Helisim forme 2400 pilotes d’hélicoptère de 60 nationalités différentes

samedi 22 novembre 2008

Par une nuit sans lune, quelque part dans un pays en guerre, un hélicoptère Caracal de l’armée française progresse au raz du sol. La zone est montagneuse ; le relief très accidenté. Depuis quelques minutes, les virages à forte inclinaison et les changements de cap se succèdent dans une vallée dont les bords se resserrent dangereusement. ncien chef pilote d'Eurocopter, Guy Dabadie dirige aujourd'hui le complexe Helisim. Il est vu ici aux commandes du simulateur le plus récent acquis par le centre marignanais : celui de l'hélicoptère EC225/725 Super Puma/Caracal -Photo Serge Guéroult Dans le cockpit baigné d’une lumière blafarde, la tension est à son comble. Jumelles de vision nocturne rivées sur les yeux, les membres de l’équipage sont concentrés sur leur mission. Pilotage, évitement d’obstacles, navigation, gestion des menaces ; la charge de travail est maximale. C’est alors qu’un tir venant du sol atteint l’une des deux turbines. Les alarmes de perte de puissance et d’incendie rompent le silence ; le sol se rapproche... Dix longues minutes s’écoulent et la capsule du simulateur s’immobilise enfin.
Engoncés dans leur tenue de vol réglementaire, bardés d’équipement de survie, les pilotes s’extraient péniblement de leur siège. Leurs traits sont tirés. Ils ont perdu plusieurs litres d’eau mais ils sont sains et saufs et ont réussi à ramener leur appareil à la base. Fin de la séance mais pas de la formation ; il leur faut maintenant tirer les enseignements de l’aventure avec leur instructeur...

"Impossible de jouer ce genre de scénario dans la réalité sans risquer l’accident", fait remarquer Guy Dabadie, ancien chef pilote d’essai d’Eurocopter, aujourd’hui patron du plus grand centre européen de formation au pilotage d’hélicoptères : le complexe Helisim de Marignane. A quelques mètres de là, le second simulateur "Level D" -le niveau de qualification maximal pour ce type de machine- "atterrit" à son tour, comprimant les énormes vérins hydrauliques qui lui permettent de se mouvoir dans les trois dimensions. La porte de la bulle s’ouvre et un pilote indien, portant le turban traditionnel, apparaît dans l’embrasure. Il vient de s’entraîner sur un Dauphin identique à celui dont sa société a passé commande. Un niveau plus bas, sanglés dans le cockpit d’un Super Puma, trois pilotes de l’armée royale néerlandaise s’apprêtent à mettre en route ; anglais de rigueur à tous les étages.

"Nous possédons deux simulateurs Level D à l’intérieur desquels nous insérons la cabine de l’hélicoptère choisi par le client, explique Guy Dabadie. Au total, nous disposons de cinq cabines différentes, ce qui permet de couvrir la quasi-totalité de la gamme haute d’Eurocopter". Et d’ajouter : "Chaque simulateur fonctionne environ 5000 h par an mais depuis l’an dernier, la demande dépasse nos capacités. En cas de besoin, nous pourrions les pousser jusqu’à 5500 h en travaillant 24 h sur 24". A l’autre bout de la salle, une énorme sphère elle aussi montée sur vérins, n’a pas bougé d’un centimètre. C’est pourtant la "Rolls" des simulateurs, équipée notamment d’un système qui offre aux pilotes une vision horizontale sur 240°. "Cette troisième machine "full Level D" est en cours d’installation, précise le patron d’Helisim. Elle sera exclusivement consacré à la formation des pilotes des armées ayant commandé le NH90, dernier cri en matière d’hélicoptère de transport militaire. Les premiers stagiaires sont attendus en août 2009".
Au total, depuis la création d’Helisim en 2000, ce sont près de 100 millions d’euros qui ont été investis sur le site où travaillent désormais 45 personnes, dont 12 instructeurs.

Ils deviennent des as du pilotage sans quitter le sol
L’heure de vol en hélicoptère coûte cher, terriblement cher. Qu’ils soient civils ou militaires, tous les opérateurs cherchent donc à réduire au maximum ce poste de dépense sans dégrader la qualité de la formation de leurs pilotes. C’est là qu’intervient la simulation. Le principe est simple : il consiste à reproduire au sol toutes les situations que l’utilisateur d’un hélicoptère est susceptible de rencontrer en vol. Le réalisme est tel qu’après seulement quelques minutes de "vol", il n’est plus possible pour le pilote de savoir s’il se trouve encore dans une salle de cours ou bien aux commandes d’un véritable hélicoptère.
Dans certains cas, les heures de simulateur peuvent représenter jusqu’à 80% de la durée totale de l’apprentissage, à un prix trois fois inférieur à celui d’une heure de vol réelle. Une formation à la pointe de la technologie aéronautique que propose depuis six ans le centre Helisim de Marignane à tous les clients du groupe Eurocopter grâce, entre autres, à des images d’une qualité époustouflante, générées en temps réel par de puissants calculateurs. Structure sans équivalent à ce jour en Europe, née d’un partenariat entre Eurocopter (45%), Thalès (45%) et l’Etat français via sa structure Défense Conseil International (10%), Helisim accueille chaque année près de 2400 pilotes de plus de 60 nationalités différentes auxquels il propose deux formations au choix : une qualification de type (sorte de permis de conduire propre à chaque modèle d’hélicoptère) ou un entraînement plus ciblé pour exploiter au mieux les performances de chaque appareil. Ce second volet qui représente près de 85% de l’activité d’Helisim, est certainement le plus spectaculaire puisqu’il permet de pousser la machine et son pilote aux limites extrêmes de leurs possibilités.
Concrètement, il est possible de déclencher 250 pannes différentes dans les phases les plus délicates du vol puis les "rejouer" à l’infini sans risquer de perdre un engin de plusieurs dizaines de millions d’euros et son équipage. Et les clients en redemandent. Depuis 2002, Helisim a dispensé près de 50 000 heures de formation. Ouvert 20 h par jour, 365 jours par an, le centre de Marignane affiche complet. Philippe Gallini source

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