Crash d’hélicoptère dans l’Ain : la tragédie et les questions

lundi 22 juin 2009

Surcharge, déséquilibre, panne moteur, erreur de pilotage, conjonction d’événement ? Deux enquêtes devront déterminer les causes du plus grave accident d’hélicoptère des dix dernières années qui a coûté samedi dans l’Ain la vie à un jeune pilote lyonnais et à six employés du parc Walibi embarqués pour un baptême de l’air.
Pourquoi l’« Ecureuil AS 350 B2 » s’est-il écrasé samedi à 19 heures sur le mont de Cordon avec ses sept occupants ? Pour le savoir, la procureur de Belley, Marie-Gabriel Ratel a ouvert hier une enquête judiciaire confiée à la gendarmerie des transports aériens et au groupement de gendarmerie de l’Ain. A elle de déterminer les causes de la tragédie. Parallèlement, le bureau d’enquête et d’analyses (le BEA, celui-là même qui travaille sur le crash de l’Airbus A330 d’Air France) mène une seconde enquête, administrative celle-ci, pour vérifier les procédures de vol, l’entretien de l’appareil, ou détecter les éventuelles anomalies.
Les enquêteurs pourront-ils compter sur la boîte noire ? « Non. Elle est réservée aux opérations en milieu hostile » répond Patrick Gantil, directeur général de l’aviation civile, présent sur place hier matin.
En attendant le verdict des spécialistes, pas question d’envisager une quelconque hypothèse qui « ne serait que conjectures » selon les termes de Dominique Bussereau. Le secrétaire d’Etat rappelle que ce genre d’accident qualifié « de transport public » est extrêmement rare. « En général, les accidents d’hélicoptère se produisent lors d’opération de sécurité civile ou de travail aérien. Il n’est pas comparable avec ce qui ce qui s’est passé récemment en Corse, de nuit, dans une zone de montagne, lorsque les sauveteurs ont dû prendre des risques pour transporter une maman sur le point d’accoucher ».
Rien de tel à Brégnier-Cordon. Le pilote avait tourné toute la journée sur un mini-parcours qu’il connaissait parfaitement. Les baptêmes de l’air se déroulaient de jour, dans un secteur dégagé et un ciel tout bleu. Un peu venté toutefois. Un courant contraire peut-il justifier à lui seul la chute brutale de l’hélicoptère ? Sans se prononcer ouvertement, les autorités n’y croient guère. La météo, si elle a joué un rôle, n’explique pas tout.
Le deuxième élément déterminant pourrait être le poids des passagers. Sept dans la cabine, n’était-ce pas trop ? « Il existe un poids total en charge à vérifier au moment du départ » précise Patrick Gantil. « Ce n’est pas une question de nombre. On peut emmener six ou sept passagers, selon leur morphologie. De toute façon, une simple surcharge aurait posé problème au décollage. Là, l’appareil était déjà en vol ».
Patrick Gantil pense davantage à l’équilibre qu’à la masse. « Un problème de décentrage peut intervenir par exemple si les passagers de devant sont plus légers ». Sauf que le pilote est entraîné pour rectifier les décrochages. Comme il l’est pour pallier la panne. « Si le moteur s’arrête, il se laisse descendre de façon à mettre les rotors en auto-rotation. Pour atterrir, il les fait tourner dans l’autre sens ». A Brégnier-Cordon, les nombreux témoins disent ne plus avoir entendu le bruit du moteur pendant que l’hélicoptère piquait du nez. Comme s’il recherchait de la vitesse pour actionner ses pales...
La panne alors ? Toujours possible bien sûr, même si les hélicoptères sont soumis à certification tous les deux ans et subissent des tests de fiabilité draconiens. L’erreur de pilotage ? Pas à exclure non plus, même si le pilote, malgré ses 24 ans, était réputé pour sa maîtrise qui lui avait valu le grade d’instructeur.
Une conjonction d’événements malheureux ? Sans doute a-t-elle été nécessaire pour aboutir au plus grave accident d’hélicoptère de ces dix dernières années. Marc Dazy source

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