Madame le Général

Publication : 14/03/2010 Auteur(s) : Papycoptere

Portrait de Valérie ANDRÉ, première femme Général et pilote d’hélicoptère

Née en 1922 à Strasbourg, elle avait dans sa tête l’idée de devenir aviatrice. Ses idoles de l’époque, à l’âge de dix ans, étaient Hélène Boucher, Maryse Bastié et Maryse Hilsz. Valérie André à Beynes cours de vol a voile, en mai 1945 - Photo DR coll. Valérie André Elle assista au Polygone, aérodrome de Strasbourg, à l’arrivée de cette dernière et ce fut l’éblouissement.
A l’âge de treize ans, son beau-frère lui offre son baptême de l’air sur un Caudron Luciole. A cette époque, les garçons bénéficiaient grâce à « l’Aviation Populaire » d’un stage gratuit pour passer leur brevet de pilote. Les filles étaient exclues de ce système. Été 1939, après avoir réussi la première partie de son bac et disposant d’assez d’argent, elle s’inscrit à aéro-club. Elle va voler sur Potez mais au moment où le lâché devait se faire, son père l’envoie vers d’autres horizons, la guerre étant toute proche. La déception était là.
Malgré le conflit, elle poursuit ses études de médecine qu’elle réussira. Elle se retrouve alors à effectuer des sauts en parachute, car elle a pour mission de surveiller médicalement les garçons qui font leur préparation militaire.
Apprenant non loin de Paris, à Beynes, qu’un aéro-club universitaire s’était créé pour la pratique du vol à voile, elle va s’y inscrire.
Le premier vol en solo de Valérie André en tant que pilote d'hélicoptère le 30 août 1950 (Hiller 360 F-BFPL), dans les installations de formation d'Helicop'Air à Pontoise (95) - Photo DR collection JMPLa guerre d’Indochine arrive, Valérie rejoint l’hôpital de Mytho en Cochinchine puis ce sera Saïgon. Les deux premiers hélicoptères de l’Armée de l’Air viennent pour être présentés. Ce sont des Hiller 360 de 178 cv. Les vols sont effectués par Alan Bristow et Alexis Santini. Les deux premiers pilotes seront Santini et Fumat. Ce dernier, après un accident de la route, sera rapatrié en métropole. Une place est alors disponible et elle dépose sa candidature. Celle-ci est acceptée à son grand étonnement et elle part faire son stage chez Hélicop-Air à Pontoise.
Retour en Indochine le 26 octobre 1950. Santini la prend en mains et ne veut laisser à personne le soin de la lâcher en opération. Elle va participer avec lui à de nombreuses évacuations sanitaires. En dehors de cela, elle va continuer à opérer les blessés dans les différents hôpitaux et antennes chirurgicales.
En vol sur l'UH 23 - Photo collection JMPSon entraînement va continuer à se poursuivre et Valérie commence à s’impatienter. Le 16 mars, son instructeur l’envoie en mission seule à bord sur le camp de Bat Nao où deux blessés sont à ramener. C’est sa première mission. D’autres vont suivre. Le 15 août, des Sikorsky S-51 arrivent puis des UH 23 de 200 cv. Ces derniers sont plus agréables à piloter car, sur le 360, le cyclique se trouve au plafond et piloter avec la main en haut est fatigant. Quant au S-51, il est doté de moteur de 520 cv et il peut emmener quatre blessés.
Valérie André montrant l'impact d'une balle sur la poutre de queue du Hiller 360 T126 - Photo collection JMPLe 14 juillet 1952, Valérie totalisait 189 heures de vol dont 46 heures de vol de guerre N°2, 35 missions et 49 blessés évacués. Elle deviendra par la suite la responsable de la section hélicoptère du Tonkin.
Valérie André aux commandes du Hiller F-BGXL (UH-12B C/N 554) d'Helicop Air à Issy-les-Moulineaux en 1953 - Photo DRAprès un palmarès plus qu’élogieux, elle rentrera en France très fatiguée. Le 5 septembre 1953, elle sera nommée Capitaine Médecin. Son point de chute Brétigny-sur-Orge où se trouve le Centre des Essais en Vol (CEV). Elle y officiera comme médecin et comme pilote. Elle en profitera pour passer ses qualifications sur Morane 733 et sur Nord 1101. Un rôle lui est alors confié : le suivi médico-physiologique des personnels navigants et les questions sanitaires. Elle va effectuer de nombreux convoyages puis elle sera lâchée sur « Djinn ». Les présentations en vol vont également être pour elle.
Voulant aller le plus loin possible, elle passera l’oral pour le concours d’Assistanat. Elle effectuera un stage pour être qualifiée sur Sikorsky S-55/H-19. Écartée de la chirurgie, elle pose sa candidature pour partir en Algérie où les choses ne vont pas très bien. Direction Oran où elle est reçue par le Colonel Félix Brunet qui commande l’Escadre Hélicoptères. Elle sera lâchée sur S-58/H-34 et participera à bon nombre d’héliportages.
Valérie André recevant la première pale d'Or de l'UFH et remise par son neveu André Santini Maire d'Issy-les-Moulineaux - Photo collection JMPDe retour à Brétigny, ce sera sa qualification sur Alouette II, le 20 août 1957. Puis elle retournera en Algérie.
En juin 1959, son carnet de vol présentera 40 h 20 en tant que pilote d’hélicoptères dont 36 h 10 en zone d’insécurité et 29 missions.
Après la fin des hostilités, elle est envoyée à Villacoublay pour en diriger l’infirmerie. Elle aura l’opportunité d’effectuer de nombreux voyages.
Le 29 septembre 1965, elle devient la première femme médecin Lieutenant-colonel ; pour elle, une consécration. Valérie André sur Alouette 3 67-IE Escadron d'hélicoptères 03/067 PARISIS en avril 1976 - Photo DR INALe 1er avril 1976, elle devient la première femme médecin général.
Le 9 avril 1981, elle obtiendra sa 3e étoile.

