Pascal Brun : La montagne vue du ciel
lundi 21 juin 2021
Thierry Lyonnet rencontre Pascal Brun, un des meilleurs pilotes d’hélicoptères de montagne. Un métier hors-norme qui a forcé le pilote à avoir les pieds sur terre et la tête dans les nuages.
Pascal Brun est connu pour être l’un des meilleurs pilotes d’hélicoptères en milieu montagnard. Dans le ciel, survolant la vallée de Chamonix où il habite, ils transporte toutes sortes de choses, du matériel d’approvisionnement pour les lieux difficilement accessibles mais aussi des chercheurs, des gardiens de refuge, des touristes... Il réalise aussi des sauvetages compliqués en équipe avec le peloton de gendarmerie de haute montagne, le PGHM.
L’APPEL DE LA MONTAGNE
Quelques heures avant cette interview,Thierry Lyonnet et Pascal Brun étaient au Goûter à 3 835 mètres d’altitude. Un refuge situé sur la voie normale d’accès au sommet du Mont Blanc. Une journée lambda pour le pilote qui depuis 36 ans accumule les missions aériennes de tout ordre.
La vallée de Chamonix n’a plus de secrets pour Pascal Brun qui y réside depuis 1960. Dès son plus jeune âge, il est attiré par la montagne qu’il affectionne particulièrement. Souffrant de vertige, Pascal Brun a vite abandonné l’idée d’être guide. "Un jour le vrombissement d’un hélico a attiré mon oreille puis mon regard et puis gamin on se passionne pour toutes ces choses-là" raconte-t-il. C’est par les airs que le jeune montagnard atteindra les sommets. Pour lui l’hélicoptère "c’est la magie de quitter la planète sans faire le moindre effort !".
DEVENIR PILOTE D’HÉLICOPTÈRE
Après un bac de philo, devenir pilote ne paraît pas évident, pourtant rien n’arrête Pascal Brun. Il s’engage dans l’armée pour se former et part en mission au Tchad où il n’est pas forcément en accord avec la manière dont est gérée la mission, même si cela "a été une excellente école de formation". Après cinq années, il quitte l’armée pour rejoindre le monde civil et créé en 1992 son entreprise, Chamonix Mont Blanc Hélicoptère.
Malgré ces milliers d’heures de pilotage et sa formation spécialisée, il n’est pas aisé de voler avec des charges de plusieurs kilos suspendues à l’hélicoptère dans un environnement aussi escarpé que la montagne. "Cela réclame une précision importante, il ne faut pas trembler" témoigne le pilote aguerri.
LE SECOURS EN HAUTE MONTAGNE
La plupart du temps, Pascal Brun transporte des passagers ou du matériel en haute montagne. Parfois, le PGHM fait appel à lui en renfort sur des missions de sauvetages compliquées à cause de la météo ou du peu d’accessibilité. "Quand vous avez dans la machine un secouriste qui vous donne toute sa confiance et que vous savez que de l’autre côté il y a quelqu’un dont la vie va peut être dépendre de votre qualité d’intervention, vous sortez les bouchées doubles et puis en avant" témoigne-t-il. Son surnom de "Joker" que lui donne l’équipe du PGHM prend tout son sens lors de ces missions de haute voltige.
Des missions compliquées qui ne finissent pas toujours bien et bouleversent humainement. Pascal Brun en sait quelque chose, lui qui a perdu de nombreux amis chers mais aussi son fils aîné, féru de pilotage également, que la montagne n’a pas épargné. "Il n’y a pas une journée où je vole dans ce massif du Mont-Blanc sans penser aux gens que j’aime et qui ne sont plus là, en particulier mon gamin puisque je vole avec sa musique sur les oreilles en permanence" s’émeut-il. Source : RCF.fr