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Jean Boulet - Helico-Fascination

Jean Boulet

Pilote au 17 records du monde

Publication : 26/05/2009 Auteur(s) : Papycoptere


Né à Brunoy dans l’Essonne en 1920, rien ne le prédestinait à cette carrière fabuleuse dans le monde de l’Aéronautique. En 1940, il entre à Polytechnique avec un camarade de promotion appelé André Turcat. De 1942 à 1944, il suit les cours de « Sup Aéro » à Toulouse. Ecole aux USA sur PT 13 - Photo © XIl se retrouve aux États-Unis comme Officier Pilote et débutera son stage sur PT 13, puis sur T6 avant de terminer sur P 47 en février 1946. Il quitte l’armée en 1947 et rentre à la SNCASE, cette société accueillant les premiers polytechniciens brevetés aux USA. Jacques Lecarme est alors Directeur des Essais en Vol et demande à Jean Boulet de s’occuper des futurs essais d’hélicoptères en cours de développement. Pas d’école de ce type en France, il repart aux USA car il possède sa licence américaine de Pilote avion. Il y retrouve Claude Dellys. La société « Helicopter Air service » dispose entre autres de Sikorsky S-51. Le premier vol fut une catastrophe puisque sur une erreur du pilote instructeur l’appareil fut détruit. Sorti indemne, Jean ne se décourage pas et rejoint une autre école. Il devient alors le 8ème pilote Français breveté hélicoptères par la FAA le 23 février 1948.
Essais du SE 3101 - Photo © XDe retour en France, les choses sérieuses peuvent commencer car le SE 3101 et SE 3000 l’attendent. Il faut savoir qu’à cette époque, le Brevet de Pilote d’Essai d’Hélicoptères n’existait pas, il ne sera discerné qu’à partir de 1962.
Les premiers essais du SE 3101 furent confiés à Stackenburg spécialisé dans les autogires.
Lorsque fut décidé d’enlever les amarres, l’appareil malgré toute la puissance utilisée, resta au sol. Jacques Lecarme demanda alors à Jean Boulet, pesant 15 kg de moins d’essayer et effectivement il put soulever l’appareil de 30 cm : c’est le début de sa carrière de Pilote d’essai. Trois mois plus tard, il effectuait le premier vol du SE 3000, extrapolation du FA 223 allemand. Cet hélicoptère était équipé de deux rotors latéraux mus par un moteur BMW de 1000 cv.
En 1949, il présentait officiellement le 3101 au meeting d’Orly. En 1950, il fut prêté à la SNCAN pour les essais du Nord 1710, appareil ayant la particularité d’avoir une hélice arrière axiale soufflant sur des volets horizontaux et verticaux. C’est à Montesson, non loin de Paris, qu’eut lieu le premier vol. Au 11ème vol, l’hélicoptère s’écrasa et Jean eut la chance de s’en tirer... une pale n’étant pas passée loin !
Au printemps 1951, la SNCASE s’installa à Marignane et le rappela pour effectuer les vols de réception des avions « Mistral » et « Vampire ». Il effectua un stage au CEV et obtint le brevet réacteur N°12 en 1952. La société, pour des raisons de sécurité avait doté les appareils de sièges éjectables. Celui qu’il devait réceptionner, le N°98 lui a créé quelques problèmes. Avant le décollage, il avait demandé au mécanicien d’armer le siège, ce qui lui a sauvé la vie. En effet, parti de 12 000 m pour une série de décrochages, l’appareil partit en vrilles incontrôlables et à 1000 m il dut s’éjecter. Il était le premier.
Georges Héreil demanda à Jean de choisir une spécialité et ce dernier se décida pour le vol vertical. Il devint chef de base à Buc le 1er mai 1953.
Sur Sikorsky H-34 - Photo © XUn nouvel appareil avait vu jour, le SE 3120 « Alouette 1 ». Son premier record du monde lui tendait les bras et le 2 juillet 1953, sur un parcours Buc-Etampes-Rambouillet-Buc il avait couvert en 13 h 56 mn, 1252,572 km soit une moyenne de 108 Km/h. Le record du R5 de Sikorsky était battu. Qui plus est, il battait aussi les records sur 100 km : 110,314 km/h, sur 500 km : 107,193 km/h et 1000 km : 108,813 km/h.
En 1954, la société prit la licence de construction des hélicoptères Sikorsky S-55 « Éléphant Joyeux » Jean Boulet et Gérard Henry devinrent les instructeurs sur ces appareils.
Le 12 mars 1955, Jean Boulet décolla pour la première fois « l’Alouette 2 ». Avec Charles Marchetti, ils vont se lancer sur le chemin des records. Le premier sera celui d’altitude le 6 juin 1955 avec 8 209 m à la verticale de Buc. Les vols en haute montagne permirent de se familiariser avec les réactions de la turbine en atmosphère raréfiée et conditions météo difficiles.
Sauvetage au Refuge Vallot en 1956 - Photo © XEn 1956, Boulet et Petit iront sauver un alpiniste au refuge Vallot à 4 362 m. Puis ce sera le drame Vincendon et Henry, où Boulet et Henry vont intervenir avec deux Alouette 2 pour récupérer les pilotes et guides à la suite de l’accident du Sikorsky H-34.

