Bientôt retraité, le Super Frelon assure toujours

jeudi 1er avril 2010

Retirés du service dans un mois, ces hélicoptères sauvent encore des vies. Comme lundi soir, dans le gros temps, loin au large du Finistère. Le chef de bord, Olivier Pellereau, raconte.
Témoignage
« À 18 h 45, le Cross Corsen m’a appelé pour l’évacuation d’un marin malade sur un chalutier du Guilvinec. Le Bara Brenn se trouvait à 175 nautiques dans l’ouest de l’île d’Ouessant. Un peu plus de 300 km. Là, on est presque en limite. Parce qu’il faut pouvoir aller jusqu’au bateau puis rester au minimum vingt minutes au-dessus.
Les Super Frelon auront assuré jusqu'au bout leur mission de sauvetage - Photo archivesC’est le temps qu’il faut pour descendre le plongeur, puis pour que le médecin fasse son diagnostic et nous dise si on peut simplement treuiller le malade ou s’il faut le conditionner sur une civière. Dans ce cas, c’est au moins dix minutes de plus. Cela conditionne le carburant que l’on emporte.

Sept à bord
J’ai fait mettre un réservoir de « pétrole » supplémentaire. On a décollé de Lanvéoc-Poulmic, on était à 12,5 tonnes, dont 3,4 tonnes de kérosène. Nous étions sept à bord : deux pilotes, un mécanicien de bord, un treuilliste, un plongeur, un médecin et un infirmier.
Mais les conditions météorologiques étaient difficiles : 45 à 50 noeuds de vent, 80 à 90 km/h, et de pleine face. On a mis 1 h 45 à rejoindre le bateau. Le compteur affichait 140 noeuds (250 km/h), mais c’était 100 noeuds au sol (180 km/h).
Un avion Falcon 50, parti de Lann Bihoué, nous a guidés vers lui, car à cette distance, nos instruments de navigation ne suffisent pas. L’avantage, c’est que le Falcon 50 nous débroussaille la situation en « préparant » le bateau. L’équipage demande où est le malade sur le navire, s’il peut être amené sur le pont ou non. J’ai aussi imposé la route que devait faire le Bara Brenn et c’est le Falcon 50 qui a transmis ces consignes. Après, on arrive, on treuille, et hop, c’est fini !

Ils ont sauvé 2 000 personnes
Ce qui est très délicat, c’est de rester le plus stable possible, pendant le treuillage, au-dessus d’un bateau qui ne fait que 23 m de long. Et sur une mer très grosse à énorme, avec des creux de 7 à 8 m, le bateau fait le bouchon, il roule d’un bord sur l’autre. Il surfe quand une vague arrive de l’arrière, prend de la vitesse, puis quand il remonte sur la crête, il ralentit. On a eu la chance d’être encore au crépuscule car, dans la nuit, c’est autrement plus difficile.
Une fois le malade à bord, à 21 h 35, on a mis une heure pile pour revenir avec le vent dans le dos. On l’a déposé à la Cavale-Blanche à 22 h 35.
C’est peut-être une des dernières évacuations extrêmes. Dans un mois, on sera sur des hélicoptères EC 225. C’est comme passer de la Caravelle au dernier Airbus A 320. On aura des machines plus silencieuses, moins fatigantes et qui sentent moins mauvais ! Mais on perd une machine attachante et performante, malgré son âge. Depuis 1964, les Super Frelon de la 32 F ont sauvé environ 2 000 personnes
 ». Yannick Guérin source

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