Ils sont les yeux de lynx de la préfecture de police (PP), les policiers cameramen de la base Air, unité unique en France, capturent, grâce à leur caméra fixée sur un hélicoptère, des images retransmises en direct dans les salles de commandement.
Ce jour là quand l’hélicoptère quitte l’héliport de Paris, en fin de matinée, il n’y a pas d’urgence, juste un vol de routine.
Assis derrière le pilote et le mécanicien, c’est le sous-brigadier Pierre Yves, l’un des cinq opérateurs cameramen, qui est aux commandes, non pas de l’appareil, mais de la caméra, petite boule noire fixée sur le patin droit de l’hélicoptère EC 145.
A l’aide de deux manettes, il pilote les mouvements de la caméra, son puissant zoom - un téléobjectif à longue focale - ou le capteur thermique, et visionne les images sur l’écran placé devant lui.
Aimantés par le soleil, les touristes se pressent en masse à la Tour Eiffel. L’opérateur balaie les différents étages ainsi que le pied du monument : "l’hélicoptère est un bon moyen de repérer des mouvements de foule", indique-t-il.
C’est pourquoi, entre autres missions, les hommes de la base Air surveillent les manifestations dont ils sont les mieux placés pour détecter les débordements, incidents ou intrusions dans les cortèges. Les images sont transmises en direct dans les salles de commandement de la PP, permettant aux responsables de faire intervenir immédiatement les effectifs au sol.
Après un survol de Paris, l’appareil se dirige vers des cités sensibles de la périphérie : l’opérateur fait un gros plan sur les toits à la recherche d’objets susceptibles de servir de projectiles contre les forces de l’ordre. Les violences urbaines sont une autre spécialité de cette unité.
Un peu plus loin, sur l’autouroute A86, la circulation est fluide, le policier braque, machinalement, son objectif sur une voiture qui double par la voie de droite : d’un coup de zoom le numéro d’immatriculation apparaît clairement sur l’écran. Lors d’opérations de sécurité routière, menées périodiquement avec les CRS, le contrevenant aurait pu être intercepté par les policiers au sol.
Le Stade de France, en vue, semble endormi. Ce n’est pas le cas certains soirs de matchs, où l’hélicoptère sert à repérer individus violents et autres lanceurs de fumigènes aux abords de l’enceinte sportive à Saint-Denis.
Le vol se poursuit au-dessus de la porte de Pantin. Le policier se souvient qu’il y a quelques semaines il a pu, dans la cadre d’une filature, surveiller, grâce à son puissant objectif, des allées et venues suspectes autour d’une voiture stationnée place de la République, à plus de 3 km de distance.
Parmi les bons souvenirs des policiers volants de la PP, qui maîtrisent parfaitement la topographie francilienne, les escortes de cortèges officiels comme celui du Pape Benoît XVI ou de Barack Obama.
Le sous-brigadier Pierre Yves se souvient de cette soirée où il a été appelé pour retrouver une mère et son enfant perdue en forêt de Fontainebleau. Après plusieurs survols du massif boisé, alors que la nuit était tombée, il est parvenu à distinguer, grâce à la caméra thermique, deux taches de couleurs indiquant des sources de chaleur. Il ne restait plus qu’à guider les pompiers au sol pour prendre en charge les disparus.
L’hélicoptère regagne sa base et refait immédiatement le plein dans l’attente d’une nouvelle mission. En 2009 les policiers de la base Air, mobilisables 24H/24, en ont effectué 329 contre 263 l’année précédente. Chacune d’entre elles dure en moyenne une heure. Boris Horvat source