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On l’appelait « L’EMPEREUR »

11 novembre 2021, 16:03, par Jean-Marie GIRAUD

Merci Jean-Marie pour cette sauvegarde de la mémoire de René Delvaux.
Permets moi de compléter ton texte par quelques souvenirs de guerre dont René nous avait fait part :

Engagé comme agent recruteur pour les réseaux gaullistes peu après la capitulation, il fut rapidement dénoncé et arrêté. A cette époque la déportation n’était pas encore organisée et il fut donc utilisé pour déminer des champs de mines. Voyant que ses gardiens se souciaient plus de tirer les lapins que de surveiller leurs prisonniers, il profita du passage d’une charrette de l’autre coté du champs de mine qu’il traversa, au culot, et en courant pour s’enfuir avec la charrette. Vite repris, il fut jeté en forteresse. La cour dans laquelle se situait le promenoir était séparée de l’extérieur par un sas à double porte, mais il remarqua que certains camions longs nécessitaient l’ouverture simultanée des deux portes. Deuxième évasion, mouvementée, puis passage de la ligne de démarcation et engagement, sur ordre de son réseau, dans les troupes de Vichy volontaires pour partir en Grèce, ou il déserte et tente, comme convenu, de passer en Turquie pour rejoindre les alliés. Repris, ramené en France puis envoyé en prison au Maroc. Le jour de sa troisième tentative d’évasion il fut libéré par les troupes américaines fraîchement débarquées. Il s’engage chez de lattre de Tassigny. Embarqué pour la Provence, coulé par un sous-marin, repêché, débarqué à saint Raphaël, prise de Toulon avec les sénégalais, remonte toute la façade est de la France dans un char sheerman. Un jour, en Alsace, il se soulage contre une porte de grange lorsqu’il entend tirer, puis voit les impacts dans la porte qu’il était en train d’arroser. Il se rue vers l’abri de son char qui explose devant lui. La baraka. Dans son nouveau char, il franchit le Rhin en tête d’un convoi et le pont qu’il emprunte est détruit derrière lui. Il reste seul sur la berge Allemande, couvert par les tirs amis sur les positions teutonnes et, attendant que les alliés le rejoignent par un pont de bateau, passe son temps à venir se placer sur les trous d’obus récents car, à bord de son char, un ex prof de math lui assurait que la probabilité pour que deux obus s’abattent au même endroit restait faible.

Ma vieille mémoire a sans doute perdu beaucoup d’autres détails incroyables, mais ce court récit donnera un bon aperçu de l’homme qu’il fut, de son caractère, de son vécu et de l’acier dont il était forgé. C’était un homme adorable, je le considérai comme mon père.
Merci Jean-Marie.

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