Le pilote d’Air-Glaciers a frôlé la mort

mardi 15 février 2011

En plein vol, l’hélico de Bertrand Raetz, d’Air-Glaciers, a été bombardé avec des blocs de neige. Une attaque qui aurait pu tuer quatre personnes. Le coupable s’est dénoncé.
Bertrand Raetz, père de trois enfants, n'a jamais vécu « ça » en vingt-sept ans de carrière. Samedi, alors qu'il était en vol stationnaire, son Ecureuil B3 a été la cible de blocs de neige jetés par un Bernois - Photo © Sedrik NemethBertrand Raetz, pilote d’Air-Glaciers, n’oubliera pas de sitôt ce 12 février : « J’ai eu la peur de ma vie, je n’ai jamais vécu ça en vingt-sept ans de carrière ! »

Tout commence samedi, vers midi. Pilote émérite, Bertrand Raetz se dirige en direction du Wildhorn (VS), où il doit déposer un guide de haute montagne et son client hollandais. A bord de l’hélico, un Ecureuil B3, se trouve également un assistant de vol. Tandis qu’il approche du sommet de la montagne, le pilote remarque bien deux alpinistes, mais sans s’en inquiéter. Il se place alors en aval, en vol stationnaire, et commence le débarquement de ses deux passagers. Et c’est là qu’il est bombardé par des blocs de neige.

Gros impacts
« J’ai senti un gros impact sur le rotor. J’ai d’abord pensé à une panne hydraulique ou de moteur. Puis il y a eu un deuxième impact, j’ai vu de la neige qui coulait sur le plexiglas et, là, j’ai aperçu un homme en combinaison noire qui me lançait ces blocs », témoigne Bertrand Raetz. La situation devient hautement périlleuse : s’il reste, son hélicoptère peut à tout moment être endommagé, voire pire. S’il repart trop vite, le guide, qui est en train de sortir par la droite, risque de basculer dans le vide.

De la tête, Bertrand Raetz implore l’agresseur de cesser ses tirs. Mais son Écureuil B3 reçoit encore deux blocs de neige. Et de poursuivre : « Le guide venait de finir de mettre ses skis. Il s’est alors tourné vers l’homme en noir et il lui a fait un signe avec les mains. Il y a eu un moment d’hésitation et j’en ai profité pour m’éloigner, pour rentrer le plus vite possible. »

Et c’est après avoir rejoint sa base que le pilote laisse parler ses émotions. Sa colère, en l’occurrence : « J’ai trois gosses ! » Une rage bien compréhensible, sachant qu’il s’en est fallu de très peu pour que tout l’équipage perde la vie. « On va me dire que cet homme ne se rendait pas compte des dangers. Mais c’est exactement comme lorsqu’on jette une pierre sur une voiture d’un pont qui enjambe une autoroute », estime Bruno Bagnoud, patron d’Air-Glaciers. Il a d’ailleurs déposé une plainte pénale, qui pourrait porter sur un homicide involontaire ou mise en danger de la vie d’autrui.

« Un acte très grave »
En effet, le bout d’une pale d’hélicoptère tourne à 750 km/h. Un choc à cette vitesse entraîne des conséquences désastreuses : « Un petit caillou peut tout démonter », commente Bruno Bagnoud. Comme l’explique un expert, de la neige (ou de la glace) jetée ainsi peut non seulement déséquilibrer le rotor mais risque aussi de boucher l’arrivée de la turbine et de provoquer son arrêt. Et si elle touche le rotor de queue, l’hélicoptère peut se mettre à tourner comme une toupie. « C’est un acte très grave », souligne Jean-Marie Bornet, chef information et prévention à la police cantonale valaisanne. « C’est hallucinant, il faut être totalement inconscient pour agir ainsi ! » s’exclame encore ce spécialiste valaisan des hélicoptères. Et comme si ces risques-là ne suffisaient pas, il faut aussi souligner la dangerosité des lieux : « Cette place officielle a un statut comparable à celle d’un aéroport. Mais elle a quasi la taille d’un patin, ce qui ne laisse pas beaucoup de marge », indique un autre pilote valaisan qui connaît bien la géographie du coin.

Dans l’histoire valaisanne, il existe un seul précédent d’agression contre un hélicoptère : en 1961, alors qu’il avait dû sulfater des vignes, le pilote Hermann Geiger avait essuyé des tirs au fusil. Quant aux hélicos de l’armée, ils n’ont jamais connu d’agressions à la glace ou à la neige. « Ce qui est le plus répandu, c’est l’attaque au laser au décollage ou à l’atterrissage, quand quelqu’un vise les yeux avec un rayon », souligne Laurent Savary, chef suppléant de la communication aux forces aériennes.

Un bernois a avoué
Hier, l’inconnu qui a attaqué l’hélicoptère d’Air-Glaciers s’est dénoncé. Il s’agit d’un Bernois de 35 ans. La police transmettra le dossier à la justice valaisanne ainsi qu’à l’Office fédéral de l’aviation civile. Joël Cerutti source

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