Les hélicoptères ne peuvent pas atterrir à l’hôpital

vendredi 18 février 2011

Depuis plus d’un an, la nouvelle hélistation située sur le toit du plateau technique de l’hôpital de Saint-Quentin fait flop. Les transports sanitaires sont déviés sur une autre plateforme.
Les patients qui nécessitent d'être transportés en hélicoptère n'atterrissent pas directement dans l'enceinte de l'hôpital, mais sur cette plateforme, à proximité de Creatis, la pépinière d'entreprises. La situation pourrait évoluer au printemps -Photo : G.H.A l’hôpital, le plateau technique n’a pas fini de faire parler de lui. Inauguré il y a un peu plus d’un an, et souvent décrié par les syndicats pour son coût de 62 millions d’euros1, son toit n’est toujours pas habilité à accueillir des hélicoptères. L’établissement est donc amené à utiliser une autre plateforme héliportuaire dans l’enceinte des services psychiatriques, à proximité de la pépinière d’entreprise Creatis. Une fois posé, l’hélicoptère doit encore emprunter un véhicule du Samu pour que la personne accidentée arrive enfin aux services d’urgences.

« C’est une absurdité sans nom »
Près d’un kilomètre sépare cette hélisurface2, construite au départ de manière provisoire, et l’hôpital. In fine, c’est le temps de prise en charge du patient qui s’allonge. Et cela a le don d’agacer Nicolas Letellier, le président de l’Association française des hélicoptères sanitaires hospitaliers « Ce dont vous me parlez, c’est une absurdité sans nom. C’est une négation profonde du système. Il y a pourtant une circulaire qui stipule que tous les services d’accueil et d’urgence doivent disposer de leur propre plateforme. »
En cas de non-respect de la circulaire, aucun système d’amende ne serait prévu, selon Nicolas Letellier. Et en ces temps de disette budgétaire, les hôpitaux français sont de toute façon peu enclins à investir dans un équipement qui coûte cher. « Une hélistation sur un bâtiment existant, c’est 1,5 million d’euros, un peu moins, logiquement, lorsqu’il s’agit d’une extension. Les normes sont très contraignantes. »
Mais revenons au cas de l’hôpital de Saint-Quentin. Le système de navette entre l’hélisurface et l’hôpital ne choque pas Ange-Marie Cazé, directrice du service de communication. « Les hélicoptères peuvent atterrir. Nous fonctionnons comme cela depuis quatre ans… Je ne vois pas le problème. A l’époque où l’hélisurface était installée derrière les urgences, il fallait déjà avoir un recours à une navette pour la ramener dans l’enceinte de l’établissement. »
L’hôpital a dû se résoudre à abandonner cette aire à cause de la construction du plateau technique qui allait venir « manger » l’espace. En partie, seulement, car un problème de normes se posait déjà à l’époque, d’où l’aménagement de la plateforme actuelle en attendant que le plateau technique et son hélistation ne voient le jour.

Les hélicoptères feront-ils le printemps ?
Le problème, c’est que l’équipement n’a jamais obtenu l’autorisation de l’aviation civile de Picardie. L’hôpital a eu beau suivre les recommandations de l’administration, comme l’installation d’un escalier de secours, il n’a pas vu venir une nouvelle législation en 2009. Celle-ci impose désormais, autour de l’hélistation, un balisage lumineux vert pour les atterrissages de nuit. « La réglementation est stricte. Pour un équipement de ce type il doit y avoir vingt-quatre balises. Nous nous sommes ensuite aperçus qu’elles ne pouvaient pas être encastrées sur le toit, sous peine de fragiliser la structure. Les architectes n’ont pris aucunes marges », déplore le technicien de l’aviation civile en charge du dossier. « L’hélistation est capable de recevoir un hélicoptère, même en cas d’urgence. Les architectes ont calculé au plus juste, ils n’ont pris aucune marge. »
Une hélistation capable d’accueillir un hélicoptère de trois tonnes, mais qui ne peut pas supporter des travaux d’aménagement mineurs, l’effet comique est garanti. Mais il y a plus drôle. L’autre solution préconisée pour sortir l’hélistation de l’impasse serait d’installer des balises lumineuses hors sol, sans percer de galeries. Mais les nouvelles, les vertes demandées par l’administration, n’existent pas. Et pour cause. « Aucun constructeur ne nous a encore demandé d’agrément. Je ne sais pas pourquoi, c’est un vrai mystère », regrette le technicien.
L’hélistation pourrait tout de même ouvrir au printemps, - hôpital et aviation civile doivent se revoir à la fin du mois - mais dans ce cas, ce serait seulement de jour… Jérôme POINSU source

1 Dans notre parution du 21 janvier, la CGT dénonçait « un équipement qui a surendetté l’hôpital et avec des charges de fonctionnement colossales. »
2 Aire d’atterrissage située au sol.

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