XYNTHIA. Philippe Brieux, pilote-instructeur à la tête de la base hélicoptère de la Sécurité civile, à la Rochelle raconte le sauvetage des sinistrés après le passage de la tempête Xynthia
Retour sur le dispositif de secours. Hier après-midi, c’était un relatif calme après la tempête à la base hélicoptère de la Sécurité civile, à la Rochelle. Dans la salle design et agréable où le personnel peut se restaurer et boire un café réconfortant mais aussi, surtout, décompresser des missions de sauvetage, Philippe Brieux ne fait pas le cador.

Ayant toujours en tête l’efficacité du travail d’équipe, ce pilote-instructeur de 48 ans, à la tête de la base depuis 2003, n’est pas un secouriste novice. S’il a dans la poche son brevet depuis 1982, il aligne, comme le veut l’expression consacrée, des heures de vols et autant d’opérations de secours en tous genres, embarqués avec un mécano-treuilliste et des plongeurs sapeurs-pompiers, à bord de l’hélicoptère Dragon 17.

Dimanche dernier, dès 6h30, alors que Xynthia s’est déjà déchaînée sur le littoral charentais-maritime et vendéen, Philippe Brieux, Thierry Gaillard (mécano-treuilliste) et Jean-Christophe Roussies et Christophe Brisset, respectivement Plongeur-sapeur-pompier et pompier du Grimp (groupe d’intervention en milieu périlleux) sont ainsi sur le pont. Ils furent les premiers à apporter du secours par les airs.

"Le Codis (centre opérationnel de secours) nous a envoyé sur une zone d’hélitreuillage, à Aytré, à trois minutes de vol de la base", dit le pilote. Il fait alors encore nuit même si la lune apporte une luminosité appréciable. Le vent souffle lui encore a environ 90 kilomètres à l’heure. A ce moment, l’équipage n’a pas connaissance du désastre. "Nous allons le découvrir au fur et à mesure où le jour va se levé. Une vision d’Apocalypse", considèrent Philippe Brieux et Thierry Gaillard.

Après un premier survol de la zone, qui s’étend sur environ un kilomètre, afin de déterminer d’éventuels obstacles, l’opération d’hélitreuillage commence. Elle durera 3 heures avec au total 36 personnes récupérées et transportées à l’hôpital de La Rochelle.

"Au début, c’est un pompier qui était sur place avec 13 personnes qui nous a guidés en nous faisant des signes avec sa lampe", poursuit le pilote. Dragon 17 dispose de son propre système d’éclairage mais ces signaux du sol, enfin du toit d’une maison entourée d’eau permet d’afiner l’intervention.

"Les gens, choqués et transis, sortait un à un des combles pour se mettre sur le toit. Certains étaient nus ou presque. Ils étaient en hypothermie." Après l’ascension, les nouveaux mots de réconforts font du bien mais ne parviennent pas à chasser l’angoisse du cauchemar. Le cauchemar de la réalité qui vous saisi en pleine nuit et qui laissera longtemps des traces.

Les renforts d’autres hélicoptères de la Sécurité civile arrivent à la Rochelle : " Dragon 56, 29, 33, 50, 76, 34 ", énumère Philippe Brieux. Certains engins iront porter secours à des sinistrés de Vendée. " Le premier arrivé à la Rochelle est Dragon 33. Il y était vers 7h30, ajuste le mécano-treuilliste. On l’a eu en fréquence radio alors que nous étions en train de treuiller ".

L’équipage de Dragon 17 sera aussi celui qui ramènera à l’hôpital de la Rochelle Lucas, 10 ans, que les secours avaient retrouvé à Charron, petite commune mytilcole située à la frontière de la Vendée. " Durant le transfert, l’équipe du Samu que nous avions pris à bord tentaient de ranimer ce garçon ". En vain. Mais la mission continue. " Après, nous avons effectué des reconnaissances afin que les pompiers puissent déployer leurs moyens au regard des besoins ". Eric Chauveau source