Les bâtisseurs de l’extrême

lundi 23 août 2010

La montagne regorge de constructions particulièrement difficiles d’accès pour les véhicules terrestres. L’hélicoptère prend alors le relais. Rencontre avec un métier où le sang-froid est la première des qualités.
Pendant que l'hélicoptère maintient un vol stationnaire, les mécaniciens au sol changent la benne en béton - Photo DDM, Florent Raoul. Nichés tout au fond de la vallée du haut Salat en face des bâtiments des anciennes mines d’Anglades, trois hommes et une bétonneuse attendent. À première vue, pas de travaux à l’horizon et a priori, l’extraction de tungstène n’est pas prête de reprendre. Soudain un rugissement fend l’air. Déboulant d’une vallée voisine, un hélicoptère lesté d’une benne à béton gagne rapidement l’aplomb du camion toupie et se positionne en vol stationnaire. Le souffle dégagé est puissant mais ne fait pas reculer les hommes au sol. Saisissant la benne vide, ils la décrochent, attrapent l’élingue (le câble relié à l’appareil N.D.L.R.), la relient à une seconde benne remplie de béton. L’instant d’après, cette dernière est déjà loin, emmenée par l’hélicoptère. Le tout n’a duré qu’une quinzaine de secondes et laisse l’impression d’une formidable puissance maîtrisée à tous les instants de la manœuvre. Spectaculaire, ce type de travaux est la spécialité de la société HéliBearn qui vient récemment d’installer une base à l’aérodrome des Pujols. Sur le terrain, le temps de s’approcher, la benne restante est à nouveau pleine.
Marc, le mécanicien au sol explique : « Nous réalisons en ce moment une chape de béton au refuge de Portabere. L’objectif de la matinée est d’y amener 7 m3 de ce matériel. Chaque rotation dure 3 minutes et emmène 1 tonne de béton ». Pas le temps de chômer et de risquer de gripper une mécanique bien huilée. « Mon rôle est de faire les repérages, de sécuriser notre zone de travail, et de ravitailler l’appareil ». Ce dernier consomme 220 litres de kérosène à l’heure et nécessite d’être approvisionné toutes les cinq rotations. « Le pilote, Sylvain Barro a besoin du maximum de puissance et n’emmène donc pas beaucoup de carburant ».
Expert du pilotage, Sylvain Barro ne boude pas son plaisir de travailler en Ariège. « Je suis originaire de Lacourt dans la vallée en contrebas. Cela fait maintenant 20 ans que je pilote et ça me faisait mal au cœur de voir des sociétés venues d’autres régions exécuter ce type de travail ». Désormais, le département pourra compter sur ce professionnel qui compte plus de 2000 heures de vol en levage et sur un tout nouvel appareil acheté par la société à l’occasion de son implantation en Ariège. Mais l’excellence et la rapidité ont un prix. À 23 € la minute, les services d’Heli Bearn restent réservés aux professionnels du secteur.

Le levage, la manœuvre la plus difficile
Parmi toutes les utilisations que propose un hélicoptère, le levage est réputé la plus difficile et donc la plus périlleuse. Sylvain Barro, l’un des pilotes d’HéliBearn témoigne : « Concernant le travail sur le refuge de Portabere, je devais déposer la tonne de béton située dans la benne dans à peu près 5m2 ». Selon le type de charge, les risques peuvent évoluer. « Dans le cas d’objet très volumineux tels que des algecos ou des caravanes, le risque peut-être de voir la masse se faire aspirer par le souffle. Il faut donc travailler avec des câbles plus longs ». Mais parmi tous les paramètres à prendre en compte, la météo reste l’élément essentiel. Le vent n’étant jamais régulier notamment avec l’effet de vallée et le temps pouvant vite changer, l’équipe y apporte donc une attention toute particulière. Xavier Lalu source

Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2012 à 02:20, par Chris En réponse à : Sylain BARRO chez Les bâtisseurs de l’extrême

    Je découvre un peu tard sur ce super site, deux articles relatant de la société Héli-Béarn et d’un de ses pilotes Sylvain BARRO. Le connaissant bien, je voudrais ici rendre un hommage bien mérité à ce garçon qui force l’admiration, galvanisé par son courage et sa détermination, qui a toujours cru en lui-même.