A l’approche du Salon du Bourget de 1957, la société devint Sud-Aviation et présenta une version carénée par Raymond Lewy et appelée « Gouverneur ». En 1958, une Alouette 2 spéciale fut créée. Elle comportait le rotor et la turbine de la future Alouette 3. Le SE 3150-001 monta à 10 984 m. Quatre jours auparavant, il était monté à 9 583 m mais le record ne fut pas homologué. Avec 10 984 m, Jean Boulet battit les records de montée à 3000 m : 5 mn 30 sec, 6000 m : 11 mn, 9000 m : 17 mn 43 sec.
Le 28 février, Jean effectuera le premier vol de la SE 3160 « Alouette 3 » et avec la 002, il ira en Inde pour atterrir sur le Mont Deo Thiba à 6004 m avec deux personnes à bord et 250 kg de matériel.
En 1959, c’est le premier vol du SE 3200 « Frelon » avec Coffignot et Besse mais l’appareil sera abandonné faisant place au 3210 « Super Frelon » dont il effectuera le premier vol le 7 décembre 1962.
En juillet 1963, Jean et Roland vont battre trois records du monde de vitesse. Jean Boulet se prepare pour le record avec le SA-315B Lama F-BPXS le 21 juin 1972 - Photo DRL’appareil avait été modifié par l’aérodynamicien Marcel Riffard. Le résultat : record sur base de 3 km : 341,23 km/h, sur base de 15 à 25 km : 350,47 km/h et sur base de 100 km : 334,28 km/h.
Jean Boulet assura les premiers vols des SA 330 « Puma », SA 340 « Gazelle » puis SA 341 équipé du célèbre « Fenestron » due à René Mouille.
En 1969, il effectue le premier vol du SA-315B Lama, véritable grue volante, et le 21 juin 1972, il atteint 12 442 m, record toujours invaincu et effectue la plus longue autorotation.
Jean Boulet sur hydroptère H-890 en 1974 - Photo © AérospatialeEn 1974 et 1976, Jean s’essaie à une autre discipline, il pilote sur l’étang de Berre des bateaux volants, les « hydroptères » H-890 et H-891. Mais ces engins seront abandonnés faute de crédits.
En 1975, il quitte les Essais en vol mais reste Chargé de Missions auprès de la Direction. Il sera remplacé par Jean-Marie Besse.
Enfin en 1979, il remporte la Coupe Henri Bories à Deauville avec Dominique Orbec sur AS 350 Écureuil.

Aux Championnats de France au Mans avec de gauche à droite : M. Durieu (jet system), René Romet, Jean-Marie Potelle et Jean Boulet - Collection JMP - Photo © X - en cas d'observation sur le copyright de cette photo merci de nous contacterJean Boulet a fini sa carrière avec plus de 9 000 heures de vol dont 8 000 sur hélicoptères. Aujourd’hui, il vit dans le sud de la France ; il est quand même monté à Paris pour les 50 ans du premier vol de l’Alouette II fêtée à Toussus-le-Noble non loin de Buc.

Grand merci pour tout ce que vous avez fait pour nos chères Voilures Tournantes et au plaisir de vous revoir prochainement à Aix.

Carrière et distinctions de M. Jean Boulet

Carrière
Jean Boulet lors du record d'altitude le 13 juin 1958 - Photo DR1942 : Ingénieur Polytechnique
1944 : Ingénieur Sup Aéro
1945 : Pilote militaire N°32793
1947 : Ingénieur pilote SNCASE
1948 : Brevet N°8 de pilote hélicoptères FAA
1952 : Promotion pilote d’essai CEV
1953 : Directeur Essais en vol division hélicoptères
1954 : Brevet PPH N°3
1955 : Brevet pilote d’essais avions N°148
1957 : Ingénieur navigant d’essais
1962 : Pilote d’essai hélicoptères N°12
1975 : Quitte les essais en vol et devient chargé de missions de l’Aérospatiale jusqu’en 1983.

