"La semaine dernière, le Tigre a ouvert le feu sur l’ennemi qui avait pris à partie un poste français à Uzbeen" (est), là où dix soldats français ont été tués il y a un peu plus d’un an par des insurgés afghans, confie le commandant du détachement d’hélicoptères français à Kaboul.
Pour son tout premier engagement opérationnel, le nouveau fleuron des hélicoptères de combat français a connu d’emblée en Afghanistan son baptême du feu, "engageant" des insurgés à la roquettes alors qu’il était régulièrement visé par des tirs.
Trois exemplaires du Tigre, issus du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau (sud de la France), sont arrivés le 26 juillet sur l’aéroport de Kaboul à bord d’Antonov, des avions cargo géants.
Quinze jours plus tard, ils recevaient le feu vert de l’Otan pour participer aux opérations en Afghanistan et, depuis, leurs rotors tournent à plein régime.
Ils ont effectué près de 80 heures de vol et une trentaine de missions dans les redoutables conditions de vol de l’été afghan qui conjugue tout ce qu’un hélicoptère déteste - températures et altitude élevées qui dégradent inévitablement les performances des machines.
"Par 36 degrés et à 2.000 mètres d’altitude, le Tigre offre une autonomie et une capacité d’armement largement suffisantes", assure cependant l’un de ses pilotes, l’adjudant Guillaume (l’armée française demande que certains noms de famille ne soient pas publiés).
Un an avant que le Tigre n’ouvre le feu à Uzbeen et au même endroit, dix soldats français avaient péri dans une embuscade tendue par des insurgés.
L’absence de reconnaissance aérienne de la zone avait fait débat, d’autant que les deux seuls hélicoptères français stationnés dans le pays à l’époque - à comparer aux 37 engins qui ont survolé Paris à la fête nationale française du 14 juillet 2009 - étaient mobilisés pour le président afghan Hamid Karzaï.
Depuis, la France, qui compte quelque 2.900 soldats sur le sol afghan, a porté sa flotte d’hélicoptères à neuf appareils : trois Caracal (transport), trois Gazelle Viviane (reconnaissance), ainsi que les trois Tigre. Elle devrait encore recevoir en octobre le renfort de deux Cougar, destinés au transport.
"Les moyens du détachement d’hélicoptères sont très complémentaires, avec le Tigre et ses capacités de combat de jour comme de nuit, la Gazelle, formidable hélicoptère de reconnaissance, et le Caracal, un hélicoptère de transport tactique très moderne", explique le lieutenant-colonel François d’Argaignon, patron du détachement d’hélicoptères français déployé à Kaboul.
Employé principalement pour l’escorte de Caracal ou de convois blindés, le Tigre présente "un très fort effet dissuasif", souligne-t-il, car "à sa seule vue, la menace se dilue et disparaît, jamais les convois n’ont été attaqués lorsqu’il était présent".
La menace reste cependant "omniprésente", souligne le capitaine Dominique, chef de patrouille. "On n’a pas arrêté les balles pour en déterminer le calibre mais nous sommes régulièrement visés par des tirs et la nuit, nous voyons des balles traçantes dans le ciel", explique-t-il.
Aucun appareil n’a été touché jusqu’à présent mais les conditions d’emploi sont draconiennes. Le vol stationnaire, synonyme de vulnérabilité, est proscrit et les Tigre n’évoluent jamais à moins de 150 km/h.
Prêts à décoller en moins d’une demi-heure, ils opèrent pour l’essentiel au profit des troupes françaises déployées à Kaboul et dans ses environs.
"C’est un peu la cavalerie qui vole au secours de nos camarades au sol et c’est la vocation de l’aviation légère de l’armée de terre", souligne l’adjudant Guillaume. Hervé Asquin source