Le pilote d’hélico Jérome Dubois ne se prend pas pour Tom Cruise

vendredi 12 juin 2009

A 28 ans, Jérôme Dubois, le pilote de l’hélicoptère Lynx qui vient en démonstration aujourd’hui à l’aéroport de Champniers, a grandi à Angoulême. Portrait

Pour la photo, il pose, façon Top Gun, adossé à son hélico, Ray Van sur le nez et sourire un rien figé. Pourtant, dans la vie de tous les jours, Jérôme Dubois n’est pas du genre à rouler des mécaniques comme Tom Cruise. Ce père de famille de 28 ans veut bien parler de son métier, il est même prêt, à l’occasion à en faire la promo, mais ne comptez pas sur lui pour babiller sur ses exploits. « Dans la rue, on ne me demande pas des autographes », rigole le pilote qui, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer ne fait partie de la « french air force » : il est sous l’autorité de la Marine nationale.

L’histoire du lieutenant de vaisseau Dubois (ce grade équivaut à celui de capitaine dans l’armée de terre) aurait pu débuter sur les bords de l’Atlantique ou à proximité d’un aéroport international. Raté, son cocon familial est à Angoulême : l’école de l’Enfant-Jésus après un passage par la communale de Magnac-sur-Touvre, puis le collège et le lycée Saint-Paul. On l’imagine en descendant d’une lignée de militaires, droits dans leurs rangers. Encore raté, son père dirige la fonderie Technival, à Gond-Pontouvre, et sa mère est orthophoniste à l’Institut médico-éducatif de Soyaux. Son oncle, Alain Dubois, lui, est le grand patron des papeteries de Veuze, à Magnac. « J’ai quand même un grand père qui a été général et un oncle qui a terminé sa carrière colonel, mais il n’y a pas eu d’influence familiale ».

Des missions au large du Liban et de l’Afghanistan
Encore une idée bonne à mettre au panier : quand il était enfant, Jérôme Dubois ne se promenait pas, les yeux fixés vers le ciel, à la recherche des machines volantes en se disant : « Un jour moi aussi je serai un oiseau ». « Pilote, ce n’est pas un rêve de gosse. Les choses sont venues d’elles-mêmes. C’est un choix raisonné, un projet qui est apparu au fil de mon parcours à l’école navale. C’est plus tard, dans la pratique quotidienne, que la passion de voler est née ».

Son instrument de travail, c’est le Lynx. Un beau bébé à hélice de 5 tonnes, 12 mètres d’envergure, capable de filer dans les airs à 250 km/h. Le capitaine de vaisseau le fait rarement décoller d’une piste comme celle de Champniers, la plupart du temps l’appareil prend son envol depuis la frégate anti-sous-marine de Grasse sur laquelle l’Angoumoisin -aujourd’hui basé en Bretagne- est généralement affecté. Un navire de 6.000 tonnes, 150 mètres de long, capable de transporter trios cents hommes. Lorsqu’il n’est pas aux commandes de son Lynx, Jérôme Dubois sillonne donc les mers du globe, en patron du service « aéro » (aéronautique navale). Quatorze hommes sont sous ses ordres.

Ses missions les plus prestigieuses ? Il évoque un périple dans les eaux chaudes du Moyen-Orient, en marge du conflit en Afghanistan -« une mission de sûreté »-, insiste davantage sur son expédition de six mois au large du Liban pour épauler les forces armées locales dans leurs contrôles des bateaux susceptibles de transporter illégalement des armes.

Loin de jouer les fiers à bras, l’Angoumoisin reconnaît avoir parfois ressenti la peur. Pas forcément lors de rencontres avec des militaires. « Quand vous vous retrouvez en hélico, en position stationnaire, au beau milieu de l’Atlantique, à 100km de votre bateau, dans une nuit totalement noire avec les seuls instruments de vol pour vous dirigez, il faut être parfaitement maître de soi ».

Jérôme Dubois le reconnaît, dans le cadre de ses fonctions, il n’a jamais eu à utiliser les armes létales dont son Lynx est équipé. « Mais je sais, nous savons tous, que nous pouvons être amenés à délivrer la mort. Sur ordre du ministère de la Défense, je peux, un jour, répondre à l’ordre de torpiller un sous-marin et à tuer les 120 hommes de son équipage. Je dois m’y préparer psychologiquement ».

Dans les airs ou sur la mer, Jérôme Dubois garde les pieds sur terre. Encore un élément qui le différencie de Tom Cruise, la tête brûlée de « Top Gun ». Stéphane URBAJTEL source

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