Distinctions
Jean Boulet devant l'Alouette 3 F-BNOC - Photo DR1956 : Chevalier de la Légion d’Honneur
1956 : Médaille du Mérite Civique
1957 : Médaille du sauvetage et du dévouement
1957 : Médaille de l’Aéronautique
1961 : Prix Icare (Associations des Journalistes Aéronautiques)
1967 : Grande Médaille de l’Aéroclub de France
1973 : Officier de la Légion d’Honneur
1974 : Grand Prix de l’Association Aéronautique et Astronautique de France
1975 : Grande Médaille d’Or des Vieilles Tiges
1976 : Pilot of the Years de la HAA
1979 : Vice Président American Helicopter Society
1979 : Remporte la Coupe Henri Boris
1981 : Président Fondateur du GFH
1982 : Prix de la Commission histoires, arts et lettres de l’ACF
1983 : Membre de l’Académie Nationale de l’Air et de l’Espace
1984 : Trophée « Sir Richard Fairey » décerné par le Prince Andrew au Royal Club d’Angleterre.

Jean Boulet raconte les essais du SE 3101
Extrait du reportage "Le rêve de l’hélicoptère" - Réalisation Eric DIETLIN - Production : VIVA


Rétrospective en photos
Photos extraites des archives personnelles de Jean-Marie Potelle

Vos commentaires

  • Le 15 février 2011 à 15:52, par Chris En réponse à : Jean Boulet

    Une bien triste nouvelle en ce 15 février 2011 ; un grand parmi les grands vient de nous quitter hier soir...
    Mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Jean...
    Chris

    Répondre à ce message

  • Le 15 février 2011 à 17:51, par Chris En réponse à : Jean Boulet

    Avec le coeur serré... je vous souhaite bon vol...
    Dax, brevet hélico n°1200

    Répondre à ce message

    • Le 15 février 2011 à 22:21, par Chris En réponse à : Jean Boulet

      Bien triste nouvelle, en effet...
      Lui qui adorait voler, est parti pour son dernier vol...
      Son nom restera comme une trace dans le ciel des Voilures Tournantes, lui qui a tant apporté à ces Engins !
      Bon Vol Mr Boulet.

      Répondre à ce message

  • Le 16 février 2011 à 11:16, par Chris En réponse à : Jean Boulet

    Hommage au grand ancien et condoléances à la famille.
    Brevet OPH Dax 1077

    Répondre à ce message

  • Le 16 février 2011 à 19:32, par Chris En réponse à : Jean Boulet

    Chapeau bas, vous avez fait la France.

    Répondre à ce message

    • Le 16 février 2011 à 22:57, par Chris En réponse à : Jean Boulet

      Un pionnier de la voilure tournante vient d’effectuer son ultime tour de pale... bien triste nouvelle, quelle belle carrière, l’hélicoptère vous doit tant...

      Répondre à ce message

  • Le 21 février 2011 à 09:39, par Chris En réponse à : Jean Boulet

    16 juin 1948, vous étiez aux commandes du se 3101... quelques minutes de vol à 30 cm du sol... cette photo m’a toujours suivie dans ma carrière de mécanicien de l’ALAT... GRAND RESPECT MONSIEUR JEAN BOULET ; VOUS ET LES ANCIENS DE LA SNCASE.... vous avez ouvert et suscité de nombreuses vocations de pilotes et mécaniciens avec le même esprit aero et des voilures tournantes... vous serez toujours avec les équipages en vol sur Alouette ll, Alouette lll, Puma 330...
    MERCI POUR TOUT CE BONHEUR...
    John... Buffalo...

    Répondre à ce message

    • Le 28 février 2011 à 23:07, par Chris En réponse à : Jean Boulet

      Mr BOULET,

      avec votre disparition, c’est toute une page de l’histoire des hélicoptères qui se tourne. Celle-ci laissera néanmoins à jamais une trace dans les mémoires de l’aviation. Merci pour tout ce que vous avez fait ; c’est grâce à des gens courageux comme vous que de si belles machines ont pu un jour s’élever pour notre plus grand émerveillement et pour la reconnaissance de l’industrie aérospatiale française.

      Toutes mes condoléances sincères à la famille.

      " Un pilote ne meurt jamais, il s’envole juste et ne revient pas " Antoine de Saint-Exupéry

      Passionné des voilures tournantes et en particulier de la génération Alouette / Lama / Gazelle / Super-Frelon.

      Répondre à ce message

  • Le 8 mai 2011 à 00:21, par Chris En réponse à : Jean Boulet

    Bonjour,

    La création de ce nouveau mode de transport fut des plus ardue, tant la complexité était grande et les moyens empiriques.

    Vous en êtes l’un des artisans discret, et vous en remercie. Au paradis des pilotes, vous serez modeste comme vous le fûtes tant sur cette terre.

    Modèle vous resterez, et dans nos cœurs nous vous garderons.

    Dans les meetings aériens, votre nom aura sa place pour que les générations à venir sache votre œuvre réalisée avec vos équipes.

    A celles et ceux qui restent et qui furent à vos côtés, je leur adresse mes plus sincères condoléances.

    Pierre BUFFET

    Répondre à ce message

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