Certes, ce petit bout de femme a réussi dans tous les domaines médecine ou aéronautique, elle se mariera en 1963 avec Alexis Santini et ils vivront à Issy-les-Moulineaux.
Elle aura connu les plus grands de notre pays que ce soit le Général de Gaulle, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand qui lui Avec Gérard Feldzer au Musée de l'air - Photo © Alexandre Paringauxremettra aux Invalides la plaque de Grand officier dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Aujourd’hui, elle est sollicitée de partout, aux Championnats de France d’hélicoptères à Dax, aux Championnats du Monde à Rouen, aux 50 ans de la Sécurité civile à Nîmes et récemment à l’arrivée de l’Alouette III rouge au Musée de l’Air.

Je ne puis qu’être fier de la connaître et je vous recommande à tous de lire son livre « Madame le Général » aux Editions Perrin.

Vos commentaires

  • Le 26 juin 2010 à 13:10, par Chris En réponse à : Madame le Général

    Comme vous, j’admire Madame le Général Valérie ANDRÉ, votre conseil de lire ce livre est excellent, malheureusement, il est épuisé chez l’éditeur, et je le recherche désespérément...

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    • Le 26 juin 2010 à 14:08, par Chris En réponse à : Madame le Général

      Bonjour Annie,
      Après les bouquinistes, EBay est l’une des autres pistes à prospecter régulièrement pour trouver les ouvrages de Valérie André ; l’année dernière, à la même époque, il était encore possible de trouver "Ici ventilateur" et "Madame le Général". Grâce à cette information, Daniel R. a pu acquérir un de ces ouvrages ; bonne chasse, Annie !
      Chris

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    • Le 24 novembre 2014 à 19:07, par MARTEAU Guy En réponse à : Madame le Général

      j’ai été militaire à la BA de la Réghiaia A cette date, c’était le
      Commandant ANDRE qui était médecin chef. J’ai même été soigné
      (rien de grave) par le Cdt.

      J’ai vu un jour qu’il existait un livre "Général ANDRE" et je vais
      cherché à l’acheter.

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  • Le 1er janvier 2011 à 19:49, par Chris En réponse à : Madame le Général

    Félicitations, Madame ! Vous démontrez aux gens qui ne voudraient pas y croire (je sais, ils sont une minorité) que les femmes peuvent aussi dépasser les hommes, puisqu’elles les égalent tous les jours !
    Toute mon admiration !
    Charles, Cpt Aéro navigant

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  • Le 14 février 2019 à 17:45, par Bonnard Francis En réponse à : Madame le Général

    Bonjour Madame , je devrais dire Madame Le général , puisque j’ai eu l’honneur de vous servir à table au Mess officiers de la BA 107 lorsque vous y étiez Médecin chef , en 1966 et 1967 alors que vous étiez Lt Colonel . Les Commandants de la base qui se sont suivis alors étaient les Colonels Bertin et Christienne devenus ensuite Généraux . Vous n’aurez peut-être plus souvenir de moi , mais , en ce qui me concerne , je conserve de vous et des Commandants de service de la BA que je servais chaque jour , un grand honneur et la satisfaction d’avoir rencontré de vraies personnalités de notre Pays et de de notre armée . Je vous remercie , Madame , Mon Général , d’être la personne que vous êtes . Bien sincèrement Francis Bonnard

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