René Romet l’as des as

mardi 18 décembre 2012

Article extrait du magazine du Kilimandjaro et du K2 à Courchevel N°6.
Pilote d’hélicoptère le plus décoré de France, René Romet fêtera, en 2013, ses soixante ans de carrière. A la veille de terminer son livre de souvenirs, ce passionné nous fait partager quelque’uns des grands moments de sa vie entre ciel et terre.

Tout commence un jour de juillet 1950 à Toulon. René Romet a alors quatorze ans : « J’étais sur la plage avec des amis lorsqu’un hélico, qui patrouillait dans le coin, s’est mis en stationnaire au-dessus de nous. J’ai fait discrètement un signe au pilote, qui m’a répondu. Pour le gamin que j’étais, c’était incroyable ! J’avais l’impression d’être entré en contact direct avec ce pilote et, en arrivant à la maison, j’ai annoncé fièrement à mon père que je voulais devenir moi aussi pilote d’hélicoptère. Mon père, qui était mécanicien dans la Marine, m’a fait remarquer que mes résultats scolaires ne prêchaient pas en ma faveur.  » Qu’importe, René Romet a de la suite dans les idées et une volonté à toute épreuve.

A cœur vaillant, rien d’impossible
À dix-sept ans, il s’engage dans la Marine et devient mécanicien plongeur-sauveteur sur hélicoptères. Il part pour l’Indochine et demande à devenir pilote. La réponse prend la forme d’un « Non » sans appel. Il participe à la guerre d’Algérie, où il rencontre le colonel Crespin, auprès de qui il réitère sa demande. « L’armée de terre recrutait en faisant passer des tests psychotechniques et lui avait compris, je crois, mon rêve de gosse. » René Romet va remporter une première revanche sur la vie en devenant pilote. S’enchaîneront quelques autres pieds de nez au destin, notamment lorsqu’il obtiendra son diplôme d’instructeur pilote avion et hélicoptère de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT) et qu’il formera les pilotes de la navale. « J’ai participé à trois cent-cinquante missions de guerre, et je garde encore en mémoire cette fois où mon appareil a été pris pour cible en Algérie. Une belle montée d’adrénaline !
Je me souviens aussi de l’hélitreuillage d’un amiral anglais, une opération épique et quelque peu mouvementée, qui a longtemps fait dire dans la profession : « Romet, c’est celui qui a déposé l’amiral dans la cheminée du bateau !  ».

Du militaire au civil
Lorsqu’il quitte l’armée, en 1970, René Romet ne range pas sa casquette de pilote. Bien au contraire. Il entre dans la Sécurité Civile, en Corse d’abord (patrie d’origine de sa mère), puis dans les Pyrénées, avant de rejoindre Annecy. Là encore, il s’impose comme le meilleur. Sa gouaille et son sens de la communication font des merveilles : il compte parmi ses amis des pointures du show-biz, Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo, il s’invite dans des émissions télévisées (Michel Drucker l’accueille dans Stars 90), il compte quelques élèves célèbres, comme Christophe Déchavanne ou Nadine Vaujour. « Nous étions dans les années 80, et un jour, je vois arriver dans l’un de mes stages de pilotage, un petit bout de femme qui n’avait pas froid aux yeux. » Le petit bout de femme en question fera évader de prison son mari, Michel Vaujour, en pilotant elle-même l’hélicoptère à bord duquel elle l’hélitreuillera. « Quand elle est sortie de prison, elle est revenue me voir à Annecy et a fait un reportage avec Antenne 2. C’était sa façon à elle de « réparer » ma mise en lumière bien involontaire dans l’une des affaires d’évasion les plus célèbres de cette décennie-là. »

Spécialiste des sauvetages extrêmes, René Romet est à l’origine de la création de la base du SAF (Secours Aérien Français), à Courchevel. C’était en 1981 et, aujourd’hui encore, ce centre de secours en haute montagne intervient régulièrement en toutes saisons.

Chapitre trois
Le troisième grand chapitre de sa vie professionnelle, René Romet l’écrit en 1994. Deux ans plus tôt, il a abandonné la Sécurité civile avec un palmarès impressionnant, 13.000 heures de vol, 2.000 missions de secours et quelque 2.500 personnes sauvées.
L’aventure continue, avec la création de Héli Secours Assistance, dont la vocation est triple : formation de sauvetage en montagne, perfectionnement et négoce d’aéronefs.

« Pour durer, il faut exister  » clame haut et fort celui qui n’envisage pas de mettre un terme à sa carrière. « J’ai formé environ 600 pilotes et je continue de former les instructeurs qui, à leur tour, apprendront tout du métier aux pilotes d’essai à Istres. J’aime l’idée de passer le flambeau. »

Aujourd’hui, deux de ses trois fils perpétuent la tradition et sont, chacun, à la tête de leur société. Parlant de Dominique, René Romet plaisante : « C’était mon fils, aujourd’hui, c’est mon père ! C’est moi qui lui demande des conseils. » Et la peur ? Ne se glisse-t-elle jamais dans la cabine d’un hélicoptère ? « J’avoue que chaque fois que je vois un pilote décoller, j’attends de savoir s’il a bien posé son appareil. Pour mes fils, en plus, il y a l’angoisse du père ! Mais on s’habitue. Et puis, je dis toujours : « Cesser de risquer, c’est cesser d’être un chef ».

« Je suis enquêteur des accidents d’aviation, en particulier d’hélicoptères, et j’ai constaté que sur 10 accidents, plus de 9 sont dus à une erreur de pilotage. Quand on vole, il faut être tout à fait bien dans sa tête. À 100 % !  » Et s’il devait avoir un regret, René Romet ? Peut-être celui de n’avoir pas pu faire homologuer la pose de son hélicoptère sur le toit du monde. Mais comme toujours, il aura le mot de la fin : « J’ai formé Didier Delsalle, le pilote d’essai qui s’est posé en Mai 2005, au sommet de l‘Everest, à 8.850 m avec son Écureuil/Astar B3. » Indépendamment des records, et René Romet en détient quelques-uns. Ce professionnel hors normes, baptisé par ses pairs le « sauveteur de l’impossible », avoue que « sauver des gens reste le plus beau métier du monde. » Source

 Cliquez ici pour en savoir plus sur René Romet

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