Une super caméra contre les incendies

jeudi 7 octobre 2010

La super-caméra de la province Sud a fait ses premières preuves il y a quelques jours, sur un incendie dans la vallée de Thio. Elle a remis ça mardi à l’île des Pins. Un petit bijou de technologie qui vaut son pesant d’or.
La super-caméra de la province Sud a fait ses premières preuves il y a quelques jours sur un incendie dans la région de Boulouparis. Elle était également à pied d'oeuvre sur celui de l'île des Pins. Mais le gros œil coûte cher - Photo Martial DosdaneLa demande de la Sécurité civile a été enregistrée à 11 heures. Deux heures plus tard, l’équipe de la province Sud s’envolait vers le lieu de l’incendie afin de détecter les points les plus chauds susceptibles de faire redémarrer le feu. Sur l’image « classique », une végétation dévastée et deux fumeroles indiquant que le feu couve encore ici et là. A la caméra thermique, le tableau n’est pas du tout le même : des dizaines de points blancs prouvent que les fameux points chauds sont bien plus nombreux que prévu.
« Une fois les points chauds identifiés, l’observateur de la sécurité civile qui avait embarqué avec moi a pu diriger les équipes au sol vers eux en communiquant leurs coordonnées GPS », explique Martial Dosdane, agent de la province Sud en charge de la caméra. D’où gain de temps, efficacité accrue et économies, puisque cette détection ultra-fine évite aux hélicoptères bombardiers d’eau des rotations inutiles.
Cette super-caméra, issue de la technologie militaire, est arrivée sur le territoire en décembre 2009. Quelques mois ont été nécessaires à Martial Dosdane pour se former. Mise en route du matériel, sécurité des vols ont été vus dans un premier temps avant de passer à la prise de vue et l’enregistrement des données thermiques en haute définition. L’agent doit encore se former à l’utilisation de la cartographie embarquée.

Gros plan sur la caméra gyrostabilisée - Photo Martial DosdaneLa caméra gyrostabilisée, et donc insensible aux vibrations, est arrimée à l’avant de l’hélicoptère de la province Sud. Son œil d’aigle lui permet de voir de nuit ou à travers les nuages. Elle peut zoomer sur des kilomètres et détecte même les différentes plantes grâce à leur signature thermique. Bref, une efficacité qui peut servir dans bien des domaines. « On pourra l’utiliser pour la surveillance des zones protégées, pour les baleines, le braconnage, le suivi temporel des repousses après un incendie, les naufrages en mer… », s’enthousiasme Martial Dosdane.
Mais le coût de cette petite merveille technologique reste difficile à avaler pour la nouvelle équipe de la province Sud. «  C’est une super caméra que personnellement, je n’aurais pas achetée, s’agace Yves Lemaistre, directeur de cabinet de la province Sud. L’équipe précédente a satisfait à un caprice qui est cher. Quand je suis arrivé, j’ai tout fait pour arrêter cette opération mais c’était trop tard. Le marché avait été signé juste avant qu’on arrive. C’est surdimensionné pour les besoins de la province. C’est un super outil pour la Nouvelle-Calédonie mais là, c’est la province qui a fait l’avance de fonds pour l’ensemble des collectivités. »
La solution pour rentabiliser l’investissement sera de louer la caméra. « On a des demandes, confirme le directeur de cabinet. Les plus intéressés sont les gens de la Sécurité civile. Le calcul des coûts d’intervention est en cours. On va préparer une délibération d’assemblée de province pour fixer ça. » Et si, pour l’instant, les demandes émanent essentiellement d’autres collectivités, rien n’empêchera les « privés » d’avoir recours au gros œil. « On peut, par exemple, suivre les lignes à haute tension », explique Martial Dosdane en rajoutant : « Avec un encadrement très strict bien entendu ».
Pour rappel, la super-caméra a par ailleurs coûté 4 millions pour la formation et 6 millions d’accessoires. Patricia Calonne source


Une caméra pour éviter le mauvais film
Hier, les responsables de la Sécurité civile ont dit tout le bien qu’ils pensaient de la « ciné-flex ». « Une fois qu’on pense avoir éteint un feu, il suffit d’effectuer une rotation sur la zone avec un hélico équipé de cette caméra en position thermique. On repère les points chauds, là où se concentrent les risques les plus importants de reprise de feu, détaille le commandant Eric Michelis, patron de la Masc (Mission d’appui aux situations de crise). On peut ainsi plus facilement envoyer les hommes au sol, pour agir directement sur ces points. » Souvent, il s’agit de souches. Le travail est alors ingrat : il faut découper la souche qui produit encore des braises, gratter le sol et disperser les cendres au sol puis arroser.
Le traitement immédiat de ces points sensibles entraîne un gain de temps et une économie d’échelle indéniable : une fois acquise la certitude que le feu est complètement éteint, inutile de conserver sur place des équipes d’intervention pour surveiller une éventuelle reprise. « Cela nous est particulièrement agréable de pouvoir annoncer qu’un feu est fini et d’en avoir la certitude », conclut l’officier.


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