Armée de l’Air : des as entre ciel et terre

mercredi 3 mars 2010

Parmi les personnes hélitreuillées par l’escadron de Cazaux (33), un bébé de trois semaines
Drôle de baptême de l’air ! Le plus jeune passager qui ait jamais volé à bord d’un hélicoptère de l’armée est probablement le bébé, âgé de trois semaines, qui a été évacué, dimanche, dans une ferme à quelques kilomètres de Charron. Entre Villedoux et Charron, hélitreuillage d'une dame âgée par un sauveteur-plongeur de l'escadron de Cazaux - Photo armée de l'air / EH01067) Hélitreuillé par les sauveteurs de l’escadron de Cazaux (Gironde.) Comme il n’existe pas de brassière de petite taille, pour un nourrisson, et que le temps pressait dans la zone inondée, le sauveteur-plongeur qui a pris en charge l’enfant a dû improviser. « Il a installé le bébé dans un sac aménagé et a fixé le crochet de treuillage au sac », explique le colonel Olivier Celo, commandant de l’escadron d’hélicoptères. Après quoi, secouriste et secouru n’ont plus fait qu’un seul corps et ont été hissés ensemble à bord du Caracal.

136 évacuations
Le Caracal est le plus moderne des hélicoptères dont dispose l’escadron spécialisé de Cazaux. Engagé, avec deux Puma, dans les opérations de sauvetage, dimanche dernier, le Caracal permet d’évacuer trente personnes en même temps. Et Dieu sait s’il y avait des gens à secourir, dans les heures qui ont suivi le déchaînement des vents et des eaux.

136 personnes, parfois avec leurs animaux de compagnie, en l’occurrence trois chats et cinq chiens, ont été évacuées à bord des appareils de l’escadron. Les hélicos ont totalisé, à eux trois, dix-neuf heures et vingt minutes de vol, au terme de leur mission, dimanche, vers 20 heures.

Handicapé en fauteuil
Sur les 136 sinistrés évacués par la voie des airs, 77 ont dû être hélitreuillés. Quelques exemples. Dimanche 28 février, les sauveteurs-plongeurs ont arraché aux eaux qui menaçaient de les ensevelir, outre le bébé de trois semaines : une personne trisomique affolée, un handicapé en fauteuil roulant, qui avait de l’eau jusqu’à la taille dans sa maison des Boucholeurs, une dame très âgée, lourdement handicapée, clouée sur son lit baignant dans l’eau, à La Faute-sur-Mer. Elle a été évacuée sur une civière hélitreuillable.

À bord de chaque hélico, outre l’équipage (deux pilotes, deux mécaniciens), deux plongeurs, un médecin et un infirmier. Un Puma est toujours prêt, en alerte 365 jours sur 365. Samedi, après l’alerte rouge de Météo France, le colonel Celo a renforcé ce dispositif. Si bien que, dimanche matin, quand le Centre de coordination des secours, à Mont-de-Marsan, a appelé Cazaux, un deuxième Puma et le Caracal étaient prêts à décoller. Le premier s’est posé à La Rochelle à 8 h 45. Et les militaires ont immédiatement reçu les missions attribuées par le SDIS, en Charente-Maritime et en Vendée.

À Aytré, ils ont déposé dix campeurs sur le balcon du Café de la Plage. À Charron, ils ont évacué vers l’hôpital de La Rochelle un garçon de 11 ans, leucémique, qui avait besoin de sa chimiothérapie. Ils sont intervenus sur des toits de camions, sur les toitures des maisons, dans l’eau, à bord des bateaux pneumatiques des pompiers. Ils ont trouvé des gens en pyjama, surpris dans leur sommeil, hébétés, qui se sont effondrés complètement après avoir été secourus, réalisant qu’ils avaient tout perdu. Du côté de l’Aiguillon et de La Faute-sur-Mer, ces hommes aguerris (1) ont serré les dents : des cadavres flottaient. « Notre métier, c’est précisément agir pour que le bilan soit le moins lourd possible », souligne le colonel Celo, rappelant la devise de l’escadron : « Combattre et sauver ». Christiane Poulin source

(1) C’est l’escadron d’hélicoptères de Cazaux qui est intervenu en Afghanistan, en août 2008, après la mort de dix soldats français.
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04-03-2010 L’escadron d’hélicoptères de la BA 120 a secouru 136 personnes en Charente-Maritime
Ils ont sauvé des vies
Délicate opération d'hélitreuillage, dimanche - Photo DRDimanche matin, Xynthia a frappé. À 8 h 15, sur la base aérienne de Cazaux, l’hélicoptère Puma de l’escadron 1/67 Pyrénées et son équipage décollent direction la Charente-Maritime. Ce Puma est en alerte 365 jours dans l’année et 24 heures sur 24 pour répondre à toute mission de recherche et de sauvetage. Le lieutenant- colonel Olivier Celo n’a pas attendu l’ordre pour mettre en situation de départ deux autres appareils. À 8 h 30 un Caracal - l’appareil permet d’évacuer 30 personnes en même temps - et un second Puma reçoivent l’ordre de partir.

Vingt hommes - pilotes, mécaniciens navigateurs, plongeurs et médecins - sont tous à leur poste même si la moitié était en permission, le « ramassage téléphonique » est efficace. Le dimanche soir, à 19 h 20, le bilan est éloquent : 136 personnes secourues, 77 hélitreuillages et 750 kg de fret transportés, principalement des groupes électrogènes et de l’eau.

La mission
Les trois appareils doivent intervenir sur une zone qui s’étend sur un rayon de 30 km autour de La Rochelle. Les opérations se déroulent en liaison permanente avec le Service départemental incendie et secours (Sdis) de Charente-Maritime. La zone d’intervention comprend des communes très touchées par la tempête : L’Aiguillon, Châtelaillon- Plage, Charron, Aytré, Boyardville, les îles de Ré, d’Aix, d’Oléron.

Une fois arrivés sur les lieux, les plongeurs descendent, évaluent l’état physique des personnes et éventuellement donnent les premiers secours. Puis, c’est l’évacuation par hélitreuillage, un plongeur et une personne, jamais on ne remonte une personne seule. Durant la remontée, le plongeur rassure la personne secourue souvent en état de choc.

Chaque opération est délicate pour le pilote qui doit éviter que les personnes soient projetées sur un obstacle, mur, balcon. Si d’autres hélicoptères de la Sécurité civile, gendarmerie ont été sollicités, les appareils militaires ont une plus grande capacité pouvant évacuer 20 à 25 personnes. Les va-et-vient ont été nombreux toute la journée entre les hôpitaux ou les centres d’accueil.

Respect mérité
Les équipages ont été confrontés à des situations délicates. Un bébé de trois semaines qu’il a fallu hélitreuiller dans un couffin improvisé, une personne handicapée clouée sur son lit dans sa maison inondée ; il a fallu vingt minutes pour la déposer et la sangler dans le brancard. Un couple d’éleveurs a refusé de partir, voulant rester avec son troupeau.

Tous les équipages confirment : « Une fois dans l’hélicoptère, tout le monde craque, pleure. Ceux qui se lamentaient de la perte d’un bien se rendent vite compte qu’ils ont la chance d’avoir la vie sauve ». Les équipages n’évoquent pas les personnes noyées. Ils concluent : « Nous avons aussi récupéré trois chats et cinq chiens ».

L’escadron Pyrénées illustre de façon magistrale sa devise « Combattre et sauver » ; combattre en Afghanistan et sauver des vies en temps de paix avec un professionnalisme, une expertise qui mérite le plus grand respect de tous. Marceau Bonnecaze source

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