L’hélico du Samu a du plomb dans l’aile
samedi 5 juin 2010
La nouvelle fait l’effet d’une bombe dans le milieu médical et plus exactement dans le domaine des urgences hospitalières. Le président (PS) du conseil régional, Claude Gewerc a décidé de mettre l’Etat devant ses responsabilités en refusant de reconduire les conventions relatives au financement des hélicoptères de la Somme et de l’Aisne
En clair, si ladite décision est bien appliquée au 1er janvier 2011, les hélicoptères du Samu 80 et du Samu 02 ne pourront plus compter avec les deniers régionaux, ce qui risque de poser un sérieux souci, plus encore dans l’Aisne, puisque cette mesure ira de pair avec celle déjà décidée par le conseil général qui, pour des raisons de resserrement budgétaires, a lui aussi prévu de retirer ses « billes ».
Frédéric Degrootte, le directeur du Samu de l’Aisne et chef de service du SMUR de Laon ne cache pas son inquiétude. Il répond à nos questions.
Ces décisions de la Région et du Département peuvent-elles marquer un coup d’arrêt au fonctionnement de l’hélico du Samu dans l’Aisne ?
Dr Frédéric DEGROOTTE : « Un coup d’arrêt, peut-être pas. Mais cela va nous obliger à réduire considérablement le nombre d’interventions, ce qui s’apparente à un recul fort dommageable dans le domaine de la santé pour les Axonais. »
A combien estimez-vous la perte financière ?
« Ce sont environ 300 000 euros sur un budget de 1,2 million qui manqueront à l’appel lors du prochain budget, soit environ 1/5e de l’enveloppe. »
Comment pensez-vous pouvoir compenser une telle baisse ?
« Plusieurs solutions se présentent mais pour l’heure, aucune ne peut nous satisfaire. Il faut savoir qu’une partie de notre fonctionnement repose sur la participation des centres hospitaliers du département : Laon, à hauteur de 30 % ; Saint-Quentin et Soissons à 20 % et Chauny, Hirson et Château à 10 %. Il est évident que demander à ces collectivités de fournir un effort plus important ne passera pas comme une lettre à la poste ! Et on peut le comprendre.
Quant à la solution consistant à faire régulièrement appel à la Sécurité civile, c’est au niveau des délais d’intervention que cela posera problème. Imaginons qu’un accident survienne à Soissons, il faudra déclencher l’hélico d’Arras, le médicaliser et ensuite seulement intervenir sur les lieux de l’incident. A de très rares exceptions près, nous aurons plus vite fait d’évacuer le ou les blessés par la route. »
Cela revient à dire que des vies sont en danger…
« On peut le dire effectivement. Car ces coupes claires dans le budget vont nous contraindre à déduire le nombre de rotations qui flirte actuellement avec les 450 par an. Nous devrons donc faire face à des choix très difficiles. Nous avons un peu l’impression d’être pris en otage dans cette histoire et ce sont malheureusement les citoyens qui vont en pâtir. »
Il est donc nécessaire que le Département et la Région reviennent sur leur décision ?
« Je ne peux répondre que par l’affirmative. Il y a des priorités à observer et il me semble que la santé des Axonais doit être l’une des premières. Il y a sûrement des dépenses consenties dans d’autres secteurs qui le sont largement moins. Je n’ai rien contre la culture ou les infrastructures routières, mais il y a peut-être plus important. »
Propos recueillis par Nicolas FOSTIER source