Notre métier, c’est d’être toujours là pour les autres

samedi 26 février 2011

Une journée mouvementée mais presque ordinaire avec l’équipage, très professionnel, de l’hélicoptère de la base lausannoise de la Rega.
Photo © Philippe DumarthereyVous avez sans doute vu un épisode de la série Medicopter. Avec des cascades et des aventures sentimentales. Après avoir passé une journée avec un équipage de la Rega, on vous le dit, cela n’a rien à voir avec la réalité.

Ce samedi matin, il fait encore nuit sur la base de la Rega de Lausanne. Un équipage de trois personnes (un pilote et deux femmes, l’une sauveteur professionnel et l’autre médecin urgentiste) vient de prendre le relais pour une période de 48 heures, 24 heures pour le médecin. Au programme, trois interventions par jour en moyenne (un peu plus en haute saison) dans les cantons de Vaud, de Neuchâtel, de Fribourg et dans le Bas-Valais.

Arrivé à 7 h 30, le pilote de l’Eurocopter EC 145, Laurent Riem, commence par faire un point météo. Puis il se retrouve au petit-déjeuner avec l’équipage médical du jour : Gabrielle Wyss, sauveteur professionnel qui est également infirmière anesthésiste, et le médecin Véronique Falciola, passionnée de montagne.

« De jour, on décolle dans les 5 minutes, la nuit dans un maximum de 30 minutes. Un tiers des missions ont lieu de nuit, dont beaucoup de transferts. » Laurent Riem et son équipe n’auront pas le temps de discuter longtemps.

A bord de l'EC 145 - Photo © Philippe DumarthereyA 8 h 35, c’est l’alarme. En moins de 4 minutes, l’hélicoptère est sorti de son hangar. Sans précipitation. « Chacun sait ce qu’il doit faire. » Avant de décoller, le pilote donne le cadre de la mission : accident de la circulation, 4 blessés, 5 minutes de vol.

L’hélicoptère se dirige vers le carrefour de la Chenalette, entre Valeyres-sous- Rances et Mathod. En arrivant sur la zone, Laurent Riem effectue un virage pour apprécier la situation. « On voit une voiture qui brûle, une autre est défoncée, c’est un gros accident. Je me pose dans le champ. » Il est 8 h 47.

Tout se passe très calmement. L’équipe médicale détermine qui est le plus grièvement blessé. Le pilote prend de son côté toutes les informations (nom, prénom, année de naissance) sur la victime qui sera embarquée. Le médecin pose son diagnostic. « Perte de connaissance, traumatisme crânien. »

9 h 12. L’Eurocopter prend la direction du CHUV en passant à la verticale de la Pontaise avant de se poser sur l’héliport. Il est 9 h 20. Le blessé est rapidement évacué par l’équipage avant d’être pris en charge par les médecins de l’hôpital. « En vingt ans à la Rega, j’ai vu l’évolution, maintenant les voitures se déforment et absorbent les chocs, avant, les corps prenaient tout. »

Photo © Philippe Dumartherey9 h 53. L’hélicoptère redécolle pour un vol de deux minutes jusqu’à la base. Puis c’est l’heure d’un petit briefing. « Cela permet de lâcher du lest, surtout si la situation est lourde. Notre métier, c’est d’être toujours là pour les autres. Comment je suis devenu pilote ? J’étais infirmier. Un jour, j’ai effectué un vol en avion avec un ami médecin. Le lendemain, je m’inscrivais à l’aéro-club. » Pas le temps d’en savoir plus. L’autre actualité du jour, c’est les accidents de ski.

11 h 11. Alarme du côté des Diablerets.

11 h 17. L’hélicoptère décolle. « On va faire une percée de couche à travers le brouillard. » Il faut une extension de la licence de vol pour ce type d’opération.

11 h 32. « Encore deux minutes de vol. Les Mosses, il n’y a plus de neige. Là, il y a un câble. »

11 h 35. Atterrissage au pied du téléski Floriettaz. A quelques mètres, une jeune fille est à terre. Un moniteur explique la situation. « Elle est tombée sur la tête et elle est restée inconsciente une ou deux minutes. » Véronique, le médecin, s’occupe d’elle, lui nettoie le visage, la questionne afin de contrôler son état de conscience.

11 h 54. L’hélicoptère décolle, passe par le travers de Leysin avant de se poser à l’Hôpital d’Aigle. Là encore tout se passe selon une méthode bien rodée. Le pilote s’occupe des formalités d’entrée de la blessée et reçoit une fiche administrative à joindre au dossier.

12 h 23. « On décolle vertical et on dégage sur la gauche. On va retourner dans le brouillard. »

Photo © Philippe Dumartherey12 h 27. « Dans 8 minutes à la base. On survole maintenant la mer des Caraïbes ! »

12 h 36. Atterrissage sans problème à la base. « On va remettre 130 kg de kérosène. » C’est Gabrielle qui s’en charge, Laurent s’occupe encore de la paperasse.

12 h 58. Juste le temps d’avaler une soupe du chalet. Trop court pour discuter des deux missions de la matinée.

13 h 16. Alarme : « Villars, traumatisme crânien. »

13 h 21. Décollage sans problème de visibilité. La centrale d’intervention communique par radio les coordonnées de l’accident.

13 h 34. « On pose dans une minute, je l’ai en visuel. » Un Hollandais, dans la soixantaine, est allongé sur une luge. Gabrielle et Véronique s’occupent de lui et demandent de l’aide pour le glisser sur le brancard de l’hélico. La famille du blessé tente de savoir où il va être évacué. Ce sera Monthey.

13 h 51. « Décollage à gauche, dans 4 minutes sur place. »

13 h 54. Le blessé est très vite débarqué. De son côté, Gabrielle s’occupe de nettoyer tous les appareils qui ont été en contact avec le patient. « C’est aussi ça notre quotidien. »

14 h 15. Entre-temps, le pilote reçoit un nouveau message. Rendez-vous à l’Hôpital de Riaz où stationne une ambulance avec à son bord un homme victime d’un accident vasculaire cérébral.

14 h 20. L’hélicoptère décolle de Monthey. Quelques minutes plus tard, on passe devant la Dent-de-Jaman. « Là, un parapentiste ! »

14 h 35. A Riaz, Véronique, le médecin, s’occupe du patient puis décide, selon la gravité de son état, de l’hôpital vers lequel il sera évacué. Ce sera le CHUV.

Photo © Philippe Dumartherey14 h 49. L’hélicoptère redécolle, « le CHUV dans 10 minutes ».

15 h 32. L’Eurocopter 145 est de retour à la base. « Maintenant commence la partie récréative, il faut compter 20 minutes par mission pour les papiers. » Véronique prend des nouvelles des blessés.

Pour l’équipe, une petite détente s’impose, dans leur chambre, pour décompresser quelques minutes. « C’est ma deuxième maison. On s’est monté un fitness. »

17 h 45. Nouveau message. « Tenez-vous prêts. Vous irez à Rarogne chercher un patient transféré par l’hélicoptère Rega du Tessin. » Finalement, le départ aura lieu à 18 h 45. « On mangera au retour, vers 21 h 30. A moins que l’on doive partir pour une autre mission ! » Philippe Dumartheray source

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