Ce n’est pas une page mais tout un chapitre de l’histoire de l’aéronautique française qui vient de se tourner avec le décès de Jean Boulet, à l’âge de 91 ans. Sixième Français lâché sur hélicoptère aux Etats-Unis à la fin des années quarante, ce pilote d’essais à la carrière exceptionnelle et aux quelques 9000 heures de vol, a en effet contribué à l’émergence d’un savoir-faire unique en matière de voilure tournante.

L’homme a aussi joué un rôle dans la naissance d’une véritable industrie qui en moins d’un demi-siècle allait dépasser le maître américain pour devenir, sous le nom d’Eurocopter, le premier constructeur mondial d’hélicoptères civils, dont le siège est à Marignane.

Polytechnicien de la même promotion que le pilote du Concorde 001 André Turcat, Jean Boulet a "décollé" la plupart des hélicoptères qui allaient faire connaître la capacité d’innovation française en ce domaine, effectuant notamment les premiers vols des légendaires Alouette I, II et III, Frelon, Super Frelon, Gazelle et autre Puma) pour établir à bord de versions de série ou spécialement modifiées pas moins de 17 records internationaux d’altitude, de vitesse et même d’autorotation.

Pilote d’hélicoptère, Jean Boulet était également pilote d’avions de chasse. Il sera d’ailleurs - bien malgré lui ! - le premier français à faire usage d’un siège éjectable pour évacuer son avion en perdition. Officier de la légion d’honneur et médaillé de l’aéronautique, il avait également été désigné "Pilote de l’année" en 1976 par la prestigieuse association américaine des hélicoptères. Philippe Gallini source
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Décès de Jean Boulet, prestigieux pilote d’essais.
Avec la disparition de Jean Boulet, à 91 ans, ce n’est pas une page, mais tout un chapitre de l’histoire de l’aéronautique française qui vient d’être tourné. Pilote d’essais à la carrière exceptionnelle, Jean Boulet a contribué, à l’émergence d’un savoir faire unique en matière de voilures tournantes et mais aussi et surtout à la naissance du géant mondial Eurocopter.
Né le 16 novembre 1920 à Brunoy (Essonne), Jean Boulet avait débuté sa carrière à Polytechnique en 1940 dans la même promotion qu’un certain André Turcat. Breveté de pilote de chasse aux Etats-Unis, il avait ensuite intégré à Marignane la Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud Est qui deviendra Sud-Aviation puis quelques années plus tard l’Aérospatiale, l’un des ancêtres d’Eurocopter.

Pendant près d’un quart de siècle, à la direction des essais en vol, Jean Boulet avait mené à bien plus d’une quinzaine de programmes. Il avait participé à la mise au point du premier hélicoptère à turbine, père de machines légendaires, comme l’Alouette I, l’Alouette II, le Super Frelon ou le Puma.

Avec plus de 9000 heures de vol, on doit aussi, une vingtaine de records internationaux et un titre de gloire, bien involontaire, celui d’avoir été le premier français à faire usage, d’un siège éjectable après la vrille à plat, de son Vampire en 1953.

Jean Boulet avait ainsi battu, le 21 juin 1972, le record d’altitude (12 440 mètres, record toujours invaincu) toutes catégories pour un hélicoptère aux commandes d’un Lama.

Jean Boulet avait également initié les premiers vols d’hélicoptères en haute Montagne. Certains se souviendront du dramatique sauvetage des deux alpinistes, Jean Vincendon et François Henry, en décembre 1956 dans le massif du Mont Blanc.

Officier de la légion d’honneur, de la médaille de l’aéronautique et de nombreuses autres décorations prestigieuses, c’est un homme discret, modeste, qui s’est envolé à tout jamais. La semaine dernière, Jean Boulet, un pionnier des ailes françaises et ils ne sont plus très nombreux, s’est éteint dans l’indifférence quasi générale.

Entretien avec Dominique Orbec, Président de l’Union Française de l’Hélicoptère, ancien vice-président marketing d’Eurocopter.

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