    Nous l’avions connu à l’époque où nous habitions cette charmante petite commune de Haute-Garonne, à la frontière du Tarn et Garonne, tout près de MONTAUBAN.
    Fabienne que nous connaissions déjà, rentrait des Etas-Unis avec son brevet de pilote pro hélico et son privé avion en poche. Elle n’ira malheureusement pas plus loin, coincée par le manque de débouchés offerts à la gente féminine dans ce milieu « macho », dommage ! Elle prendra courageusement une autre voie professionnelle, accompagnera et encouragera sans compter Sylvain tout au long de son parcours. C’est en gravitant autour des hélicos sur l’aérodrome de MURET qu’elle fera sa connaissance, il était alors en formation. Ils finirons quelques années plus tard, après bien des galères, par s’unir officiellement dans le petit village natal de Sylvain : LACOURT en Ariège ; nous y étions tous.

    Depuis le temps où il s’occupait de la commande du treuil dans l’Alouettte 3 du PGHM de CHAMONIX, il se jurait qu’un jour il serait devant en place droite, coûte que coûte, voilà qui est fait !

    De retour dans la vie civile, il plaque son confort, rassemble ses économies et son courage et "met le pied dedans". Son sésame en poche, il gagne la confiance du patron de la toute jeune société de travail aérien : AGUR HELICO. Le boss confie à ce jeune pilote avec très peu d’expérience, sa seule et unique machine à l’époque : l’Alouette 3 F-GUPB. Ce sera là un véritable pied à l’étrier, même si la désillusion pointe le bout de son nez quelques mois plus tard, mais il fallait bien commencer et puis, que de souvenirs ! Je me rappelle de cette fête municipale d’été, où nous avions participé, avec les parents de Fabienne et quelques uns de leurs amis, épaulés par Pierre, Jean-Marie et Jean-Paul, trois pilotes hors pair, à la mise en place de la logistique et de la machine sur le stade pour effectuer un week-end de baptêmes de l’air. Pierre était venu à la rescousse avec son écureuil pour doper le fond de commerce : opération réussie !
    Le dimanche soir, Sylvain avait un peu noirci son carnet de vol et les deux machines posaient toute l’équipe dans la propriété des parents de Fabienne, casse-croûte et rosé frais de Fronton sur la table de la terrasse. De fabuleux moments ! Pilotes avion, nous étions les deux seuls « intrus » à cette soirée. C’est ici que Sylvain nous a baptisé « les paralysés de la voilure » !

    Durant la fin de saison, l’Alouette ne vole que très peu, il faut trouver autre chose. Nous participons au bichonnage de la machine le week-end ; Sylvain et Fabienne démarchent les éventuels clients durant la semaine mais ceci ne suffit pas. Une place de quelques mois du côté de la ROCHELLE lui amène une qualif écureuil. Et puis, l’île de la réunion se profile à l’horizon. En effet, Heli-Lagon donne une chance à notre jeune pilote qui a répondu à une annonce, mais la décision d’un déménagement à deux (plus Nenette, ce très bavard mainate) dans les conditions du moment, ne se prend pas à la légère. Fabienne quitte son job et les voilà partis pour l’aventure ! Levage, TPP-VIP, SAMU et plus tard missions incendie, tels sera le menu au manche d’un écureuil. Sylvain , au côté de pilotes très expérimentés et chevronnés, connaîtra ici le véritable départ de sa carrière ; les pages du carnet de vol tournent à la volée, enfin.

    Nous retournons au pays savoyard à l’été 2005, après 12 ans d’échappée dans le sud-ouest et nous retrouvons Sylvain chez nous pour quelques jours, le temps de passer une ou deux qualifs chez Héli Mont Blanc à ANNEMASSE. Sylvain quitte le « jambon de BAYONNE » et son rotor articulé pour le rotor souple, plus rapide, plus doux, plus puissant, plus précis.

    La réunion c’est bien pour les vacances ou pour les gens qui y sont nés. L’appel des cimes pyrénéennes gagne nos tourtereaux au bout de quelques années et finissent par trouver leur bonheur du côté de PAU. Un malentendu renverra notre "conducteur d’engins" sur l’île lointaine, juste le temps de « recaler les gyros ». De retour en pays gascon, il prend le manche d’un B3 chez Héli Béarn. Jean-Luc a eu raison de miser sur ce cheval !

    Aujourd’hui installés au pied de leurs Pyrénées, la « T4 » s’est stabilisée dans l’arc vert. Le quotidien est plus serein, l’homme peut piloter calmement et avec précision, Théo peut être fier de ses parents.

    Amis pilotes, excités ou paralysés de la voilure, volez prudemment.

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