Un certain 8 juillet 2006

Publication : 15/07/2006 Auteur(s) : Chouchi

Le soleil se lève, les rayons commencent à traverser mes volets. Après une bonne nuit de sommeil sous mes draps, il est temps de me lever. Il est 8h30, une bonne douche qui réveille, un bon petit déjeuner, et je pars me préparer. Il est 9 heures, je pars faire ronronner la voiture, direction Biarritz Hélicoptères où j’ai rendez-vous à 9h15. Encore une belle journée qui m’attend. Le soleil est au rendez-vous et nous avons aujourd’hui sept baptêmes de l’air, la journée commencera donc à 11h du matin pour la première rotation de vingt minutes : Biarritz, Arnaga, Saint jean de Luz et retour par la côte. Comme chaque samedi, je suis chargée de préparer l’hélico, de m’occuper de toutes les personnes qui viennent pour les baptêmes de l’air, je dois les accueillir, leur faire les consignes de sécurité, les embarquements, débarquements...
Arrivée sur le parking de BTZ Hélicoptères, je me dirige donc vers le hangar, l’hélico est déjà dehors, tiens ! C’est bizarre, pourtant nous sommes bien à l’avance, il est à peine 9h30 et les baptêmes commencent à 11h... Pas grave, Michel a certainement voulu prendre un peu d’avance... Je pars donc voir mon fidèle hélico, je le prépare un peu avant les baptêmes, j’arrange les ceintures, les sièges, j’ouvre les portes, et puis un bon gros câlin avant de débuter la journée s’impose ! Direction le bureau pour la suite, nous allons préparer les différentes rotations en attendant les premiers arrivants, une météo qui prévoit de plus un beau CAVOK* durant toute la journée.
Michel me fait signe de venir l’aider à préparer l’hélico, "Heeuu, je veux bien mais je l’ai déjà fait !" Pas grave ; il a l’air têtu et a l’air d’y tenir... "Bon, si tu insistes..." Arrivés devant mon bel hélico, les paroles qu’il m’adresse me font brusquement tourner la tête tandis que mon cœur, un instant suspend son battement "Allez viens, on va faire ton premier vol en double commande" "Hein ? Quoi ? Mais c’est une blague ou quoi ?" Non, c’est "simplement" mon cadeau pour la réussite de mon baccalauréat de la part de Biarritz Hélicoptères, et le début de mes cours en hélico car ça continue toujours depuis.
Je prends donc place à bord de cet hélico qui m’est tant familier ; et oui, depuis l’âge de 3 ans, je le côtoie et je commence à bien le connaître. Ce que je ressens est indescriptible, entre joie et rire, et avec cette envie de hurler à quel point je suis heureuse... Mais rien n’a encore commencé... Je m’installe, je règle mon siège, je m’attache, tout en ne réalisant pas ce qu’il m’arrive, et en me posant cette question qui me trotte dans la tête sans arrêt "ça y est ? Je vais vraiment piloter l’hélico que je connais depuis que je suis toute petite ? Non c’est un rêve..." Un rêve jusqu’à ce que Michel me demande de mettre la bête en route... Tout se fait lentement, entre rêve et réalité, à ton tour Chouchi, ton rêve se réalise... L’hélico se réveille, les pales bougent, le régime augmente, mon Écureuil vibre, je viens de le réveiller... Après autorisation de la tour, je pose mes mains doucement sur le manche et le collectif, et je pense, tandis que les larmes montent et le sourire brille, et puis, mon Écureuil, je l’arrache du sol, nous translatons sur le H 27, tout se passe bien pour le moment... nous nous alignons, un petit stationnaire avant de partir. Hou là là, ça balance dans tous les sens ! Et puis, manche en avant, main sur le collectif, nous traçons tout le long de la piste en herbe et nous partons, loin de l’ennui, loin des soucis, mais près du paradis, mon BV et moi ne faisons qu’un, je jette un regard vers mon "bleu"** qui, posté fièrement sur sa DZ, veille sur nous.
Nous prenons de l’altitude, nous partons vers la mer, j’ai l’impression que nous sommes les seuls en vol, je me sens si bien, si libre, le rêve que je frôlais devient réalité... BV et moi avons notre âme en commun, nous ne faisons qu’un, avec cette impression d’être les rois du ciel, cette sensation féerique de pleurer de joie en plein vol aux commandes de son Écureuil que moi seule pilotais... Quelques virages, mon BV a envie de se mettre sur le dos tellement il est maniable et sensible ! Nous survolons les plaines, puis la côte, le soleil nous éblouit, pas un seul nuage, juste le chant d’un ange, et le sourire de sa passionnée accompagnée de son pilote adoré... Que demander de plus ? Le paradis existe bel et bien, nous sommes les plus heureux tout là-haut, pourquoi faut-il redescendre ?
Le temps passe, il est temps d’aller se poser avant les premiers baptêmes, je rejoins, vent arrière, la piste 27, puis nous arrivons en finale ; l’atterrissage risque d’être difficile. Je longe la piste puis translate sur le H ; Michel m’aide pour l’atterrissage sur notre fidèle H3, car sinon ça promet ! Nous caressons le sol, nous voilà posés... et moi, revenue du paradis mais pas encore redescendue. Tant d’émotions, tant de choses à raconter... Tout reste indescriptible, dur à retranscrire. Les larmes coulent, la joie est là. Je coupe tout, les pales s’arrêtent, le rêve commence...

* CAVOK : Ceiling and Visibility OK : Terme météorologique pour dire que le plafond est à une hauteur de plus de 1500 m au dessus du terrain, que la visibilité est supérieure à 10km, qu’il n’y a pas de Cumulonimbus et pas de phénomène significatif.
** Chouchi parle de l’AS 350B F-MJCB de la Gendarmerie, son fameux Écureuil JCB. Cet hélicoptère lui tient particulièrement à cœur.

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