Parler de mon ami Michel Anglade est pour moi un réel plaisir. Nous nous connaissons depuis plusieurs décennies et avons partagé de très bons et de mauvais moments. Après quelques années, notre amitié n’a pas faibli et c’est toujours avec joie que nous nous revoyons. Michel a toujours été simple et communicatif, toujours prêt a partager ses connaissances avec tout le monde. Certes il a un goût prononcé pour la coiffure ; un jour il sera blond, les cheveux longs ou même coiffé à la Rasta mais cela ne l’empêche pas d’être sympa.
Né en 1945, il va construire quelques années plus tard un petit hélico qui ne volera jamais. Il va passer par l’ALAT de 1964 à 1979. Il va beaucoup voler sur Alouette 2 et Gazelle et acquérir une solide expérience. Revenu à la vie civile, il va rencontrer Thierry Sabine qui va lui confier les hélicoptères du Paris-Dakar de 1980 à 1992 soit douze compétitions.
En 1983, il devient le Chef Pilote de la société HELIFRANCE. Une petite équipe qui, avec Yves Benzakem et Régine de Chivré va faire du bruit. On trouve Hélifrance partout, dans les opérations de baptême de l’Air dont l’une fut pour 5 000 personnes du troisième âge offert par la mairie de Paris. Bien sûr il y les compétitions, cyclistes, automobiles et autres. Entre autres le Niamey-Bamako, le Raid Blanc, l’Enduro du Touquet etc … Michel va se démener jusqu’au jour où, lors d’un retour du Dakar le 26 janvier 1985, en Mauritanie, son Ecureuil devint impilotable à 200/300 m sol pour une cause jamais élucidée. Seuls rescapés : Marylène et Michel ; les autres sont décédés. Michel va subir 14 opérations en deux ans.
En 1986, il va créer le ROTOR CLUB parrainé par Mireille Darc. Cette Association de 400 membres va former 110 pilotes privés et effectuer 11 000 heures de vol jusqu’en 1991 où l’activité école est arrêtée sur Issy-les-Moulineaux. Michel déménage son activité à IZY et crée une Société Rotor Maintenance.
L’école reprend avec en plus des stages montagne à Megève et l’Alpe d’Huez. Le travail aérien sous toutes ses formes n’est pas exclu de son activité, il organise également des raids en Afrique de l’Ouest du Maroc à la Guinée.
Michel a piloté des grands noms comme le Président Pompidou, le Maréchal Ivanovsky (Commandant en Chef des Armées Soviétiques) et bien d’autres. Parmi ses élèves, il faut citer : Henri Pescarolo, Thierry Sabine, Mireille Darc, Sylvain Augier, Jacky Ickx, Patrick Fourticq, Nicolas Hulot, Rémy Julienne, Michel Polacco… En montagne, il a eu entre autres comme élèves : Ari Vatanen et Lionel Poilane. Pour ma part, Michel m’a fait passer mes qualifications sur Gazelle et Dauphin.
Aujourd’hui, Michel continue dans le monde de l’hélico accompagné par son épouse Patricia qui pilote également. Tout travail aérien lui est confié. Il dispose d’un Jet Ranger, d’une Alouette 2 et de temps à autre d’un EC 130. Son compteur indique plus de 6 000 heures de vol sur avions, plus de 1 000 heures sur ULM et plus de 25 000 heures sur hélicoptères.
Son pire souvenir : en 2000, à la verticale du fleuve Baffing, au Mali, le Jet Ranger accuse une brutale chute de pression d’huile ; autour du fleuve, c’est la brousse. Atterrissage sur un rocher. Michel descend du cockpit et constate les dégâts mais les crocodiles arrivent en masse pour s’intéresser à l’hélicoptère mais surtout à l’équipage et ses deux passagers. Pour corser le tout, un feu de brousse les oblige à se replier à l’intérieur. Heureusement, le vent tourne, les crocodiles s’en vont et Michel peut réparer la fuite. Le soir, il se retrouve à Bamako.
Son meilleur souvenir : c’était à l’époque du pré GPS. Six concurrents du Dakar se sont égarés dans le Ténéré.
Un vent de sable souffle en permanence. Pendant trois jours, il va rechercher les disparus refaisant les pleins de son réservoir en siphonnant l’essence dans les épaves. Exténué, assoiffé, il attend un signe de la providence lui permettant de connaître sa position, c’est alors que surgit de nulle part un Touareg qui lui serre la main et lui tend sa gourde...
Michel Anglade est passé dans l’émission de Nicolas Hulot « Ushuaia » et un livre lui a été consacré « Le Cernicale » écrit par Jean-Louis Sicaud préfacé par Henri Pescarolo aux Editions Le Sémaphore.