A l’air libre dans le ciel californien

lundi 20 juin 2005

Philippe, 43 ans, était électricien à Argenteuil. Depuis une dizaine d’années, il est pilote d’hélicoptère à Los Angeles, en Californie.
« Mon bureau, c’est le ciel de Los Angeles. Ses autoroutes, ses gratte-ciel, Hollywood... Normal, je suis pilote d’hélicoptère. Du lundi au vendredi, je me lève à 5 heures du matin et file à l’aéroport privé de Van Nuys, dans la banlieue de Los Angeles. De 6 à 9 heures et de 16 à 18 heures, je vole avec deux journalistes en charge du radioguidage pour une radio locale. On se concentre sur les grands axes routiers et ils interviennent en direct à l’antenne pour faire un état des lieux du trafic. Le reste de la journée, je donne des cours de pilotage ou je promène des touristes. Pour 250 dollars le trajet, je fais aussi le taxi aérien entre Van Nuys et l’aéroport international de Los Angeles. C’est rare, mais il m’arrive de travailler pour des équipes de télévision qui réalisent des prises de vues aériennes. Mes journées se terminent à la tombée de la nuit.

L’été est la période de l’année la plus chargée : je vole parfois dix heures par jour. Je travaille aussi le week-end, mais là les horaires sont relax car il n’y a pas de radioguidage. Je gagne environ 50 000 dollars par an (41 270 euros), soit le double de ce que je gagnerais en France. Mais je bosse sept jours sur sept et n’ai guère de temps pour une vie privée. Je suis divorcé et j’aimerais bien me recaser... Plus qu’amicales, mes relations avec les autres pilotes de l’aéroport sont courtoises. En fait, chacun fait ce qu’il a à faire avant tout. J’ai davantage de liens avec mes élèves dont pas mal sont des Européens, puisque l’heure de vol est 50 % moins cher ici. Presque tous me bookent en ligne, via mon site web www.heliclass.com. Après l’hélico, le mail est donc mon deuxième outil de travail... Quand je rentre en France pour les vacances, je passe des publicités dans les revues spécialisées en donnant un numéro de téléphone français où l’on peut m’appeler. Des apprentis pilotes me contactent pour savoir combien je prends de l’heure. Beaucoup en ont marre de travailler dans un bureau et veulent changer de vie. Ça me fait drôle car c’est ce qui m’est arrivé.

Avant, j’étais électricien à Argenteuil, où j’avais mon entreprise. J’ai débarqué en Californie pour les vacances en 1990 et j’ai rencontré une Américaine que j’ai épousée. Depuis, je vis aux États-Unis. En 1991, j’ai gagné un baptême de l’air en hélicoptère à une tombola. Le choc ! J’avais trouvé ma voie. J’ai passé ma licence d’instructeur la même année. Ça a coûté 40 000 dollars, mais, grâce à l’appui financier de ma femme, je n’ai pas eu à dormir dans ma voiture pour payer mes cours comme le font deux de mes élèves aujourd’hui. Très vite, j’ai créé tout seul ma structure pour être à mon compte. C’est facile aux États-Unis : il y a très peu de démarches administratives et tout est plus simple. Par exemple, je ne gère pas la TVA, car les sociétés de services comme la mienne en sont dispensées. Pour autant, je ne veux pas me développer. Je sous-loue les hélicoptères que je pilote et ne souhaite pas en acheter. Encore moins embaucher des pilotes. J’aurais l’impression de perdre ma liberté ». Catherine Graciet source

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