Crash du Cessna : rencontre émue entre rescapés et sauveteurs

jeudi 22 octobre 2009

Clément Zylberberg, rescapé du crash au large de la Corse et Franck Diebold, son sauveteur
Cette conversation-là n’a pas été enregistrée par la "boîte noire" mais elle est de celles qui nouent un lien solide. Clément Zylberberg, pilote du Cessna rescapé avec ses cinq passagers du crash en mer au large de Porto (Corse-du-Sud), lundi 12 octobre et Franck Diebold, le pilote d’hélicoptère de la Sécurité Civile, originaire de Sanary, qui les a repérés et secourus se sont longuement parlés, en marge de la rencontre qui a réuni hier rescapés et sauveteurs à la préfecture d’Ajaccio.
Clément Zylberberg (au centre, ici avec sa compagne et son fils) a pu rencontrer et féliciter Franck Diebold, le pilote de la Sécurité Civile, hier, à Ajaccio (Corse-du-Sud) - Photo PQR/Corse-Matin"C’est étonnant, raconte Franck Diebold, 44 ans, nous étions émus l’un et l’autre et nous nous sommes congratulés. Il m’a dit que je faisais un métier génial et qu’il me devait une fière chandelle. Moi, je lui ai répondu que j’étais admiratif de son amerrissage en pleine tempête et d’avoir organisé la survie en mer de ses passagers, sans entraînement. Mais je voulais surtout savoir comment, quand il était dans l’eau, il avait perçu les manoeuvres de secours". Un retour d’expérience fort utile pour les deux.

"Quand j’étais en vol stationnaire au-dessus des rescapés, j’ai vu des appels avec mes phares de recherche et d’atterrissage pour leur montrer un canot de sauvetage. Je pensais que Clément avait compris que je leur désignais le ’dinguy’ mais en fait, il ne le voyait pas à cause des vagues très hautes". Clément Zylberberg, 34ans, voulait devenir pilote de chasse avant de prendre les commandes à AirFrance.

Il s’est trouvé des liens avec Franck, ancien de l’Aéronavale : "Un ami commun nous a mis en relation après le sauvetage. Au-delà de la dette que j’ai envers lui, j’ai compris qu’il avait mené le sauvetage selon une vraie stratégie. Il m’a expliqué qu’il avait fait une sélection entre le groupe de trois que je formais avec ma compagne Isabelle et sa mère Ginette, avec qui j’ai pu finalement monter sur un canot et les trois autres rescapés isolés, Serge, Fabrice et Jérémy. Dans la tempête et l’obscurité, nous avions du mal à comprendre pourquoi il ne nous hélitreuillait pas mais son choix de secourir d’abord nos amis dans l’eau était le bon. Ensuite, l’armée de l’Air avec le Super Puma a pu nous récupérer"

Les deux pilotes, le sauveteur et le rescapé, se sont reçus cinq sur cinq sur la nécessité de mieux équiper les passagers d’avions civils qui survolent la mer."Franck nous a repérés grâce à nos gilets lumineux que nous avions enfilé avant le crash, dans l’obscurité. Mais il a fallu attendre la nuit alors que nous étions dans l’eau depuis 14h15. Un canot dans le coffre de l’avion aurait été inutile parce qu’il a coulé à pic. Ensemble, nous avons réfléchi à la manière dont les rescapés d’un crash peuvent ’baliser’ leur position." Le micro reste ouvert entre Franck et Clément. Philippe Larue source
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Quand les survivants du crash retrouvent leurs sauveteurs
Les rescapés du Cessna a pu dire, hier, merci à leurs sauveteurs. Au total, une soixantaine de personnes était présente à la préfecture. « Je peux vous dire que je suis fier d’être Français... Moi, petit-fils d’immigrés... » La voix s’étrangle. Les sanglots ne sont pas loin. Clément Zylberberg, a devant lui plus d’une soixantaine de personnes.

