouvant ainsi le cinquième responsable de la toute première Base Protection civile créée en 1957.
Décoré de la médaille du Secours en Montagne, de la médaille d’Honneur de la Police et de six médailles pour actes de courage et dévouement dont la "Vermeil", il quittera le service actif le 1er janvier prochain au terme de 36 années de carrière aéronautique totalisant plus de 10 000 heures de vol pour 4500 secours
au cours desquels furent effectués prés de 6000 treuillages en missions opérationnelles de jour comme de nuit.
Puisse-t-il profiter le plus possible d’une longue et belle retraite. En quittant ce travail, il ne connaîtra plus jamais ces merveilleux vols, mais tout ce bon temps qui s’offre à lui maintenant, celui-là non plus, il ne l’aura pas volé.
Bienvenue au club, mon cher Vincent !
MAJ 03/06/2012
• Cliquez ici pour lire l’article de Marc Lafond intitulé "Fin de carrière".
• Cliquez ici pour lire également "Trois figures du secours héliporté tirent leur révérence".
MAJ 05-06-2021 |