Les pompiers du Grima 2B racontent une journée de sauvetage pas comme les autres

samedi 17 octobre 2009

Si cette journée du 12 octobre restera à jamais gravée dans l’esprit des « miraculés du golfe de Porto », elle le sera également dans la tête des nombreux secouristes qui, en mer, dans les airs et sur terre, ont fourni un travail énorme. À la hauteur d’une intervention qui s’est déroulée dans des conditions extrêmes : de nuit dans une mer en proie à des éléments déchaînés.

De gauche à droite : Jean-Christophe Aeschlimann, MOB du Dragon 2B, les sauveteurs-plongeurs du Grima de Haute-Corse, David Donati et Sébastien Scartabelli, Xavier Roy, chef de la base hélico de la Sécurité civile de Poretta - Photo Louis VignaroliParmi les sauveteurs mobilisés lundi dernier, figuraient deux sapeurs-pompiers du groupement de recherche et d’intervention en milieu aquatique (Grima) 1 de Haute-Corse : le caporal-chef David Donati du centre de secours principal de Bastia et le sapeur Sébastien Scartabelli, un jeune pompier volontaire du centre de secours de Luri qui vient de réussir son concours pro et a passé, l’autre jour en mer, son baptême du... feu de plongeur.

Première intervention à l’Arinella
C’est sur la base hélicoptères de la Sécurité Civile de Bastia-Poretta que nous les avons rencontrés. Car les sauveteurs côtiers et plongeurs du Grima travaillent main dans la main avec les équipages du Dragon 2B comme en ce début de semaine avec le pilote Franck Diebold et le mécanicien opérateur de bord treuilliste Bernard Muñoz.

Aux côtés du capitaine Jean-Noël Rigot, responsable du CSP de Bastia (sur lequel s’appuie le Grima), et de Xavier Roy, chef de la base de la Sécurité Civile, ils racontent cette journée de garde qui avait démarré en début d’après-midi par une première intervention à Bastia. Un sauvetage, par vent fort, au large de l’Arinella. « Un témoin avait signalé un bateau en difficulté mais sur zone, il n’y avait aucun débris, aucun signe de vie », raconte David Donati. « De petite taille, l’embarcation avait chaviré puis coulé à pic ».

Dragon 2B insiste et dans les vagues, finit par repérer l’un des deux occupants du bateau. Il est hélitreuillé tandis que le deuxième est secouru par la pilotine du port de commerce venue en renfort.

Des conditions météo exécrables
La journée ne s’arrêtera pas là. Vers 19 heures, Dragon 2B prend la relève des moyens aériens partis à la recherche, jusque-là sans succès, des occupants du Cessna qui avait amerri en catastrophe dans le golfe de Porto.
Arrivé sur les lieux à 19 h 58, l’EC-145 balaye la zone. Dix minutes plus tard, le pilote est intrigué par des petites lumières qu’il a repérées à l’aide de ses lunettes de vision nocturne. Cinq minutes plus tard, l’hélicoptère survole les six « naufragés » du petit avion dispersés dans l’eau. Il part en direction de trois d’entre eux, isolés par les éléments.
Accroché au treuil, David Donati tente de récupérer une première victime. Dans des conditions météo toujours aussi exécrables : rafales de vent allant jusqu’à 90 km/h, creux de 3 à 5 mètres. « Après plusieurs tentatives, l’hélicoptère ayant pu s’approcher d’elle au plus près, j’ai pu l’agripper mais je n’avais que quelques secondes pour lui enfiler la brassière ».
La victime, un jeune homme de 22 ans, est hissée à bord. « Nous sommes ensuite allés en direction de la deuxième personne. Il y a eu six tentatives infructueuses. À un moment donné, je me suis trouvé à un mètre d’elle, j’ai pu la toucher mais je n’ai pas pu garder le contact... ».
Intervient alors un choix difficile car la troisième personne isolée était portée par les déferlantes vers la falaise. « Elle était en grand danger et nous avons choisi d’aller la secourir. Après trois ou quatre essais, nous avons pu la sortir de l’eau », poursuit David Donati.

L’hélico revient alors vers la deuxième personne. « Comme nous n’arrivions toujours pas à l’approcher, nous avons alors balisé sa position avec des bâtons luminescents ainsi que les trois qui étaient regroupées. Puis nous avons fait la navette entre elles de manière à les rassurer par notre présence, le temps pour le Puma de la base aérienne de Ventiseri-Solenzara de prendre le relais. Il a pu ainsi récupérer les quatre autres rescapés dont trois avaient pu prendre place sur un canot de sauvetage largué par l’Atlantique II, l’avion de reconnaissance de la Marine nationale ».

L’incroyable capacité de résistance des rescapés
La relation de confiance nouée avec les équipages de la Sécurité Civile est l’une des clés de la réussite de cette mission. L’entraînement des plongeurs également ainsi que la pertinence du dispositif mis en place 24h/24h tout au long de l’année.
Mais l’une des clés, c’est aussi, selon les sauveteurs, le sang-froid des rescapés. « La première victime que nous avons secourue n’y croyait plus mais elle a tenu bon dans l’eau, vêtue d’un jean et d’un simple t-shirt », note Sébastien Scartabelli. « Nous avons été impressionnés par leur capacité de résistance après six heures passées en pleine mer... » source

1 - Le Grima de Haute-Corse compte 35 sauveteurs côtiers dont 15 qui ont également la spécialité de plongeurs sous-marins. Ces effectifs sont supervisés par deux conseillers techniques départementaux, le sergent Stéphane Orticoni pour le sauvetage côtier et le caporal Daniel Lecouvet pour la plongée.

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