Turbulences de sillage d’hélicoptère, un phénomène dangereux

mercredi 4 août 2021

Accident d’un parapente impliquant l’hélicoptère Airbus - EC135 - T2 PLUS immatriculé F-HTIN survenu le 11/05/2019 au Conquet (29)

Rapport d’Enquête cat.2 : rapport de format simplifié, adapté aux circonstances de l’événement et aux enjeux de l’enquête.
L’hélicoptère a été appelé en mission de secours pour prendre en compte une personne blessée sur la plage du Conquet.
Le pilote, expérimenté, avait réalisé de nombreux vols et des approches sur des sites en dehors des aérodromes et il était familier de l’environnement entre Brest et Le Conquet. La mission du jour semblait simple dans son exécution. Lors de la préparation du vol, il a acquis les éléments (météorologie, espaces aériens) qui lui ont permis de prendre la décision de décoller. Il n’a pas reçu d’informations particulières de danger sur le site d’intervention. Dès l’envol, il a suivi une route directe vers la zone de récupération du blessé et a opté pour une aire d’atterrissage sur la plage au plus près de ce dernier.
Du fait de la courte durée du vol, le pilote a choisi une hauteur de vol peu élevée pour lui permettre de rejoindre rapidement le site. Pour cette même raison, le pilote a choisi de faire une approche semi-directe et sous un angle de descente constant qui l’a amené à un début de descente à 2 Nm travers est du site. Cette trajectoire a alors restreint son champ visuel à la plage, masquée par le relief qui la borde, quelques arbres hauts et des maisons.
Le pilote et le TCM ont noté alors la présence de kitesurfs sur la gauche tandis que le pilote poursuivait son approche. Lorsqu’il a passé les derniers reliefs et qu’il s’est présenté en finale, le pilote a vu le parapente, en avant de lui et à sa droite. Le pilote a assigné à chacune des personnes embarquées une tâche pour s’assurer de l’anti‑collision avec les différentes voiles.
L’hélicoptère était à 170 ft au-dessus de plage, le parapente devant lui à environ 300 m à sa droite.
Le choix d’effectuer une approche semi-directe sous un angle constant, sans reconnaissance du site par un passage à la verticale ne laissait au pilote qu’un choix restreint d’évolutions à partir du moment où il a observé les kitesurfs et le parapente.
Deux options se présentaient à lui : remettre les gaz pour se présenter de nouveau sur la plage avec un nouveau plan d’action, ou poursuivre l’approche finale jusqu’au poser. Il a rejeté la remise de gaz, pensant que la turbulence générée par le souffle de l’hélicoptère pouvait perturber le vol du parapente. Il a considéré que le risque pour le parapentiste était moindre à poursuivre l’atterrissage sur l’aire de posé identifiée car il avait le visuel sur ce dernier à droite de l’hélicoptère, légèrement plus bas.
Une arrivée à la verticale, voire sous un angle fort d’approche comme préconisée par le manuel de l’exploitant, aurait vraisemblablement alerté le parapentiste de l’arrivée de l’hélicoptère et des risques associés. Une telle arrivée aurait également laissé la possibilité au pilote de l’hélicoptère de prendre une autre trajectoire pour éviter le rapprochement avec le parapentiste. Le sentiment de maîtrise de la situation par le pilote, lié à son expérience, a vraisemblablement occulté la nécessité de prendre le temps d’analyser les obstacles par une reconnaissance complète de l’aire de poser.
La mise en place vers la plage ne présentait pas de difficultés majeures pour le pilote. Arrivé sur la plage, il a découvert presque brutalement une nouvelle situation avec des difficultés associées. Cette gestion de risques à court terme a placé l’équipage dans une impasse relative avec comme seules sorties la remise de gaz ou la poursuite de la trajectoire jusqu’à l’atterrissage mais dans des conditions défavorables (souffle, espace d’évolution restreint).
Le parapentiste était en vol de pente, il évoluait le long de la plage proche de la falaise en faisant des allers et retours. Il est vraisemblable qu’il n’a perçu l’hélicoptère que lorsqu’il volait vers le sud, l’hélicoptère étant alors à sa droite, plus haut. Bien que des témoins tentaient de l’alerter de la présence de l’hélicoptère, il ne pouvait uniquement le voir que lors de son évolution face au sud. Son champ d’évolution était alors restreint.
Dans cette configuration, le parapentiste ne pouvait ni virer à gauche ce qui l’aurait amené face au relief, légèrement au-dessus et avec du vent arrière, ni virer à droite du fait de la présence de l’hélicoptère. De plus, il est vraisemblable que le parapentiste, qui évoluait à faible hauteur, n’a pas voulu descendre rapidement en fermant sa voile au risque de se blesser. Une descente dans l’idée d’atterrir en vent arrière n’offrait que peu de sécurité.
Par conséquence et dans l’hypothèse où le parapentiste a identifié la présence de l’hélicoptère en trajectoire contraire et a pris en compte le risque associé, il est vraisemblable qu’il a souhaité continuer sur sa trajectoire, cette solution présentant le moindre risque.
L’absence de manœuvre de la part du parapentiste peut également indiquer qu’il n’avait pas conscience du danger que représentait à cet instant la turbulence de sillage qui, compte tenu du vent, allait être rabattue vers la falaise. Source : bea.aero

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