RTE soigne les coups de foudre en hélicoptère

vendredi 19 août 2011

JANNEYRIAS, Isère, 19 août (Reuters) - Au milieu d’un champ d’orties perdu dans la campagne lyonnaise, deux hommes à l’allure de cosmonautes montent dans une nacelle métallique reliée à un hélicoptère par d’épaisses cordes.

Dans un instant, ils flotteront dans les airs, arrimés à un Ecureuil biturbine pour réparer en moins de dix minutes un câble électrique sous tension endommagé par la foudre.

Avec plus de 100.000 kilomètres de lignes électriques à haute et très haute tension, principalement aériennes, la France est le seul pays à avoir développé les travaux héliportés sans coupure de courant pour la maintenance de ses lignes.

"Dans un cas comme celui-là, sans hélicoptère, il faudrait construire une route sous la ligne pour installer une nacelle élévatrice et mettre la ligne hors tension", explique Régis Magnac, directeur des travaux héliportés de Réseau de Transport d’électricité (RTE), filiale d’EDF.

Avec 80% des travaux héliportés réalisés sous tension, RTE a déjà vendu sa technologie au Royaume-Uni et ambitionne d’exporter davantage son savoir-faire.

Outre un gain de temps et d’argent, intervenir par les airs permet d’éviter l’équivalent de 1.000 jours de coupures par an d’après RTE et de préserver l’équilibre du réseau électrique.

"Le réseau électrique est un système interconnecté, que l’on peut comparer à une autoroute", explique Régis Magnac.

"Si l’autoroute ferme, il y a plus de monde dans les villages. Si on coupe une ligne, on fait davantage prendre de risque à l’ensemble du système".

En 2011, RTE a prévu d’investir 1,17 milliard d’euros, 15% de plus qu’en 2010, pour entretenir les lignes, adapter le réseau à l’essor des énergies renouvelables et y raccorder le nouveau réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche).

UN EXERCICE DE HAUTE VOLTIGE
Sous un soleil de plomb ou par -10°C, les "lignards", le surnom de ces hommes qui interviennent sur les lignes électriques parfois à 1.000 mètres d’altitude oeuvrent avec une précision digne d’un horloger suisse.

Une fois l’hélicoptère stabilisé au-dessus du lieu de l’opération, les lignards s’accrochent au câble électrique et se retrouvent alors au même potentiel électrique que ce dernier, ce qui permet de ne pas être électrocuté, à l’instar des oiseaux.

En cinq minutes en moyenne, ils remplacent alors le brin de câble endommagé à l’aide d’une sorte de grand tuteur à tomates.

La foudre est la principale cause d’endommagement des câbles et RTE programme environ 1.000 interventions par an.

De l’habilité de chacun dépend la réussite des travaux et la sécurité de tous, explique Régis Magnac, lui-même ancien pilote ayant eu son brevet à 17 ans, avant même son permis de conduire.

"Les risques sont omniprésents, mon boulot c’est de les maîtriser", affirme-t-il.

Avec une flotte de 11 hélicoptères, les services de RTE disposent de 13 pilotes et autant de mécaniciens et font appel à une soixantaine de lignards sur les 500 que compte l’entreprise.

DES PILOTES DE PLUS DE 40 ANS
Bruno Decelle, le pilote de RTE qui comptabilise le plus grand nombre d’heures de vol en Europe, se définit comme un "métronome" : régulier et précis.

"Les types doivent me faire confiance, sinon ils passent leur temps à vérifier que j’ai bien vu l’arbre ou l’antenne...", explique cet ancien militaire de 57 ans, affecté principalement au survol des lignes pour repérer à l’oeil nu les défauts sur les câbles et la progression de la végétation.

"C’est un boulot particulier, on a des vies de patachon, on n’est pas souvent à la maison et puis c’est un peu comme un couple, si cela ne fonctionne pas avec un mécanicien, c’est la guerre. Mon mécano, cela fait trente ans que je l’use", dit-il.

RTE a comme politique de ne recruter que des pilotes expérimentés souvent âgés de plus de 40 ans car, contrairement à l’armée ou aux équipes d’intervention médicale, les agents du RTE volent environ 600 heures par an contre 200 habituellement.

Après l’inspection annuelle par hélicoptère de toutes les lignes, RTE prépare chaque intervention avec minutie pour réussir cet exercice qui cumule risques électriques et aéronautiques, le dernier accident mortel, dû à une panne mécanique, datant de 1995. (...) Lire la suite sur reuters.com

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