Les Colibri déploient leurs... pales

mercredi 28 octobre 2009

Les Colibri déploient leurs... pales - Des civils assurent la maintenance - Une centaine d’élèves pilotes formés par an - Une cellule pour former les moniteurs - Les Gazelle pourront être vendues
Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le DéodicCertains regardent passer les palombes. D’autres les Colibri. Les premiers sont chasseurs. Les seconds... militaires. À ceci près que le petit oiseau-mouche en question, qui vient de faire son apparition dans le ciel landais, n’appartient pas à la grande famille des trochilidés. Non. Ce Colibri-là n’est autre que le successeur de la... Gazelle. Bien entendu, nous ne parlons pas ici d’une évolution animale génétiquement forcée qui aurait vu, dans une éprouvette, une paire d’ailes remplacer un jeu de pattes fuselées, mais d’hélicoptères. Et plus précisément de ceux de la base école de l’Eaalat (1) de Dax où sont formés tous les futurs pilotes de l’Armée de terre, mais aussi de l’air, de la marine, de la gendarmerie ainsi que de l’armée belge. Des pilotes d’hélicoptères donc qui, à compter du mois de mai prochain, commenceront, pour certains d’entre eux, à être formés non plus sur les « ancestrales » Gazelle, qui équipent encore les régiments de combat, mais sur des Colibri EC 120.

De propriétaire à locataire
Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le Déodic
Des appareils issus du monde civil, mais reconfigurés aux exigences militaires, dont les trois premiers exemplaires ont réalisé leur premier vol officiel mardi dernier. Un trio qui, au-delà de ses livrées rouge et blanc on ne peut plus dacquoises, vient concrétiser une petite révolution sur laquelle planche, depuis un peu plus de quatre ans, la base école de la cité thermale. À savoir, l’externalisation de son parc d’hélicoptères. En clair, alors que jusque-là l’armée était propriétaire de ses appareils et responsable de leur entretien, désormais elle ne sera plus que locataire. Autrement dit simple utilisatrice. Et ce, dans le but de réduire ses coûts de fonctionnement. C’est dans cette perspective d’économie généralisée que les Gazelle aux couleurs camouflages, qui s’étaient fondues dans le panorama landais depuis des lustres, vont peu à peu laisser leur place, comme l’explique le nouveau patron de l’Eaalat, le colonel Benoît Vidau. Lequel a eu la chance de prendre son commandement quelques jours seulement avant cette première livraison : « En 2011, tous les stagiaires qui passeront à Dax seront formés sur ce nouvel hélicoptère. Dans l’immédiat, nous en avons donc trois. Mais en avril, nous recevrons un lot beaucoup plus important de quatorze Colibri ».

36 appareils prévus
Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le DéodicÀ terme, la base école aura à sa disposition 36 machines fournies par Hélidax. Un virage à 180 degrés dont les riverains profiteront également puisque ce Colibri est pratiquement deux fois moins bruyant que la Gazelle. Sachant aussi qu’il consomme moitié moins de carburant. Autre intérêt, il offre une technologie au niveau du tableau de bord proche de ce que l’on retrouve dans les hélicoptères de combat dernière génération comme le Tigre. « Il y a 40 ans d’écart entre la Gazelle et cet appareil », résume Jacques Vian, le patron d’Hélidax. En 40 ans donc, un Colibri a dépassé une Gazelle. Et sans que le réchauffement climatique n’y soit pour quelque chose...

(1) École d’application de l’aviation légère de l’armée de terre.

Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le DéodicConstruits par Hélicoptère, ces Colibri ont été équipés aux exigences militaires par Hélidax. Une société dirigée par Jacques Vian, un ancien lieutenant-colonel, pilote également, qui a quitté l’armée en 2001. « Sud Ouest ».

