Sécurité Civile - Alouette 3 : la fin d’un hélicoptère mythique

mercredi 29 avril 2009

L'Alouette 3 de retour de sa mission - Photo © Christophe Gothié
« Quand l’heure de la dernière mission de secours sur Alouette 3 aura sonné, il y en a chez nous qui vont pleurer » ! Tel était, il y a environ deux ans, le commentaire d’un pilote à propos du futur remplacement du mythique hélicoptère de Sud Aviation par l’EC 145, le nouvel appareil de dotation des unités de la Sécurité Civile.

Cette échéance, ce jour que tous les équipages des bases de montagne redoutaient, le voilà : le 2 mai, les secouristes isérois n’embarqueront plus à bord de l’extraordinaire hélico rouge et blanc. Ils n’entendront plus son sifflement métallique caractéristique, ce bourdonnement providentiel que tous les alpinistes en perdition ont entendu monter vers eux aux premières lueurs de l’aube ou dans les ténèbres glacées, un soir où la vie commençait à les abandonner. L’Alouette 3 : 40 000 personnes secourues depuis 1963 par les équipages de la base de Grenoble/le Versoud. 45 années de mission en montagne, mais pas seulement : là où une évacuation rapide était demandée ou lorsqu’il fallait effectuer des recherches aériennes, la voilà qui pointait son rotor...

Un réel lien affectif
Un rotor détrôné par l’EC 145 d’Eurocopter, (initialement appelé BK 117), un bi-turbine infiniment plus moderne, plus puissant, doté d’une capacité d’emport plus importante, d’un treuil plus long et plus rapide. Un appareil choisi par Paris parce qu’il est polyvalent, adapté à l’ensemble des missions de la Sécurité civile sur terre et en mer. L’Alouette 3 aura pourtant tenu le haut de l’affiche pendant près de cinq décennies parce qu’elle était d’une fantastique maniabilité en montagne. « Elle a tout de suite été rentable et efficace », raconte Vincent Saffioti, pilote et chef de la base du Versoud. « C’était le nec plus ultra. Un nec plus ultra qui a duré 50 ans ! En fait, c’est réellement une page aéronautique qui se tourne. C’est aussi un tournant dans la carrière de la plupart d’entre nous ».

L'Alouette 3 en action - Photo © Christophe GothiéGeorges Claudel, lui, n’est ni pilote ni mécanicien. C’est une figure du PGHM de l’Isère. Bien qu’il soit aujourd’hui à la retraite, le départ de l’Alouette 3 est pour lui un déchirement : « Cet appareil a sauvé tant de personnes... Il est sans défaut. Quel dommage de le mettre au rancart. Il faut rendre hommage aux équipages, qui pilotent cet engin comme moi ma mobylette... De 1964 jusqu’à ma retraite, j’ai fait toute ma carrière sur l’Alouette 3. Alors ne me demandez pas si je la regrette ! ». Car au fil des décennies, un réel lien affectif s’est noué entre les équipages, les secouristes (du PGHM et de la CRS des Alpes notamment) et "leurs" Alouette 3.

« On lui faisait une confiance totale »
Cyrille Tintillier, Mécanicien Opérateur de Bord sur Alouette 3Une machine que Cyrille Tintillier, mécanicien à la base du Versoud, pourrait démonter et remonter les yeux fermés. Avec ses camarades pilotes, il a mené des milliers de secours et de treuillages sur cet hélicoptère : « Nous n’aurons jamais le même rapport avec l’EC 145 parce que son entretien est régi principalement par des contacts visuels. L’A3, il fallait en permanence la bichonner pendant une bonne heure par jour, après les missions. L’EC 145, c’est la machine du 21e siècle ; mais l’Alouette 3, on lui faisait une confiance totale, démesurée ! »
On comprend mieux pourquoi, le samedi 2 mai - lors de la journée publique d’adieu à l’Alouette 3 - ils vont tous pleurer sur le tarmac du Versoud, les as de la Sécurité Civile... source

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