Le dossier, piloté par le maire, avance. D’ici la fin de l’été, un cabinet d’études sera chargé de trouver les sites les plus appropriés dans le golfe
Les déclarations fracassantes, les effets de manches ne font pas partie de sa personnalité. Maire de Ramatuelle depuis 2001, Roland Bruno est un homme réservé. Qui discute volontiers avec ses amis, mais se montre plus circonspect quand il aborde des dossiers sensibles. Celui des hélicoptères en est un. Pour preuve, l’an dernier, 30 000 mouvements ont été recensés en cinq mois dans le golfe de Saint-Tropez !
Face aux nuisances sonores engendrées par les appareils volant à basse altitude au-dessus des habitations, face aux associations de défense et aux milliers de riverains excédés, Roland Bruno - en étroite relation avec les communes de Saint-Tropez, Gassin et la sous-préfète de l’arrondissement de Draguignan - pilote le projet d’une hélistation construite en mer. Cette solution pourrait mettre fin au survol des zones urbanisées dans la presqu’île.

Où en est le dossier ?
« Nous avons lancé un appel à candidatures pour voir s’il y a une possibilité de réaliser une ou plusieurs hélistations en mer proches du rivage. Le cabinet d’études retenu devra ensuite déterminer la ou les zones les plus appropriées dans le golfe. Ensuite il devra trouver une société capable de réaliser une hélistation en mer. Ces études devraient aboutir à la fin de l’été ».

L’hélistation, vous y croyez ?
« Ca peut marcher si on respecte l’interdiction de vol au-dessus de la Presqu’île. Autre avantage de l’hélistation : dans un rayon de trois kilomètres, il n’y aura pas d’hélisurface, donc on limite d’autant le survol des zones habitées ».

Et la Jeanne-d’Arc, ce bâtiment de la marine nationale que certains utiliseraient volontiers comme une hélistation ?
« C’est un projet intéressant et séduisant. D’autant plus que l’association à l’initiative de cette idée envisage aussi de créer à bord du bâtiment, qui sera déclassé en 2010, des logements pour saisonniers. Mais je ne suis pas sûr que la Jeanne d’Arc résolve tous les problèmes. Est-ce que le projet répond aux besoins des compagnies d’hélicoptères ? Je n’en suis pas sûr. Et puis, une fois à bord, il faut descendre et gagner le rivage. Le cabotage pose aussi des problèmes ».

La nouvelle sous-préfète est-elle à l’écoute de vos problèmes ?
« Dans le golfe de Saint-Tropez, le dossier des hélicoptères est extrêmement difficile. Corinne Orzechowski, la nouvelle sous-préfète, a la volonté de vouloir régler le problème dans la concertation avec les différentes parties que sont les élus, les associations et les compagnies de transport par hélicoptère. Des réunions régulières sont organisées ».

Souhaitez-vous des contrôles plus rigoureux ?
« L’ancienne sous-préfète nous l’avait promis l’an dernier. Mais cette promesse n’a hélas pas été tenue. Cet été, trois gendarmes du groupement des transports aériens de Nice seront présents sur le golfe. Ils seront logés par la commune de Ramatuelle. Leur mission est simple et compliquée : faire respecter les arrêtés du préfet qui réglementent l’altitude de vol et le nombre de rotations par jour.
Dans ce domaine de nouvelles propositions sont attendues.

Des procès sont en cours. Sentez-vous une montée en puissance des associations qui sont opposées aux compagnies d’hélicoptères ?
« Ces associations sont là parce que les nuisances existent. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter, si les compagnies ne remplacent pas leurs appareils par de nouveaux modèles beaucoup plus silencieux.
Les procès ne sont que l’aboutissement des excès de nuisances. Pour les riverains, la situation est très compliquée à vivre. Supporter pendant trois mois les rotations incessantes ce n’est pas évident.
Pour les communes aussi. On ne peut pas nous dire que le golfe est un espace naturel et fermer les yeux sur ces problèmes. Il faut respecter les habitants. Si chacun y met du sien, le dossier aboutira ». Propos Recueillis Par J. J. source