Comment êtes-vous arrivé à Dax ?
Jacques Vian. Après ma carrière militaire, je suis parti en Arabie Saoudite comme consultant pour la Royal Saoudia Air Forces, puis j’ai travaillé sur la certification de deux programmes d’hélicoptères, le Tigre australien et le NH90 australien. Et ensuite, s’est présenté l’appel d’offres du Colibri que nous avons remporté.

Adapter un appareil civil aux exigences militaires a dû être un véritable casse-tête...
Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le DéodicEn fait, le Colibri tel que nous le livrons à l’armée reste un appareil civil. Nous le dotons simplement d’équipements particuliers : des systèmes de jumelle à vision nocturne pour le vol de nuit, des postes radios supplémentaires, toute l’avionique « glass cokpit », un pilote automatique... Mais le casse-tête a surtout été au niveau des certifications de l’appareil. C’est ce qui nous a pris le plus de temps.

Quel sera le rôle d’Hélidax à l’avenir ?
L’armée n’est pas propriétaire des appareils. Nous leur louons 22 000 heures de vol par an pour 36 machines pendant 20 ans. La maintenance des hélicoptères nous incombe. Pour l’heure, nous avons 25 personnes qui travaillent à Hélidax. Et quand nous aurons atteint la vitesse de croisière avec les 36 appareils disponibles, nous serons une cinquantaine.

Vous qui avez été militaire, comment jugez-vous cette collaboration de plus en plus étroite entre l’armée et le monde civil ?
Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le DéodicLe plus important, c’est l’efficacité. Et dans le cas présent, le civil est plus efficace pour assurer la maintenance des appareils. Tout simplement parce que les mécaniciens ne font que ça. Dans l’armée, le mécano, il faut aussi qu’il s’entraîne au tir, qu’il fasse du sport, qu’il monte la garde... Là, je n’ai pas toutes ces charges à assumer. Notre mécanicien est à 100% sur la maintenance et 0% sur le tir. Donc l’efficacité est là. Maintenant, c’est vrai que lorsque j’ai commencé Saint-Cyr il y a 30 ans, on n’imaginait pas ça. Mais à l’époque, il n’y avait pas de notion de coût.

Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le DéodicLa base école de Dax forme l’ensemble des futurs pilotes de l’Armée de terre, de la marine, de l’Armée de l’air, de la gendarmerie ainsi que de l’armée belge. Au total, chaque année, une centaine d’élèves pilotes sont ainsi formés à Dax où ils acquièrent ce qu’on appelle la formation initiale. Ce qui correspond à un socle commun de techniques et de connaissances que tout pilote doit maîtriser. Pour s’entraîner, ils disposent de six terrains satellites situés sur les communes de Pontonx, de Peyrehorade, Castets, Azur et Herm notamment. Une fois l’étape dacquoise réussie, ils enchaîneront avec la spécialisation qu’ils auront choisie : pilote de combat, de transport...

Avant de former les élèves pilotes, l’Eaalat va devoir former ses propres moniteurs aux rudiments du Colibri. Pour ce faire, une cellule baptisée « EC 120 » a été mise en place. Il s’agit pour elle de mettre en place et de définir les nouveaux protocoles de formation et d’enseignement du pilotage sur ce nouvel appareil.

Pour assurer ce reportage, le photographe David Le Déodic a été embarqué, mardi dernier, dans une Gazelle dont les portes avaient été enlevées. Toutes les photos publiées aujourd'hui ont été prises en vol au-dessus ou à côté des Colibri entre Dax et le littoral landais - Photo David Le DéodicPassé l’été 2011, plus aucune Gazelle ne décollera du tarmac de la base école de Dax. Que deviendront alors ces 55 appareils ? Parmi les destinations qui s’offrent à elles, il y en a une qui pourrait leur offrir un petit sursis : la vente. « On pourra en effet les vendre, il y a des conventions pour ça », précise le colonel Vidau. Une précision, les Gazelle de l’Eaalat ne sont équipées d’aucun armement... Jefferson Desport source

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