Libye : Interview d’un pilote de caracal en mission Resco

jeudi 31 mars 2011

Deux hélicoptères EC725 Caracal et un Puma de l’armée de l’air sont déployés, depuis le dimanche 20 mars 2011, sur le porte-avions Charles de Gaulle (CDG). Leur mission est d’assurer la recherche et le sauvetage au combat (Resco). Le lieutenant-colonel Fabrice Albrecht, pilote de Caracal et commandant de l’escadron d’hélicoptères (EH) 1/67 "Pyrénées" de la base aérienne de Cazaux, dresse un premier bilan de leur implication au sein de l’opération Harmattan, en Libye. Interview exclusive.

Comment s’est passé le déploiement sur le porte-avions ?
Un hélicoptère Caracal de Cazaux en mission Resco - Photo © Armée de l'airLieutenant colonel Fabrice Albrecht : - Le vendredi, la cellule de crise de l’escadron a rappelé un hélicoptère en exercice à Dijon. Le lendemain, à 15h locales, deux Caracal et un Puma ont décollé vers la rade de Toulon où mouillait le porte-avions Charles de Gaulle. Les mécaniciens de la base de Cazaux, préalablement acheminés par avion de transport ou par hélicoptère, se sont chargés de l’embarquement du matériel de déploiement sur le porte-avions. Dimanche, à 13h, grâce à la réactivité de l’équipe technique, nous avons rapidement largué les amarres en direction des côtes libyennes.

Quelles sont les forces embarquées pour l’opération Harmattan ?
Les deux Caracal et le Puma de l’armée de l’air côtoient des Super Étendard, Rafale, Hawkeye, Panther et Alouette 3 de la marine nationale. Les deux armées ont mutualisé leurs moyens pour cette opération. Sur près de 2000 personnes embarquées, 50 viennent de la base aérienne de Cazaux, dont neuf pilotes d’hélicoptères, trois sauveteurs plongeurs, 24 mécaniciens et deux personnes de spécialité « renseignement ». Ces derniers travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues, au sein de la cellule renseignement installée à bord. Le CDG contient également un centre de préparation de mission interarmées pour les flottilles (escadrons) embarquées.

Cette mise en commun des moyens et du personnel au service d’une même mission illustre bien la volonté d’une coopération interarmées renforcée.
Effectivement, nous travaillons régulièrement avec la marine nationale afin de nous préparer à des opérations de cette ampleur. Ainsi, nous nous entraînons à partir du porte-avion lors de multiples exercices de maintien en condition opérationnelle marine. Le dernier remonte à octobre 2010. En outre, nous participons à un exercice commun, le Chouchen , mettant en présence nos hélicoptères et les flottilles de la marine nationale. Ce dernier est organisé sur la base aéronautique navale de Landivisiau.

Comment s’organise hiérarchiquement le détachement à bord ?
Nous travaillons en étroite coopération avec le Combined Air Operation Center de Ramstein, qui, au début de l’opération, coordonnait l’engagement des moyens aériens de la coalition. Il nous met en liaison avec les autres pays de la coalition, impliqués dans l’opération, et notamment avec les États-Unis d’Amérique. Nous sommes placés sous les ordres de l’amiral Philippe Coindreau, commandant la TF 473 armée par le groupement aéronaval, dont font notamment partie les frégates, et le porte-avions. Travaillant sur hélicoptère, notre interlocuteur direct est le commandant du groupe aérien embarqué, chef des flottilles, qui nous donne les directives spécifiques pour l’activité aérienne. Notre escadron est la seule unité du détachement habilitée à effectuer des missions Resco.

En quoi consiste la mission Resco ?
Un hélicoptère Resco de Cazaux - Photo © Armée de l'airLa Resco, aussi connue sous le terme de CSAR (Combat Search and Rescue), en anglais, consiste à aller récupérer un équipage qui s’est éjecté en territoire hostile. En alerte en permanence, nous devons nous tenir prêts à décoller dans les délais impartis pour les récupérer. Nous embarquons avec des commandos parachutistes de l’air de Bordeaux chargés d’authentifier les pilotes au sol, de les treuiller à bord, puis de leur apporter les premiers soins. Ils sont armés afin d’être capables de se défendre en cas d’attaque au sol. Cette mission Resco embarquée est très exigeante, le personnel de l’unité détaché avec nous se doit d’être réactif. Mécaniciens, personnel « renseignement », équipages, commandos, tous ont, au moins, une expérience de l’Afghanistan et ont participé à plusieurs exercices nationaux et internationaux.

Pourquoi le Caracal est-il l’hélicoptère privilégié pour assurer la Resco ?
Le Caracal a été développé par Eurocopter pour l’armée de l’air afin de répondre spécifiquement aux besoins opérationnels de la mission Resco. C’est un appareil qui intègre des équipements spéciaux offrant une capacité de navigation et de visualisation de nuit, une auto protection améliorée et une aide à la localisation des personnes au sol. Et, pour mener à bien ses missions, il possède une autonomie accrue par la capacité de ravitaillement en vol. Mais, au-delà de l’aspect technique certes indispensable, la réussite de la mission de Resco revient à ces hommes qui agissent dans l’ombre pour maintenir l’appareil en condition opérationnelle et à ceux qui partent secourir un équipage au péril de leur vie.

Propos recueillis par le sous-lieutenant Héloïse Hablot. source

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