Lucien LABOUS nous a quittés...

mercredi 1er juillet 2020

Lucien Labous nous a quittés le 16 juin 2020. Pour les plus jeunes d’entre nous, le patronyme “Labous” n’est pas inconnu au Groupement d’Hélicoptères, tout simplement L'Alouette 2 F-ZBAN Dragon 29 équipée du treuil de 25 m- Photo DRparce que Lucien était le père d’Hervé chef de base de Besançon jusqu’en 2020.
Lucien est de la génération des “Compagnons de l’Alouette”, celle qui a créé le GH des années 80/90 puis, plus tard, observera l’évolution des années “BK117”.
En 1961, alors qu’il est officier de CRS à Orléans, Lucien Labous est âgé de trente ans quand il répond à une demande du Service National de la Protection Civile qui recrute ses futurs pilotes d’hélicoptère dans les Compagnies.

Sorti breveté de Dax, il intègre les équipages du Groupement d’Hélicoptères.
Après deux années passées à Issy-les-Moulineaux, il assure le convoyage de l’Alouette II F-ZBAN vers Quimper où il ouvre, en 1963, la Base Hélicoptère dont il devient ainsi le premier chef. Il y retrouve ses origines bretonnes et Pleyben, le village d’origine de la famille que son père avait quitté pour être palefrenier dans les haras nationaux.

Après 7 années passées à Quimper il prend le commandement de la base de Granville.
L'Alouette 2 F-ZBAN Dragon 29, équipée de sa flottabilité de secours, de la Base Protection civile de Quimper, posée sur le phare de Nividic (29) - Photo DRLe 14 juillet 1972 reste une date clé dans la vie de Lucien Labous. Aux commandes de son Alouette II, avec Michel Jamin Mécanicien Sauveteur-Secouriste, il réalise un vol programmé de surveillance du littoral. Alors qu’il survole les îles Chausey, un affaissement du palier arrière oblige Lucien à poser en autorotation tout en évitant les plages bondées de touristes. Grièvement blessé suite à ce crash, il perd son aptitude PN (personnel naviguant) ce qui ajoute au traumatisme de l’accident... A partir de cet accident seront mises en place les ASH (Analyse Spectrale de l’Huile) que tout navigant a bien connues.

La suite de sa carrière sera désormais dédiée à l’encadrement ; en 1973 il est nommé à l’échelon central d’Issy-les-Moulineaux en qualité de chef de la division opérationnelle du GAMI, Lucien Labous, Pilote Protection civile, avant 1975 - Photo DRGroupement Aérien du Ministère de l’Intérieur. Il peut faire ainsi profiter les autorités parisiennes de son expérience de navigant en base.
Responsable des stages Survie Mer à Nice, Lucien s’évade trois fois par an de la vie parisienne et retrouve l’ambiance opérationnelle au milieu des navigants des bases. A l’époque ces stages, au profit des équipages avion et hélicoptère, durent deux semaines et participent directement au maintien d’une culture commune propre aux Moyens Aériens. Cohésion de l’équipage et culture du Service Public restent essentielles pour Lucien. Nul besoin de théoriser, l’homme est au cœur de tout…
Après 15 années au GAMI, il intègre en 1987 la Mission du Service National Police au Ministère de l’Intérieur avant de prendre sa retraite en 1989.

Père de cinq enfants, il perd trop tôt son épouse Marie-Jeanne en 2000. Il aura la joie de voir l’un de ses fils, Hervé, assurer la relève jusqu’à être, pendant quelques années, chef de la base de Granville et même, clin d’œil d’une vie, voler avec Michel Jamin. Lucien suivra ainsi l’évolution du GH tant sur le plan technique que sur le plan opérationnel.
En 2013, accompagné d’Hervé, il peut participer aux cérémonies du 50ème anniversaire de la base de Quimper. Ce jour-là, les équipages du Dragon 29 rendent hommage à “leur” premier chef de base, heureux de vivre ce moment unique.

Au moment de son accident en 1973, Lucien Labous comptabilisait 2000 heures de vol. Il était officier de la Légion d’Honneur et officier dans l’Ordre du Mérite Maritime. Sa présence physique et sa voix de stentor impressionnaient. Les suites de son accident, au-delà du traumatisme psychologique, étaient visibles à un œil ; ceux qui le connaissaient savaient malgré tout voir son regard pétillant et malicieux. Lucien Labous, à l’humour parfois féroce, était de ces hommes qui forcent naturellement le respect.

L’année où Lucien disparaît, Hervé quitte le service actif. Ainsi le nom de Labous aura-t-il été intimement lié pendant 60 ans au GH. Que les nouvelles générations sachent ce qu’elles doivent aux pionniers des années soixante qui ont inventé le métier car avec la disparition de Lucien, c’est un grand nom du GH qui s’en va. Merci Lucien pour ce parcours, merci pour l’exemple de courage et d’abnégation donné en ce 14 juillet 1972. Le nom de Labous reste associé à jamais à l’histoire du GH.

Philippe JOLY

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.