Trois mois avec les Marins du ciel de Lanvéoc

vendredi 2 mai 2008

Le réalisateur Gérard Uginet était à bord d’un Super-Frelon lors du naufrage de La P’tite Julie en janvier. Son documentaire va être diffusé sur France 3 Ouest. Un film fort.

« Un sauvetage est une mécanique toujours extrêmement bien préparée. Il y a parfois neuf personnes à bord de l'hélico. Pour La P'tite Julie, nous étions sept : le pilote, le copilote, deux mécaniciens, deux membres de l'équipe médicale et moi-même. Tous sont conscients des risques qu'ils prennent, du mécano au pilote. Ils doivent même anticiper l'aléa, le hasard, prendre très vite les décisions qui s'imposent » - Photo Ouest-France
Comment s’est passé le tournage de ce long documentaire, de près d’une heure et demie ?
J’ai séjourné pendant quasiment trois mois dans la base de Lanvéoc-Poulmic. Il y a d’abord eu une phase d’approche, de prises de contacts avec les personnels de la 32 F, puis le tournage en tant que tel. Je me suis faufilé dans le quotidien de tous ces Marins du ciel.
J’ai commencé par effectuer un premier séjour de trois semaines. Puis un second, plus long. J’étais d’astreinte avec les hommes de la base. Je faisais totalement partie de l’équipage. Dès qu’une opération s’annonçait, j’étais prévenu. Je n’ai eu que du travail de nuit.

Début janvier, vous étiez donc à côté des sauveteurs lors du naufrage du chalutier d’Erquy La P’tite Julie.
C’était effectivement le 7 janvier, aux environs de 6 h du matin, à 54 km au nord de l’île Vierge. En 40 minutes, nous étions sur les lieux du drame. J’ai effectué huit heures de vol dans le Super-Frelon pour ne récupérer malheureusement qu’un seul des sept naufragés tombés à l’eau. Tous à bord de l’hélicoptère, nous étions sous pression. L’opération était difficile. On ne voyait rien ou pas grand-chose.
Quand nous nous sommes posés à l’heure de midi, j’ai pu diffuser mes images aux différentes chaînes de télévision. Je les ai découvertes, le soir, au cours du journal de 20 h. Ce fut un vrai choc. Je n’ai pas pu parler avec le marin rescapé, d’origine portugaise. Mon travail était vraiment d’accompagner la 32 F au quotidien.
Avec ces hommes, je me suis aussi rendu au lycée maritime du Guilvinec. Ils y ont sensibilisé les jeunes aux dangers de la mer et aux opérations de sauvetage. Ce fut un moment émouvant, puisque l’un des disparus de La P’tite Julie, âgé de 19 ans, était élève de bac pro dans cet établissement.

Quelles relations avez-vous entretenu avec les sauveteurs ?
Ils m’ont très bien accueilli. Ce sont tous des grands professionnels, des pilotes confirmés. S’ils n’ont pas les heures de vols requises, ils ne font pas d’opération de secours. Ils n’ont pas le droit à l’erreur.
Un sauvetage est une mécanique toujours extrêmement bien préparée. Il y a parfois neuf personnes à bord de l’hélico. Pour La P’tite Julie, nous étions sept : le pilote, le copilote, deux mécaniciens, deux membres de l’équipe médicale et moi-même. Tous sont conscients des risques qu’ils prennent, du mécano au pilote. Ils doivent même anticiper l’aléa, le hasard, prendre très vite les décisions qui s’imposent.
Je me souviens, ainsi, d’une récupération périlleuse d’un marin pêcheur grièvement blessé. Il avait pris un panneau de chalut de 650 kg sur l’épaule. La mer était déchaînée. Nous étions également au début du mois de janvier. Il y avait un vrai risque lors de cette intervention. Il a donc été décidé de laisser le plongeur de Lanvéoc sur le navire de pêche, une fois l’hélitreuillage terminé. Il a dû faire cinq heures de mer jusqu’à Douarnenez.

Dans votre reportage, vous montrez aussi la formation de ces sauveteurs.
J’ai effectivement pu suivre une copilote en formation, durant plusieurs semaines, notamment sur les simulateurs de vols et de crashs en mer. Âgée de 26 ans, elle est seulement la troisième femme de la flottille. Elle espère ardemment être qualifiée un jour.

Le Super-Frelon est un appareil ancien, en fin de carrière. Tient-il toujours la route ?
C’est un hélicoptère toujours efficace. À bord, on s’y sent rassuré. Il peut embarquer jusqu’à 26 personnes en même temps. Ce tournage avec la 32 F est l’un de mes plus beaux. C’est un témoignage en images, à quelques semaines du cinquantième anniversaire (*) de cette flottille de Lanvéoc-Poulmic, forte de 110 personnes. Propos recueillis par Yves-Marie ROBIN.

• Le documentaire « Les Marins du ciel » a été divisé en trois parties de 26 minutes. Elles sont diffusées sur France 3 Ouest ce samedi 3 mai à 11 h 30 et le samedi 10 mai à 11 h 05.

(*). Cet anniversaire sera célébré à la mi-juin. Les Fêtes maritimes de Brest 2008 rendront aussi un hommage aux Super-Frelons le lundi 14 juillet. Ouest-France source

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