Eurocopter sur la piste de l’hélicoptère vert

vendredi 13 novembre 2009

Poussée par les réglementations et les perspectives concurrentielles, la filiale d’EADS booste sa politique environnementale à travers ses produits et ses sites de production. Objectifs : diviser par deux les émissions de CO2 et le bruit de ses hélicoptères.

Photo © Eurocopter, Patrick PennaA l’instar des avionneurs, les hélicoptéristes se mettent au vert, à bord des machines comme dans leurs process de fabrication. Chez Eurocopter, on concède que la montée en puissance des réglementations nationales et européennes pousse à la vertu écologique, mais on affiche la donne environnementale comme un levier stratégique, une source de différenciation sur un marché qui sera de plus en plus concurrentiel. « Ce n’est pas seulement une contrainte, c’est aussi une opportunité pour innover, afin de diminuer les coûts d’exploitation et augmenter la valeur de nos produits », scande Jean-Michel Billig, vice-président R&D du groupe franco-germano-espagnol.

Si Eurocopter rappelle les progrès accomplis depuis plus d’un demi-siècle – bruit divisé par trois et émissions de CO2 réduites de 25 à 30 % entre la première gamme des Alouettes et la génération 2000 (EC135, EC145) –, son service Affaires environnementales a tout juste un an. Son rôle est de coordonner les actions (collectives et individuelles), informer et tracer des objectifs chiffrés. Sur les hélicoptères, il s’agit de réduire la consommation de carburant, les émissions de gaz à effet de serre et le bruit. Dans les usines, il s’agit de diminuer la consommation de ressources naturelles, les émissions et les déchets. Dans cette optique, tous les sites majeurs ont été certifiés ISO 14 001. Le tri des déchets et le traitement des eaux usées ont été généralisés. Près de 16 millions d’euros vont être investis pour réduire l’impact écologique du traitement de surface.

Une équipe se consacre à la mise en œuvre de Reach (Regulation, Evaluation & Authorization of Chemicals). Entre l’identification, la déclaration et la recherche d’équivalents moins polluants, la filiale d’EADS débourse près de 1 million d’euros pour le programme européen. « Pour l’instant, Reach représente une distorsion de concurrence, car seuls les Européens y sont soumis. Mais on peut aussi le voir comme un label, car à terme toute l’industrie mondiale sera régie par une norme similaire », estime Olivier Jouis, responsable des Affaires environnementales. L’année prochaine, l’hélicoptériste réalisera aussi un bilan carbone, dont les méthodes et le périmètre restent à définir.

Bluecopter pour atteindre les objectifs européens

En tant que membre du programme européen Clean Sky, Eurocopter vise à l’horizon 2020 les objectifs fixés en 2000 par l’Acare (Advisory Council for Aeronautics Research in Europe), à savoir : -50 % de CO2, -80 % d’oxydes d’azote (NOx) et -50 % de bruit. Pour y parvenir, le numéro 1 mondial des machines civiles et parapubliques a lancé au dernier salon du Bourget l’initiative « Bluecopter ». Blue comme les couleurs de l’entreprise, du ciel et de la mer (univers de l’hélico) – également pour ne pas être green comme les autres –, ce programme comprend l’ensemble des technologies permettant de réduire la consommation (donc les émissions) et le bruit. Celles-ci seront intégrées progressivement en fonction de leur arrivée à maturité. La plupart font déjà turbiner les 1 500 ingénieurs du bureau d’études.

Pour agir sur le bruit, outre les recommandations de procédures de vol, ils travaillent sur l’aérodynamisme des pales principales et arrières (réduction de la corde, profils et surfaces évolutifs, saumons paraboliques et coniques, généralisation du fenestron), la vitesse variable du rotor et les entrées d’air silencieuses (en coopération avec les motoristes). Pour diminuer la consommation de carburant, la société sœur d’Airbus vise à améliorer le rendement des rotors et leur portance, ainsi qu’à réduire la traînée aérodynamique et la consommation des servitudes. Mais elle compte surtout progresser dans la combustion grâce au moteur à haut taux de compression (HCE). Un moteur plus efficace que les turbines actuelles, mais aussi plus performant et plus économe. Son premier vol est prévu pour 2014-2015. Matthieu Maury source

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