 Les rescapés du Cessna a pu dire, hier, merci à leurs sauveteurs. Au total, une soixantaine de personnes était présente à la préfecture - Photo : Pierre-Antoine FournilToute la chaîne des sauveteurs, qui, le 12 octobre dernier, a permis de sauver les six passagers du Cessna, qui s’était abîmé dans le golfe de Porto. Clément, c’est lui qui pilotait l’avion... « Aujourd’hui, ce que je ressens, ma femme et mes amis également, c’est la joie d’être en vie. Et c’est une chance extraordinaire de pouvoir rencontrer toutes ces personnes. Chacun, à leur façon, a déterminé de manière positive le cours de notre vie ».

Stéphane Bouillon, le préfet de région a décidé de réunir hier, à Ajaccio, les rescapés du crash et l’ensemble des services de secours qui ont naturellement contribué à leur sauver la vie. « J’ai invité tous les sauveteurs. Ceux qui ont eu un rôle opérationnel majeur, ceux qui leur ont permis de remplir leur mission, ceux qui derrière ont préparé les différentes étapes, ont coordonné les opérations dans la chaîne du sauvetage. Vous avez tous eu un rôle indispensable, à votre niveau. Je remercie les rescapés d’être venus parce qu’il faut bien le dire, les victimes oublient de remercier parfois. Vos propos nous ont touchés. C’est aussi pour le représentant de l’État l’occasion de féliciter et remercier tous les artisans de ce sauvetage, pour leur dévouement, leur courage, pour leur persévérance et leur efficacité ».

« C’est pour que vous soyez là, vivants, aujourd’hui que tous ces hommes et ces femmes ont choisi leur métier, leur vocation, et sont fiers d’y répondre. Ils sont fiers de vous voir là. C’est aussi l’occasion pour moi de vous féliciter et vous remercier, oui, vous remercier, vous les rescapés. Parce que vous nous avez donnés à tous une leçon d’optimisme, et de foi en notre métier ».

Le 12 octobre, le Cessna avait décollé de l’aérodrome de Tavaria, à Propriano pour rejoindre Cannes, sa destination de départ, le matin. Mais un problème de moteur, oblige l’appareil à un amerrissage forcé au large de Porto. On connaît la suite...

Le facteur chance mais pas seulement
« Si j’ai repris rapidement les commandes du 777 d’Air France, pour l’instant, je fais une pause en ce qui concerne le pilotage d’avions légers... », explique Clément, copilote à la compagnie aérienne nationale. Un professionnel qui comptabilise plus de 8 000 heures de vol. Une donnée, qui est à prendre en considération dans le crash. « Le facteur chance est indéniable. Mais pas seulement. La grande chaîne du sauvetage a naturellement toute sa place dans l’issue heureuse de cet accident qui aurait pu être dramatique. Enfin, les rescapés ont montré leur sang-froid, leur courage, leur volonté de vivre », a précisé le préfet.

Pour Franck Diebold, pilote du Dragon 2B, qui est intervenu le soir du drame, « ce qui s’est passé le 12 octobre est la résultante de plusieurs choses, dont bien sûr, les qualités indéniables de Clément Zylberberg et du bon sens dont il a fait preuve ainsi que les autres passagers, la chance également ne doit pas être oubliée et puis en toute modestie, le rôle des secours a aussi permis d’éviter le pire ».

Des secours, qui, hier, affichaient, une vraie humilité. Ainsi, Bernard Munoz, mécanicien-treuilliste à bord du Dragon 2B, présent sur les lieux du crash, indiquait en toute simplicité « qu’il avait fait son travail ». « Un travail d’équipe », tenait-il à ajouter.

Les deux plongeurs du Grima 2B, Sébastien Scartabelli et David Donati, qui ont sorti de l’eau les deux premiers rescapés étaient tout aussi discrets. « Dans ce type d’interventions, on ne se pose pas de question. On y va. Bien évidemment, quand tout finit bien comme ce fut le cas pour ce Cessna, on est heureux, très heureux même... »

Hier, au-delà des mots, au-delà des louanges, au-delà de l’exploit, c’est la vie qui a montré qu’elle était la plus forte. Jean-Jacques Gambarelli source

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