Journée de la femme : l’aéronautique navale au féminin

samedi 6 mars 2010

Dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme, le musée de l’Air et de l’Espace est le rendez-vous incontournable de l’aviation au féminin, samedi 6 et dimanche 7 mars 2010.

Une cinquantaine d’aéronefs, avions et hélicoptères, civils et militaires, à équipages exclusivement féminins, se retrouvent sur le tarmac du musée du Bourget.

Parmi les 200 femmes pilotes présentes, l’aéronautique navale sera représentée par madame Nadine Zanatta, première femme pilote de Super Frelon dans l’aéronautique navale et par l’enseigne de vaisseau Cindy Chambon.

Portrait croisé : deux femmes de l’air et de caractère

Deux femmes : Nadine Zanatta et Cindy Chambon. Deux pilotes, deux générations de marins. A 19 ans, Nadine Zanatta s’est engagée en 1983 comme matelot. Brevetée pilote en 1989, elle a volé sur Alouette II et III, Dauphin et Super Frelon. Elle totalise 2 800h de vol.

Actuellement affectée à la flottille 32F, l’enseigne de vaisseau Cindy Chambon est entrée dans la Marine en septembre 2002 en tant qu’élève officier pilote de l’aéronautique navale (EOPAN). Elle avait 21 ans. Huit ans plus tard, elle est une femme accomplie et un pilote professionnel.

Avez-vous connaissance du livre de Chantal Desbordes (1ère femme amiral de la marine française) et quel regard portez vous sur son parcours ?

C.C : C’est une femme qui s’est battue pour la condition féminine dans la marine. Elle a su se faire entendre tout en étant militaire mais également en gardant sa féminité.

N.Z : Je ne connais pas bien Chantal Desbordes mais je l’ai croisé quelquefois fois à l’état-major à Paris. Néanmoins de façon générale, je pense qu’une intégration est réussie lorsqu’elle atteint tous les niveaux de grade, et donc tous les postes qui en découlent, et qu’on n’entend plus parler de "première ". Par conséquent son accès au grade d’amiral reflète un déroulement de carrière normal, obtenu par son travail et ses compétences. Vivement qu’il y en ait d’autres pour confirmer.

Quelle est la situation des femmes dans l’aéronautique navale ? Leur spécialité, leur grade, leur situation familiale, leurs relations avec les marins de la base...

A-t-elle évoluée ? Le taux de féminisation sur les navires (8%) et dans l’aéronautique est-il similaire ?

C.C : Je pense que les femmes commencent vraiment à avoir une place reconnue dans l’aéronautique navale, quel que soit leur grade ou spécialité. La plupart des marins pensent qu’une « pointe de féminité » dans la Marine a beaucoup apporté dans les relations et les ambiances de travail. La proportion de 10% de femmes dans la Marine est d’ailleurs respectée, que ce soit sur bâtiment ou dans l’aéronautique.

Avez-vous le sentiment d’avoir choisi un métier d’homme ?

C.C : Parfois, car rares sont les femmes dans ce milieu. Mais il n’y a pas besoin d’avoir une « force masculine » pour piloter un avion ou un hélicoptère !

N.Z : Pour commencer, je ne crois pas qu’il y a des « métiers d’homme », mais des métiers « réservés » aux hommes (par tradition, répartition ancestrale des rôles ou sexisme), comme il y en avait réservés aux femmes (sage-femme ou nounou par exemple).

J’avais choisi non pas un métier exclusivement masculin (il y avait des lustres que des femmes étaient pilotes, avions ou hélicos, militaires et civiles), mais une petite branche, l’aéronavale française, qui n’avait pas encore été ouverte, ce qui ramène les choses à leur juste valeur pour moi !

Quel conseil donneriez-vous à une jeune engagée ?

C.C : Qu’elle devra parfois faire ses preuves, mais qu’il faut toujours y croire et que l’expérience enrichissante de son métier, les voyages et les pays visités, lui feront oublier le reste.

N.Z : Si tant est que j’ai des conseils à donner et qu’elle ait envie de les écouter, ce pourrait être de foncer vers où son désir et sa passion la pousse, et d’accepter aussi que certaines institutions ou personnes aient besoin d’un peu de temps pour évoluer !

Pensez-vous avoir été associées aux changements dans la Marine concernant la situation des femmes militaires ?

N.Z : Oui, je pense y avoir un peu contribué à la fois comme pilote, comme officier embarqué, et pour avoir participé à une table ronde avec le ministre de la Défense en 2000 sur ce thème.

Pensez-vous avoir rencontré des obstacles ? des regrets pour votre carrière ?

N.Z : Oui, j’ai rencontré quelques obstacles, particulièrement pour accéder au Super Frelon, ce que je souhaitais ardemment depuis mon brevet. Les directives de féminisation étaient données, mais l’application s’est faite progressivement, d’abord en unité de servitude (escadrilles) puis en unité opérationnelle (flottilles).

Je n’ai pas de regrets concernant ma carrière, les difficultés vécues m’ont enseignée que la patience et la pugnacité entremêlées sont parfois nécessaires pour atteindre certains objectifs.

Que signifie pour vous le départ du Super Frelon ?

C.C : Le départ du Super Frelon signifie la fin d’une machine mythique qui a œuvrée au sauvetage de centaines de personnes pendant cinquante ans. Malgré son âge, il rend encore de loyaux services. Je suis fière d’avoir été formée sur une machine aussi ancienne.

Cependant, le Super Frelon mérite une bonne retraite.

N.Z : Au revoir et merci pour tes bons et loyaux services, on ne t’oubliera pas. Tous les anciens de Super Frelon (pilotes et techniciens) le considèrent un peu comme un mythe pour sa technologie, ses missions. Mais place à la modernité et aux technologies avancées, il faut aller de l’avant. source
L'Enseigne de Vaisseau Cindy Chambon pose devant le Super Frelon

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