Les hélicos de l’extrême de Sainte-Léocadie

dimanche 24 février 2013

Le centre de vol en montagne de Sainte-Léocadie, dans les Pyrénées orientales, forme chaque année plus de 600 pilotes de l’armée.
Eric Lacambre, patron du centre de vol en montagne de Sainte-Léocadie - Photo Max BerullierSon regard se recale enfin avec l’horizon. Passablement groggy après 1 h 45 de vol, Yohan, 24 ans, pilote d’hélicoptère dans l’armée de Terre, se pose avec son Calliope rouge et blanc dont il a exploité les "limites de puissance après avoir évalué l’aérologie dans des vallées étroites". Même pour la génération Nintendo habituée aux manettes, il faut une concentration totale pour "lire le vent" et décrypter les turbulences erratiques du relief. C’est son premier vol en solo - avec atterrissage sur crête enneigée - en Cerdagne immaculée, dans le cadre de ses trente mois de formation.

"Aucune base en Europe ne réunit un tel environnement"
À l’instar des 600 stagiaires reçus chaque année, le jeune militaire s’aguerrit au centre de vol en montagne (CVM) de Sainte-Léocadie, dans les Pyrénées-Orientales, créé en 1964 sur un arpent regardant l’Espagne. Unique en Europe, il dépend de l’armée de Terre (1). "Ici, on passe du tout au tout", dit Yohan. Du ciel limpide à l’enfer météo. Le microclimat qui impose 300 jours de soleil par an est trompeur.

Système de vision infrarouge
Le capitaine Éric Lacambre, qui gère ce centre, explique : "Les stagiaires viennent avec leurs formateurs. Aucune base en Europe ne réunit un tel environnement. Nos trois pilotes sont là pour apporter une certaine expertise. Aucun vol n’est identique. Les paramètres évoluent sans cesse : température, densité de l’air..." De plus en plus, les hélicoptères “de manœuvre et d’assaut” lancent des opérations de nuit grâce aux jumelles à vision nocturne ou, sur le Caïman, à un système de vision infrarouge.

Mali. Côte d’Ivoire. Libye. Ou le bourbier afghan : le centre de vol en montagne est à la même altitude que la région de Kaboul (de 1 300 à 1 800 m), avec des températures élevées l’été et rigoureuses l’hiver. Et avec ses vallées étroites et ses plateaux d’altitude, l’Afghanistan ressemble à ce morceau de Cerdagne. "Ce qui explique qu’en dix ans de guerre, on n’a perdu qu’un seul pilote", s’aventure le chef du centre.

Un centre très sollicité par les armées étrangères
Les hélicoptères de l’extrême font souvent la différence. "Le “Tigre”, par exemple, qui pourrait bientôt être équipé de missiles, est plus puissant qu’une escadrille de dix hélicos d’il y a trente ans", formule Éric Lacambre, vétéran de la guerre du Golfe, spécialiste du combat nocturne, qui a effectué 1 200 appontages (atterrissages sur un porte-avion, NDLR) quand il était détaché dans l’aéronavale.

Plusieurs nations envoient leurs pilotes au CVM pour aiguiser leur talent. Ils y travaillent le vol "en limite de puissance en zones hostiles montagneuses". Ou sans référence à l’horizon. "C’est sans doute la pire des choses. Avec l’oreille interne qui est perturbée en vol, la ligne d’horizon est indispensable. Sans ça, on a du mal à évaluer le défilement, entre autres." Le but, c’est que le pilote oublie la technique, qu’elle ne soit plus une préoccupation. "Qu’il reste tendu vers un seul objectif : le combat. Nous sommes très sollicités par des armées étrangères." Tchéquie, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, etc. Sans parler des forces spéciales, des Douanes, de la gendarmerie, de la Sécurité civile. (...) Lire la suite sur midilibre.fr

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